MYSTERIOUS STRANGER

Chapitre II

Malik

21h40

Je ramasse enfin le chiffon tombé depuis deux longues minutes, je regarde, les yeux ronds la fille devant moi, cette même fille avec laquelle je suis en groupe d'anglais. Le bout de tissu entre mes mains pèse soudainement des tonnes, je me racle la gorge, essayant de me donner bonne figure.

– Comment puis-je t'aider, dans ce cas ?

Elle ouvrit la bouche, mais aucune syllabe ne sort, les yeux rivés sur le sol, elle me tendit une feuille.

J'essuie ma main libre sur mon tee-shirt et pris le papier.

– C'est mon CV, chuchota-t-elle, en mettant une mèche brune mouillée derrière son oreille, j'ai vu que vous recherchiez quelqu'un alors...

– Attends-moi là, je vais chercher la gérante.

D'un signe de tête, elle confirma, je partie à l'arrière du restaurant et toqua au bureau de Berty.

– Quelqu'un pour le post.

La femme rousse remonta ses lunettes et se leva, d'un ton joyeux, elle affirma qu'elle arrivait. Je lui remets le CV au passage et je reprends mon lavage de table jusqu'à la fin de mon service.

Les deux femmes partent dans le bureau, j'essaye de me rassurer comme je peux, j'espère que ma patronne ne la prendra pas, je dois déjà faire ce travail de groupe avec elle, alors si je dois me la coltiner ici, je vais péter un plomb, c'est moi qui vais démissionner à ce stade.

Je n'ai pas de problème particulier avec elle, je ne la connais même pas cette fille, j'ai juste aucune envie d'avoir pour collègue quelqu'un du lycée.

Je jette la serviette dans la buanderie, part me changer dans le vestiaire, je souffle d'épuisement en voyant de nouveau mon reflet et mon bleu entre mes deux yeux.

J'ai mal au nez, putain de merde.

17h05

Le poste de police se trouve au centre ville, à côté d'une supérette tenue par un Pakistanais, près de la mairie. Quand j'ouvre l'une des portes en bois blanche écaillée, une forte odeur de café me fouette le visage, la froideur du bâtiment me fait claquer des dents, dans un petit hall, une vieille femme m'accueille. Madame Gibson, elle est la secrétaire de l'endroit, ses cheveux courts reflètent quelques tons grisonnants, des grosses lunettes rondes sont tenues à son cou grâce à un cordon en petite perle métallisée, sous ses yeux, d'énormes cernes dus à l'âge, plus qu'à la fatigue.

La tête dans la paperasse, elle m'adresse à peine un regard, seulement sa main se lève légèrement en guise de bonjour. Des rires graves se font entendre dans la salle des employés, je m'approche de celle-ci et découvre trois policiers en pleine hilarité, des tasses fumantes entre les mains. Riley, un grand métisse, le plus rigolo du groupe, se trouve assis à son bureau, Gils, le plus petit et surtout le plus aigris, est avachi sur son fauteuil en cuir et pour finir, le plus... Moustachu ? Logan se tient debout à côté de Riley, les bras croisés sur sa chemise vert foncé.

– Comment va mon grand garçon ? S'exclama ce dernier.

Logan, plus communément appelé Chef Walker, est le référent de la police à Silverton. La plupart des grosses enquêtes lui sont confiées, même si les grosses enquêtes se font plutôt rares par ici. Il est ami avec mes parents, même si maintenant, ils ne se parlent plus aussi souvent qu'avant. Mon père et ma mère savent qu'il est là pour moi. C'est une sorte de deuxième figure paternelle pour moi.