Giselle, le cœur battant la chamade, observait Anna-Louise qui traversait la salle pour aller se rafraîchir. C'était l'occasion qu'elle attendait. La simplicité et la grâce naturelle de cette fille lui donnaient envie de hurler. Comment une femme aussi discrète pouvait-elle captiver Milo ? Ce soir, c'était son moment à elle, pas celui d'une petite provinciale venue voler la vedette. L'idée germa rapidement dans son esprit : il fallait faire quelque chose, quelque chose qui ridiculiserait Anna-Louise devant tous.Alors qu'Anna-Louise passait près d'une table ornée de nappes en dentelle et de bouquets de fleurs tropicales, Giselle fit signe discrètement à une domestique, à qui elle glissa quelques mots rapides et une liasse de billets. La domestique, perplexe mais tentée par la somme, hocha la tête, et Giselle lui désigna Anna-Louise d'un geste furtif.
Quelques secondes plus tard, alors qu'Anna-Louise s'éloignait dans les couloirs menant au petit salon pour se rafraîchir, la domestique fit mine de trébucher en portant un plateau rempli de boissons colorées, sans doute préparées pour d'autres invités. Le liquide éclaboussa soudainement Anna-Louise, tachant irrémédiablement le tissu délicat de sa robe.
Anna-Louise s'arrêta, stupéfaite, sentant la fraîcheur inattendue du liquide sur son épaule et sa taille. Elle baissa les yeux vers sa robe, maintenant tachée de plusieurs nuances de rouge et d'orange. Elle sentit ses joues s'empourprer, embarrassée par cette soudaine malchance.
- Oh ! Je suis désolée, mademoiselle, vraiment désolée ! s'écria la domestique en feignant un air désespéré. Elle agita frénétiquement un chiffon, tentant d'éponger le liquide, mais cela n'avait pour effet que d'étaler les taches. Je... je vais essayer de réparer ça...
Mais déjà, Giselle, qui avait tout observé depuis l'autre bout de la salle, s'approcha avec un sourire narquois. Elle feignit la compassion, mais son regard brillait de satisfaction mal dissimulée.
- Oh, ma pauvre, quelle horreur ! dit-elle, exagérant son inquiétude. Cette robe était si simple, mais elle t'allais bien... C'est vraiment dommage qu'elle soit ruinée maintenant. Elle marqua une pause avant de laisser échapper une fausse moue compatissante. Il faut vraiment être prudente dans ce genre de soirées, on ne sait jamais ce qui peut arriver...
Anna-Louise, encore sous le choc, essaya de ne pas prêter attention aux remarques venimeuses de Giselle. Elle inspira profondément, cherchant à garder son calme.
- Ce n'est rien, murmura-t-elle en serrant les dents, tentant de minimiser l'incident. Ce sont des choses qui arrivent.
Mais Giselle n'en avait pas fini. Tandis qu'Anna-Louise tentait de contourner la situation et de s'éloigner rapidement, Giselle fit un geste subtil du pied, suffisant pour faire trébucher légèrement Anna-Louise sur le coin de sa robe déjà tâchée. Il y eut un craquement net alors que le tissu fragile se déchirait sous la pression.
Les invités proches se retournèrent, leurs regards passant de la robe déchirée d'Anna-Louise à Giselle, qui affichait un air de satisfaction à peine dissimulé.
Anna-Louise, complètement abasourdie, regarda la déchirure sur sa robe. Ce n'était pas catastrophique, mais assez visible pour qu'elle se sente humiliée. Une vague d'émotions la submergea : l'humiliation, la colère, et surtout l'incompréhension. Elle savait que quelque chose de plus sinistre se cachait derrière cet enchaînement d'événements.
Giselle, se penchant légèrement vers elle, murmura doucement, juste assez fort pour qu'Anna-Louise l'entende : On dirait que ce bal n'est pas vraiment fait pour toi. Peut-être que tu devrais rentrer chez toi... avant que les choses n'empirent.
Anna-Louise la regarda, choquée par la cruauté de ces paroles. Mais avant qu'elle ne puisse réagir, Marie-Anne arriva en trombe, ayant remarqué l'agitation.
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Le retour des beaux jours
Historical FictionAnnée 1950 Anna-Louise est de retour en Haïti, son pays natal après avoir voyager un peu partout dans l'Europe durant quatre ans. Elle vient d'une famille riche qui habite le grand nord plus précisément au Cap-Haïtien. La jeune femme rêve de liberté...