Alan et Page se retrouvèrent face à un dilemme : tourner à droite ou à gauche.
« Où est-ce qu'on va maintenant ? » demanda Alan, une pointe d'appréhension perçant dans sa voix alors qu'il attendait la réponse de Page.
« Le meilleur moyen pour trouver la sortie, c'est de se séparer... »
Alan fronça les sourcils.
« Mais comment veux-tu qu'on se retrouve ensuite ? Et si ça se trouve, les deux chemins ne mènent nulle part. »
Page haussa les épaules, feignant une assurance qu'elle ne possédait visiblement pas.
« Si l'un de nous trouve la sortie, il suffit de trouver un moyen pour faire sortir l'autre », affirma-t-elle, peu convaincue par ses propres paroles.
Alan soupira profondément.
« Donc, en gros, t'as pas de plan, c'est ça ? »
« J'aurais pas utilisé ces mots, mais tu as globalement raison... »
Un silence lourd s'installa. Alan n'était pas sûr que se séparer fût la meilleure idée, mais que pouvaient-ils faire d'autre ? « Bon... et bien si c'est notre seule chance, j'imagine qu'on doit se séparer. Tu vas à droite ou à gauche ? »
Page esquissa un sourire léger, presque forcé.
« Gauche, ça me porte chance », affirma-t-elle avant de commencer à courir vers le couloir de gauche sans attendre de réponse.
Alan la regarda partir avec un mélange d'agacement et d'inquiétude.
« Génial... » murmura-t-il. Le voilà seul. Il n'avait pas réellement peur d'être seul. Non, sa véritable crainte résidait dans le fait de ne pas être seul. Qui sait sur qui ou sur quoi il allait tomber en empruntant ce chemin sombre et isolé ? Malgré tout, il était confiant en Page. Elle trouverait un moyen de le sortir de là si quelque chose tournait mal, n'est-ce pas ?
Il prit une grande inspiration pour calmer les battements désordonnés de son cœur. S'il voulait avancer, il devait rester concentré.
Allez, respire, et cours...
Il se lança dans le couloir à une allure mesurée, préférant conserver son énergie. Pourtant, au bout de quelques minutes, un détail attira son attention : il n'y avait plus aucune pile de robots défectueux. Les murs immaculés s'étendaient à perte de vue, uniquement éclairés par des néons rouges suspendus au plafond.
Le couloir paraissait interminable. C'est comme un cauchemar sans fin... Songea-t-il.
Soudain, au détour d'un virage, il aperçut une porte. Ce n'était pas tant la porte qui attira son attention, mais les sons étouffés et perçants qui en émanaient, ainsi que la fumée qui s'échappait sous la base de celle-ci. Une odeur de métal et de chair en décomposition flotta dans l'air.
Alan scruta les environs, assuré qu'il était seul. La tentation de découvrir ce qu'il se passait de l'autre côté était forte. Je devrais juste continuer... Pensa-t-il. Trouver une issue... Mais qu'est-ce que ça peut bien être ? Il hésita, luttant contre l'appel de sa curiosité grandissante.
Finalement, incapable de résister, il s'avança à pas feutrés et colla son oreille contre la porte. Aucun son de voix humaines ne parvenait jusqu'à lui, mais il entendait distinctement des bruits sourds, comme de la chair broyée, ou peut-être des os écrasés sous une force mécanique. Il frissonna.
Il appuya doucement sur la poignée. La porte s'ouvrit dans un léger grincement, mais il veilla à la pousser le plus lentement possible. Le spectacle qui s'offrit à lui le laissa sans voix.
La salle était plongée dans une obscurité presque totale, à l'exception d'un halo lumineux provenant du centre de la pièce. Là, d'immenses cuves remplies d'un liquide rouge trônaient, reliées à une multitude de câbles et de machines qui émettaient des sons inquiétants.
Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? Songea-t-il une nouvelle fois, happé par la curiosité.
Les cuves, hautes de trois mètres, étaient remplies de créatures humanoïdes. Alan resta paralysé. Ces êtres, s'ils pouvaient être qualifiés d'êtres, étaient un cauchemar incarné. Leurs proportions étaient grotesques, leurs membres mal placés, certains reliés uniquement par des fils presque invisibles. L'un d'eux avait un cerveau flottant, déconnecté du reste de son corps, comme s'il vivait sa propre existence dans le fluide.
Alan réprima un haut-le-cœur. C'est une abomination... Pensa-t-il. Il n'y avait rien de vivant, rien d'humain dans ces créatures. Aucune trace d'yeux, mais une bouche... Une bouche figée dans une expression d'horreur éternelle.
Il approcha sa main de la cuve, fasciné et terrifié à la fois. Il était sur le point de toucher la surface froide du verre lorsqu'un bruit soudain lui glaça le sang. Des pas. Des pas qui se rapprochaient rapidement.
Sortant de l'ombre, un androïde de petite taille apparut. Sa démarche était chancelante, il semblait boiter légèrement. D'une apparence juvénile, il n'inspirait pas la crainte. Sa peau entièrement métallique brillait faiblement sous la lumière des néons rouges.
Alan se figea, prêt à fuir, mais quelque chose le retint. Il ne semble pas menaçant...
Le robot se rapprocha, à moins de quatre mètres d'Alan, et déclara d'une voix mécanique :
« Vous n'avez pas le droit d'être là ! Vous n'avez pas le droit d'être là ! »
Il répétait la phrase comme un disque rayé. Il s'approcha davantage et agrippa le bras d'Alan. Ce dernier ne bougea pas.
Qu'est-ce qu'il va faire ? Rien... Il n'est qu'un échec...
D'un mouvement brusque, Alan repoussa le robot. Celui-ci tomba au sol avec un bruit sourd, aussi facilement qu'une feuille morte emportée par le vent.
Alan ressentit une satisfaction malsaine. Pour une fois... c'est moi qui contrôle la situation.
« Où sommes-nous ? Et qu'est-ce que c'est que ces cuves ? » demanda-t-il d'une voix tranchante.
Le robot, toujours au sol, ne répondit que par sa rengaine :
« Vous n'avez pas le droit d'être là ! Vous n'avez pas le droit d'être là ! Professeur ! Professeur ! Un intrus ! »
Alan écarquilla les yeux. Professeur ?
Comprenant que l'androïde voulait alerter quelqu'un, Alan se précipita pour se cacher derrière une pile de débris métalliques. Il n'avait aucune envie de rencontrer ce « professeur ». Pendant ce temps, le robot se frappait le crâne contre le sol, créant un vacarme qui résonnait dans toute la pièce.
C'est alors qu'une silhouette apparut à l'entrée de la salle. L'individu, vêtu d'une combinaison noire et portant un masque respiratoire, s'avança calmement. Son visage était entièrement caché, et ses mouvements étaient mesurés.
« Ne t'inquiète pas », dit-il en relevant le robot avec précaution. « Le plus important, c'est que tu te rétablisses. S'il y a quelqu'un dans cette pièce, il ne pourra pas sortir sain et sauf du niveau zéro... »
La voix, modifiée par le masque, résonnait froidement dans l'air lourd. Il tourna lentement la tête en direction de la cachette d'Alan.
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❂ Le Cycle de l'Unité ❂
Fiksi IlmiahAlan, Markus et Evelyn : trois destins distincts, trois perspectives uniques, mais un seul oppresseur - l'Unité. Sauvés par les survivants de l'Humanité après le Désastre, ils émergent enfin. Si le secret du Désastre reste gardé, il est de notoriété...