Chapitre XXVI - Pour ton Bien

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ALAN

Alan s'efforçait de retenir sa respiration devant la présence de l'homme, chaque souffle devenant un défi. Il était dissimulé dans l'obscurité derrière un enchevêtrement de câbles, ses mains tremblantes serrées contre ses genoux. L'individu referma doucement la porte qu'Alan avait laissée entrouverte. Le grincement du métal semblait résonner plus fort que le silence oppressant de la pièce. L'homme s'éloigna, emportant dans ses bras l'androïde désormais muet.

Il reviendra, songea Alan. C'est juste une question de temps... Je dois bouger. Maintenant.

Le silence reprit ses droits, mais l'atmosphère n'en était que plus lourde. Alan attendit, immobile, guettant le moindre son. Mais rien ne venait. Plus aucun bruit, plus aucun mouvement. Était-ce le bon moment pour agir ?

Il se redressa lentement, le corps tendu, prêt à courir vers la porte. Il hésita. Non, trop risqué. Pourtant, il n'avait plus d'autre choix. Ses jambes frémirent d'une impulsion nerveuse, et il se précipita enfin vers la porte par laquelle il était entré. Sa main agrippa la poignée avec force. Allez, ouvre-toi... Il tourna une première fois. Rien. Une deuxième fois, plus fort. Toujours rien. Non, non, non... Réfléchit-t-il. Ne fais pas ça... Pas maintenant...

La porte était verrouillée.

Il faut que je trouve une autre issue. Vite !

Son regard fouilla la pièce, cherchant désespérément une alternative. La seule autre sortie se trouvait derrière lui, là où l'homme en combinaison s'était éloigné. Les minutes filaient. Alan frôla les câbles entremêlés, tentant de se faire aussi silencieux que possible. Son souffle s'accélérait, et il devait se concentrer pour ne pas faire de bruit.

La pièce n'était pas aussi vaste qu'il l'avait imaginée. Devant lui, cinq cuves occupaient le centre de la salle. Des câbles, encore des câbles, et une autre porte. Mais celle-ci aussi était verrouillée, nécessitant un scanner pour l'ouvrir. Il tira de toutes ses forces, en vain.

Soudain, des voix parvinrent à ses oreilles à travers la porte. Elles se rapprochaient.

Non, non, non... Pas maintenant... Pas encore.

La panique s'installait. Son cœur battait à tout rompre, martelant dans sa poitrine comme une alarme. Il jeta un regard rapide autour de lui. Aucune cachette. Pas une seule. Je vais devoir me battre, songea Alan.

Les bruits de pas se rapprochaient. Alan inspira profondément. Trois coups secs résonnèrent tandis qu'il frappait une des machines, brisant l'une de ses parois métalliques. Une barre de fer tomba lourdement au sol, et il s'en empara sans hésiter. Il se plaça à côté de la porte, prêt à frapper. L'obscurité l'enveloppait, seuls ses yeux s'illuminaient de détermination.

D'un coup, les machines de la pièce s'arrêtèrent. Plus de bruit. Le silence était assourdissant. Seule sa respiration haletante résonnait dans la pièce, rythmée par l'attente insoutenable.

Il entendit à nouveau les voix. Plus distinctes, cette fois-ci.

« Concentre-toi, il est sûrement encore dans la salle. »

Ils me cherchent... Ils savent.

La porte s'ouvrit avec lenteur, comme si l'instant était suspendu. Alan serra la barre de métal entre ses doigts, sentant le métal froid contre sa peau moite. Le premier homme entra, jetant un regard rapide à droite puis à gauche.

Maintenant !

Sans réfléchir, Alan frappa à la tête, de toutes ses forces. Le choc résonna, et l'homme recula d'un mètre, son casque roulant au sol, mais il resta debout. « Salaud ! », hurla-t-il, titubant. Alan n'eut pas le temps de réagir qu'un second garde lui attrapa le poignet. Il réussit à le frapper au bras, se libérant de sa poigne, mais l'homme ne tarda pas à répliquer.

Alan fut bousculé avec violence, chutant sur le sol, la barre de fer lui échappant des mains. Il rampa désespérément, mais l'un des gardes l'immobilisa en appuyant sur son bras. Une douleur fulgurante traversa son corps, et un cri de douleur lui échappa.

La barre fut envoyée plus loin d'un coup de pied, et avant qu'il n'ait pu réagir, Alan fut soulevé par le col. Le coup de tête qui suivit le fit basculer dans un flou sanguinolent. Son nez éclata, un flot de sang jaillissant sur son visage. Le monde tournait autour de lui, ses forces le quittaient.

« Avance ! » gronda l'homme sans casque, en lui passant les menottes. Alan, titubant, tenta de suivre les ordres, mais ses jambes étaient molles. Son esprit vagabondait entre douleur et confusion. Je ne vais pas m'en sortir... Pensa-t-il.

Le couloir qui s'étendait devant eux semblait sans fin. Des néons rouges illuminaient faiblement le chemin. Chaque pas d'Alan était traîné, ses pieds glissant sur le sol. Une rage sourde monta en lui. Il leva les yeux vers l'homme devant lui, celui à qui il avait craché dessus plus tôt. Il renouvela son geste avec dédain, envoyant une salive mêlée de sang.

Le garde s'arrêta net, furieux. Il le plaqua violemment contre le mur, tordant son bras déjà meurtri. « Mec, arrête ça tout de suite, on fait ça pour ton bien, alors respecte-nous. »

Alan ne comprenait pas. Pour mon bien ?!

Il sentit la pression sur son bras augmenter, la douleur éclipsant le reste. L'autre garde communiquait via sa radio.

— Professeur, on a attrapé l'intrus dans votre laboratoire. Où est-ce qu'on l'emmène ?

La voix à l'autre bout était celle de l'homme qu'Alan avait vu plus tôt, froide et calculatrice.

« Exceptionnellement, emmenez-le à mon bureau. Il n'a pas besoin d'être emmené au Quartier Noir... bien qu'il serait mort de mes mains après ce qu'il a fait à Aurum Junior... »

Je suis fichu...

Les mots tournaient en boucle dans sa tête. Il n'était plus qu'un pantin aux mains de ces gardes. Et pourtant, une pensée subsistait dans son esprit embrumé.

Page. Est-elle en sécurité ?

C'était la seule chose qui l'inquiétait encore. Le reste n'avait plus d'importance. Il était inutile. Juste une marionnette dans ce jeu cruel.

Finalement, ils atteignirent une porte imposante. Un coup retentit contre le bois. Quelques instants passèrent avant que la porte ne s'entrouvre. Une silhouette, assise dans un fauteuil, leur tournait le dos.

Tout ici respirait une élégance d'un autre temps. Le bois noble, les tableaux accrochés aux murs, le piano à queue dans un coin de la salle... mais ce n'était pas cela qui troubla Alan.

Non, c'était ce visage familier parmi les deux autres individus présents dans la pièce.

Page.

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