3. Retour des cauchemars

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Installés dans la Grande Salle, les anciens élèves de Poudlard se retrouvaient maintenant face à une ambiance très étrange emplie de tristesse et de douleur. Quelques mois plus tôt, à cette même place, des lits avaient été installés pour les blessés mais aussi les morts. Ici avait reposé, yeux clos, des amis, de la famille, des connaissances. Chaque lit, chaque visage étaient encore bien ancrés dans l'esprit des combattants et la blessure était encore à vif pour beaucoup.

Chez les Serpentard, l'humeur n'était pas présente. Observés par beaucoup d'élèves présents, jugés, foudroyés du regard, ils portaient une expression froide ou se voulant un minimum neutre. Pour les plus jeunes élèves de la maison, les têtes étaient basses, le regard tourné vers les mains posées sur les genoux. Ils avaient un sentiment particulier, mélange de honte et de crainte.

Chez leurs rivaux, les Gryffondor, les expressions n'étaient pas mieux. Les dents serrées, les traits tirés, Dennis Crivey foudroyait les Serpentard avec un regard acéré. Il était dans une colère noir. Une colère qui pourrait se calmer très certainement, mais cela demanderai énormément de temps.

Silencieux, une élève en dernière année se mordait l'intérieur de la joue en regardant devant elle, elle se souvenait comme si c'était hier. Elle se remémorait parfaitement de ce frère allongé sur ce lit de fortune, cette civière. Ses yeux clos et ce visage dont la malice s'était effacée. Face à ce stigmate, ses mains commençaient à trembler. Doucement, une main qui ne lui était pas inconnue se posa sur les siennes. Elle savait à qui elle appartenait, elle n'avait ainsi pas besoin de tourner ses yeux vers le visage de son frère. Ses doigts se mirent à serrer la main offerte. Elle en avait besoin. La blessure était encore trop à vif, le deuil trop récent pour Ginny. Elle baissa la tête et c'est caché par ses flamboyants cheveux qu'une larme roula sur sa joue pour s'écraser sur la main de Ron qui la serra un peu plus fort.

Lui aussi avait douloureusement mal. Il regrettait son frère, les bons moments passés avec même si les mauvaises blagues avaient été nombreuses. Il avait le visage fermé et ne faisait que regarder la table face à lui. Lui qui, habituellement, avait toujours faim, avait l'air d'avoir bien maigri depuis la fin de la guerre. La chagrin était tel que la faim l'avait quitté, cet instant encore plus que les autres. Le lieu lui rappelait bien trop la souffrance qu'il avait vécu. Certes, il avait pu avouer ses sentiments à Hermione, mais cette joie était bien moindre face à la perte de son Fred. Son visage maussade en disait long. Hermione le savait.

Harry, quant à lui, avait le visage fermé. Il pensait également à ses amis qu'il avait perdu ce jour-là. Il ne voulait pas y penser. Il ne voulait pas. Il aurait voulu qu'ils soient tous là.

Chez les Serdaigle, les expressions étaient plus disparates, peu avait combattu. Cependant, le respect du silence était présent. Ils ne parlaient pas. Mentalement, ils envoyaient du soutien aux élèves en deuil. Parmi eux, on pouvait compter au moins deux élèves en deuil. Luna Lovegood et Padma Patil, l'une assise en face de l'autre. Aux côtés de Padma, sa sœur jumelle l'avait rejointe, même si elle ne faisait pas partie de cette maison. Toutes deux étaient bien heureuses de ne pas porter le deuil de l'autre comme George, le jumeau de Fred qui avait quitté l'école depuis quelques années déjà.

Les Poufsouffle aussi étaient silencieux. Beaucoup étaient comme les Serdaigle.

Une table particulière était observée par beaucoup, la table des professeurs comptait cette année trois sièges vides. Sur le siège central se trouvait la nouvelle directrice, Minerva McGonagall. Elle regardait les élèves, attendant les nouveaux dont Hagrid était en charge. Le Choixpeau patientait déjà sur son tabouret traditionnel.

Les élèves firent enfin leur entrée. Ils étaient peu nombreux, tout comme les autres élèves. La répartition fut très rapide. Contrairement aux années précédentes, il n'y eut aucun réjouissement chez les élèves des maisons. Seuls les préfets accueillaient les nouveaux membres de leur maison. L'accueil restait modeste, sans extravagance. Ils les invitaient surtout à s'asseoir auprès des autres élèves. Devant cette ambiance, les jeunes étaient très mal à l'aise. Beaucoup ne comprenaient pas ce comportement, d'autres en avaient simplement entendu des brides sans connaître aucun détail.

La répartition finie, la directrice se leva. Tous les élèves levèrent alors leur regard sur elle. Elle allait prononcer un discours avant que le repas ne commence.

- Chers élèves.

Elle fit une pause comme si elle cherchait ses mots. Ceux qui l'avaient connue d'un peu plus près savaient qu'elle avait également été touchée par la bataille.

- Comme beaucoup le savent, cette école a été le témoin d'une grande bataille. Certains des élèves absents ont renoncé à leurs études ainsi y a-t-il autant de places vides. En aucun cas on ne peut leur porter un jugement. Il n'y a pas que des élèves qui manquent, il y a également des professeurs. Malgré que je sois à la place de directeur de cette école, sachez que je continuerai d'enseigner la métamorphose. En vue des circonstances, deux cours ont été annulés. Il s'agit du cours de défense contre les forces du mal et le cours d'étude des moldus. Je ne m'attarderais pas plus dessus. Avant que le dîner ne soit servi, je voudrais tout de même vous dire qu'un psychologue a intégré l'équipe enseignante. Il arrivera la semaine prochaine Ceux qui en ressentent le besoin pourront le voir tandis que certains d'entre vous auront l'obligation d'y aller.

Le discours fini, elle eut l'impression de respirer de nouveau. Un poids avait été retiré de ces épaules. Elle n'avait pas envi de rappeler les moments douloureux de la bataille cependant elle avait, en tant que directrice, l'obligation de prendre soin de ses élèves, de les accompagner un minimum et de leur expliquer les changements au sein de l'école.

Cela fait, elle se rassit après avoir souhaité un bon dîner à tous les élèves. Elle se doutait bien que l'appétit de la majorité des élèves allait être réduit ou même absent. Elle ne pouvait rien faire pour cela. Pour elle-même ce retour était difficile même si elle ne le montrait pas ; ainsi se doutait-t-elle que ça allait être la même chose.

J'espère que tout se passera bien et qu'ils arriveront à faire le deuil... espère-t-elle silencieusement.

L'éloge du repas ne se fit pas comme à l'accoutumé. En effet, beaucoup avait du mal à manger et picorait quelques plats pour dire de se mettre quelque chose sous la dent. Drago mangeait très peu aussi, il sentait continuellement le regard de Dennis sur lui. Il commençait à douter sur les intentions du cinquième année. Il se disait qu'il serait fort possible qu'une agression ait lieu bien plus rapidement qu'on ne pourrait le croire.

Il entendait également des chuchotements à sa table venant des nouveaux élèves. En tendant l'oreille, il entendit des jeunes demander aux plus vieux pourquoi l'ambiance était aussi tendue et lourde. Il ouïe aussi une question qui ne plaisait pas à la table de la maison de Salazar.

- Pourquoi est-ce que la maison des Serpentard est si vide ? Où sont les autres élèves ? questionna une jeune fille aux longs cheveux blonds.

Le plus âgé à ses côtés la darda d'un regard froid avant de répondre avec une grande retenue. En effet, il avait très envi de l'insulter d'ignorante. Il se demandait même comment est-ce qu'elle faisait pour n'être au courant de rien.

- Tu n'as pas écouté McGonagall ? Ils ne sont pas revenus tout simplement.

La jeune fille bredouilla avant de baisser la tête. En effet, elle n'avait pas écouté la directrice trop occupée à regarder la grande salle et son plafond magique qui était de retour. Elle avait bien d'autres questions qu'elle aurait voulu poser, ce qu'elle se refusait par la réaction de son aîné.

Ainsi, le repas finit en silence avant que tous les élèves ne se dirigèrent vers leurs salles communes respectives.

L'aller vers les maisons fut un passage obligé dans ces couloirs où la mort avait frappé. Des flashbacks ramenaient tous les combattants dans le passé. Par chance, certains ne furent pas frappés par ces flashs puisqu'ils passaient dans des couloirs qui avaient été épargnés par les combats. Malgré leur entrée aux combats, toutes les statues et armures avaient retrouvé leurs places dans le château. Elles avaient facilement et habillement été réparées par la magie des professeurs, des habitants de Pré-au-lard ainsi que des bénévoles.

Dans leurs maisons, les élèves retrouvèrent et découvrirent leurs dortoirs avec difficulté et plaisir. La plus grande difficulté fut notamment de retrouver des endroits chaleureux, mais pas la totalité de leurs camarades. La vie avait quitté l'école de Poudlard bien plus qu'ils ne l'avaient tous cru et maintenant ils allaient passer leur première nuit ici depuis bien longtemps et pourtant paraissant n'être qu'hier.





Ig : sirrha_wttp

Une année de plus [HP]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant