CHAPITRE THREE (part 2)

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MARINA

- Tu sais que je ne suis pas du matin. Alors, tu as intérêt à m'expliquer ce texto bourré de putains de sous-entendus qui m'a réveillée, me lance Magnolia Marie Maison.

Après que Magnolia a été virée du Sacré-Cœur en seconde parce que sa bourse d'étude lui avait été retirée, ma mère m'avait interdit de continuer à la voir. L'interdiction n'était pas surprenante, car Magnolia avait été surprise en train de faire une pipe à notre prof d'histoire dans le placard des fournitures. Monsieur Sumpter avait disparu, mais Magnolia, elle, s'était dit qu'elle avait trouvé sa vocation.

Maman a essayé de l'effacer de ma vie, mais l'amitié, ça ne marche pas comme ça, du moins pas pour moi. C'est Magnolia qui avait flanqué une raclée à Jill Barnard quand elle s'était moquée de ma coupe garçonne en quatrième, ce qui lui avait déjà valu une suspension. C'est elle qui m'avait montré comment mettre mon premier tampon. Qui m'avait emmenée à l'hôpital pour avoir la pilule après qu'un élève d'une boîte privée m'avait invitée à la fête de sa promo, parce qu'elle m'avait juré qu'elle ne me laisserait pas faire de bêtises.

Magnolia est la grande sœur que je n'ai jamais eue. Celle qui prenait soin de moi et s'assurait qu'il ne m'arrivait rien de mal. Je lui suis profondément loyale, et je pense que la façon dont elle gagne sa vie ne regarde personne d'autre qu'elle.

- Mags, j'ai un problème.

- Quoi, tu t'es fait draguer par un autre restaurateur qui accepte d'aider Seven Sinners si tu acceptes de dîner en tête à tête avec lui pour en parler?

C'est tout juste si je ne la vois pas écarquiller les yeux à travers le téléphone. C'est comme ça que se sont déroulées mes relations masculines depuis la mort de Brett, et elle le sait pertinemment.

Je rentre dans mon bureau et ferme la porte derrière moi avant de poursuivre.

- Lachlan Mount. Il est venu ici.

En prononçant son nom, j'en ai encore la chair de poule et je sens à nouveau le parfum entêtant qu'il a laissé derrière lui. Il faudra sans doute que j'aère mon bureau pour m'en débarrasser.

Magnolia baisse la voix.

- Qu'est-ce que tu dis, bordel?

- Lach...

- Tais-toi, putain, ne répète pas de nom!

Ça me coupe le sifflet.

- Ce n'est pas le genre de type dont tu souhaites qu'il connaisse ton existence. Et on ne peut pas parler de ça au téléphone. Je vais me lever. Et m'habiller. Merde!

Sa réaction confirme tout ce que je pensais. La situation n'est pas mauvaise. Elle est catastrophique.

- Je fais quoi?

Je déteste entendre ma peur faire trembler ma voix.

- Tu radines tes fesses chez moi et tu me racontes exactement tout ce qui s'est passé. Apporte une bouteille de ton whiskey, on va en avoir besoin.

- J'ai des rendez-vous toute la journée...

- Ts-ts-ts, ton emploi du temps vient tout juste, comme par miracle, de se libérer. Ramène ton cul.

LE ROI SANS PITIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant