Chapitre 9 : Le Cadeau Caché de Mon Cœur

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Le hall de l'école était baigné par la lumière pâle d'un début d'automne, cette saison où tout semble doucement ralentir. Assis là, comme à son habitude, il paraissait plongé dans son ordinateur, absorbé par une tâche invisible à mes yeux. Et pourtant, même sans un mot, sa présence suffisait à remplir l'espace autour de lui. Chaque regard, chaque mouvement, semblait avoir un poids que je ne pouvais ignorer.

Nos chemins ne cessaient de se croiser, comme un fil invisible qui nous liait sans que je ne m'en rende compte. Parfois, c'était le fruit du hasard, d'autres fois, cela ressemblait à une sorte de destin silencieux. Le matin, entre deux cours, à la pause déjeuner... Il était là, toujours là. Et même quand il ne l'était pas, son absence devenait une présence en elle-même. C'était comme si mon regard le cherchait sans que je m'en aperçoive, comme si ma journée n'était complète que lorsqu'il apparaissait au détour d'un couloir.

Sa simple présence avait pris racine dans mon quotidien, se glissant dans chaque interstice de mes pensées, transformant la banalité en quelque chose de plus profond. Ce qui n'était qu'une habitude était devenu une attente, puis une motivation douce mais irrépressible. J'avais fini par me lever chaque matin avec cette lueur d'espoir inavouée, ce frisson d'excitation à l'idée de le croiser, ne serait-ce que pour un instant. C'était plus fort que moi. Une routine qui, subtilement, s'était métamorphosée en un besoin, un souffle vital. Comme s'il était l'étincelle qui illuminait mes journées grises.

Et pourtant, il y avait ce nom que je prononçais systématiquement en sa présence : Ryan. Comme un bouclier que je brandissais pour protéger ce que je ne voulais surtout pas avouer. Ryan, ce garçon que j'évoquais avec une aisance trompeuse, presque mécanique. Chaque fois que je parlais de lui, c'était comme si ces mots devenaient une diversion, une tentative maladroite de masquer la vérité. Dire « je l'aime » à propos de Ryan m'offrait une certaine sécurité. Cela éloignait les soupçons, détournait les regards. Mais au fond, à chaque fois que je prononçais ce prénom, c'était à un autre que mon cœur pensait en silence.

Quand je décrivais combien Ryan était « beau à mes yeux », c'était bien plus qu'une simple admiration. C'était un miroir. Un reflet de mes véritables sentiments, mais projeté sur la mauvaise personne. Comme si en parlant de lui, je tentais de donner forme à ce que je ressentais pour quelqu'un d'autre. Parce que c'était plus simple ainsi. Moins effrayant. Moins risqué de feindre aimer un autre, que d'admettre que celui qui occupait réellement mes pensées se trouvait là, juste devant moi.

Mais cette façade, aussi solide soit-elle, commençait à se fissurer, lentement, imperceptiblement. À chaque nouvelle rencontre, à chaque regard échangé, il devenait de plus en plus difficile de dissimuler ce que je ressentais vraiment. Les mots, qui autrefois suffisaient à me protéger, ne pouvaient plus cacher l'évidence. Ils glissaient, perdaient leur sens, incapables de contenir ce qui grandissait en moi.

Chaque fois que je mentionnais Ryan, le poids de mon mensonge me pesait un peu plus. Mon cœur battait pour quelqu'un d'autre, et cette vérité, que j'avais si longtemps repoussée, refusait désormais de rester dans l'ombre. Je le sentais dans ma voix qui tremblait, dans mes sourires qui s'effaçaient trop vite, dans mon regard qui cherchait malgré moi celui que je fuyais. La barrière que j'avais érigée pour me protéger ne tenait plus, et je savais qu'à un moment ou un autre, elle finirait par céder complètement.

Ce jour-là, la conversation avait commencé comme toutes les autres, ordinaire et sans prétention. Nous parlions des cours, de cette matière qui nous semblait interminable, et des prochains examens qui approchaient à grands pas. Lui, concentré sur son écran, tapotait distraitement, tandis que je feignais de suivre la conversation, bien que mon esprit soit ailleurs, perdu entre mes pensées et la lueur de son sourire.

Un seul regard peut métamorphoser un cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant