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Pdv H.S
Les deux semaines s’écoulent terriblement lentement. Chaque jour est une épreuve, et je le ressens. Je vois Louis changer, devenir plus silencieux, plus introspectif. Il passe de longues minutes à se regarder dans le miroir, à poser ses mains sur son ventre même si rien n’est encore visible. Moi, je suis là, toujours près de lui, mais je ne veux pas le brusquer. Je lui demande souvent si ça va, s'il a besoin de quelque chose, mais à chaque fois il me répond calmement que non, qu’il gère.
Je n'ose pas lui demander s'il a changé d'avis. Je ne veux pas mettre de pression sur lui. Il a fait un choix, et je me dois de le respecter. De plus, il n’a encore rien dit à nos amis, ce qui me pousse à croire qu'il est toujours décidé à avorter. C’est comme s'il voulait garder cette décision pour lui, ne pas en parler, ne pas en faire un fardeau pour les autres.
Mais un soir, tout bascule.
Nous sommes chez ses parents, assis autour de la table pour le dîner. Tout se déroule normalement, dans une ambiance chaleureuse, jusqu'à ce que Louis, sans prévenir, pose brusquement ses couverts sur la table. Le bruit résonne comme un coup de tonnerre, et d’un coup, toute l’attention se tourne vers lui. Ses parents et moi nous figeons, surpris par son geste.
Il recule sa chaise et, d'une voix presque tremblante, il déclare :
« Je n’avorterai pas. »
Je reste figé, ma fourchette à quelques centimètres de ma bouche, incapable de réagir. Ses parents sont tout aussi surpris que moi, les yeux écarquillés. Sa mère, toujours douce, s'approche un peu plus, l'inquiétude visible dans son regard.
« Louis… tu es sûr ? » demande-t-elle doucement. « C'est vraiment ce que tu veux ? »
Louis hoche la tête, l'air résolu.
« Oui, je suis sûr. »
Je repose lentement ma fourchette, les battements de mon cœur s'accélérant. Il y a une tension dans l’air, une de celles qui fait comprendre que tout change. Je pose une main sur son épaule pour lui offrir un peu de soutien, cherchant aussi des réponses dans ses yeux.
« Il y a trois jours, » commence Louis, sa voix devenant plus posée, « mon Alpha m'a montré des images dans ma tête. Des images du fœtus. C’est juste une pauvre petite molécule encore non construite… »
Il laisse échapper un petit rire nerveux.
« Mais pourtant, dès que je l’ai vue… j’ai senti le besoin de la voir grandir. »
Ces mots, dits avec une sincérité propre à Louis, m’émeuvent au plus profond de moi. Ses parents, eux aussi, sont touchés par cette déclaration. Sa mère sourit tendrement tandis que son père, d'un geste bienveillant, tapote la tête de Louis.
Je prends une grande inspiration, essayant de digérer cette nouvelle.
« Tu es sûr de toi ? » je lui demande doucement. « Et par rapport aux études… ta vie que tu voulais retrouver ? »
