Non mais quel con celui-là. "Je suis en ta possession". C'est ça, rêve toujours imbécile. Bref, passons.
A force de ruminer sur la mégalomanie et le machisme d'un mafieux tout droit sorti du paléolithique, je risque de passer à côté de notre taupe. J'ai peut-être un peu trop fait la maline avec cette histoire de masques. Dans la théorie, c'était censé être simple de retrouver un visage. Dans la pratique, ... Les gens bougent dans tous les sens, la lumière est légèrement tamisée et on peut dire que niveau masque, les invités ont rivalisé d'inventivité pour ne pas être reconnaissable. Entre lentille de couleur, perruque et masque integral, c'est qu'il ne font pas les choses à moitié dans le milieu du crime. Je suis donc obligée de relooker intensément une personne avant de n'être qu' approximativement certaine de ne jamais avoir vu sa tronche. Pas hyper discret comme technique.
- Qu'est ce que tu cherches ? - Me demande Adrik alors que nous passons d'un groupe de personnes à saluer à un autre.
Ben qu'est ce que je disais... Pas très discret mon relooking.
- Un petit mammifère aveugle.
En me tournant vers lui, je comprends que ma description n'est pas très explicite. Ou peut-être est-il simplement nul en devinette. Reste qu'il me regarde actuellement comme la personne la plus étrange du monde.
- Notre taupe - Lui chuchote-je, pour que lui seul l'entende.
- T'es pas discrète.
- Je sais.
- La tâche s'avérerait-elle plus compliquée qu'annoncée mademoiselle je sais tout.
Je le fusille du regard mais ne répond rien. C'est pas le moment de me prendre la tête avec un deuxième mafieux mégalomane et machiste. Bon, et peut-être éventuellement de remettre en question ma tactique...
Ouais ... Il va falloir que je revoie l'élaboration de mes plans pour la prochaine fois.
- Si tu pouvais m'aider au lieu de critiquer, ça m'arrangerait. - Dis-je en m'incluant avec un sourire tout en lui tendant la main, tel un gentleman du 18ème siècle.
Il me regarde, mi fier de m'avoir cloué le bec, mi perdu face à ma demande.
Je précise donc mes pensées, parce que les devinettes, ce n'est définitivement pas son truc.
- Invite-moi à danser.
Il me regarde comme si je venais de crier quelque chose d'inapproprié au milieu d'un champ de foire.
- Qu .. Quoi ?
Devant son air complètement choqué, je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire. Bonjour la discrétion mais ce n'est pas tous les jours qu'un mafieux se transforme en petit garçon apeuré face à la demande d'une danse.
- Invite moi à danser - Me répète-je
La contenance lui revient progressivement mais pas assez rapidement pour mon côté machiavélique qui ne cesse de se rire de lui dans un coin de mon cerveau.
- Mais pourquoi ?
- Parce que, comme tu viens de me le faire remarquer, mon observation des lieux n'est pas discrète. Or si je danse, au lieu de rester planté là comme une plante verte, il sera un peu plus naturel que je porte mon regard sur les alentours.
Il finit par accepter et j'alterne donc entre les différents membres de la famille Krylov pour cavalier. Au bout d'une bonne heure à détruire mes orteils dans les chaussures les plus inconfortables du monde, nada. Pas de taupe à l'horizon. Ou si c'est le cas, je n'ai jamais vu son visage.
Une fois ma énième danse terminée, je demande à mon partenaire de danse actuel soit Adrik, ou sont les toilettes. Parce que je sens que ma vessie ne va pas tarder à exploser.
Nous nous dirigeons donc vers le couloir par lequel nous sommes entrés. Une fois les portes passées, le calme me frappe tel la plus douce gifle jamais reçue.
Ca fait du bien.
Nous traversons je ne sais pas combien de couloir, portes, hall et enchénades de pièces avant de passer à proximité d'un groupe de messieurs apparemment en pause cigarette. Ou... autre vu l'odeur.
Mais ce n'est pas l'odeur qui me frappe. C'est le tatouage dans le cou de celui dos à nous. Sur sa peau sont représentés les touches d'un clavier d'ordinateur. Un tatouage peu commun. Un tatouage que j'ai pourtant déjà vu.
- C'est qui le mec là-bas ? - Chuchote-je à Adrik.
Adrik se tourne pour voir de qui je parle avant de soupirer bruyamment.
- Un putain de geek que j'emmerde.
Nous continuons de marcher avant qu'il ne s'arrête brusquement à l'entrée des toilettes et se retourne vers moi.
- Attends, pourquoi tu m'as demandé qui c'était ?
- Parce que sa tête ne me revient pas. On peut re-passer à côté de lui pour vérifier ?
Il hoche la tête l'air le plus sérieux du monde plaqué sur son visage. Nous passons donc quelques minutes plus tard juste à côté du geek en question et bingo. C'est lui j'en suis certaine. Sasha Garcia. Hackers au service des della Rossa.
- Alors ? - Me demande Adrik après nous être éloignés de quelques mètres.
Je tourne mon visage vers lui, il est excité comme un gosse le jour de Noël. Un sourire machiavélique naît sur mon visage.
- Alors on l'emmerde vraiment ce geek.
- Putain. Je savais que c'était louche d'être aussi con que lui.
Je ris, c'est la première fois que j'entends le très sérieux et insondable Adrik Krylov faire de l'humour.
- Plus qu'à l'annoncer à ton frère.
Il acquiesce et commence à fouiller ses poches.
- Merde - Marmonne-t-il - Mon portable est HS.
- T'inquiète, pas besoin.
- Quoi ? Tu comptes te pointer devant lui et lui dire "Et ! Salut Aleks ! Je sais qui est ta taupe."? Tu risques d'alerter toute la planète. Parce que au cas où tu ne l'avais pas remarqué, il n'a pas été une seule seconde seule depuis le début de la soirée.
Bien sûr que si j'ai remarqué. Pendant que je passais la salle à travers le radar "taupe", mes yeux ne pouvaient s'empêcher de le chercher partout.
Bref, ce n'est pas le sujet.
Il faut l'informer et j'ai le moyen parfait de le faire. Enfin, parfait... ça dépends pour qui évidemment.
- Non, je vais juste l'inviter à danser.
Il s'étouffe en avalant sa salive avant de rire à gorge déployée.
- Inviter Aleksandr Krylov à danser ? T'es pas bien toi ma fille.
- T'inquiète, je gère. - Lui assuré-je avec un clin d'œil.
Je gère, je gère, c'est un grand mot mais bon.
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Paard vs Krylov : Between dark and light
RomanceElle est enchaînée à la lumière et il est enchaîné aux ténèbres. Parce que l'un et l'autre ont trouvé le confort et la sécurité dans leur monde respectif. Mais qu'adviendrait-il d'eux s'ils brisaient leurs chaînes ? S'ils se mettaient en danger pour...