AMINA

CHAPITRE 3: Chicago

NAIM

La seringue glisse de ma main quand elle sombre enfin dans l'inconscience. Je la rattrape juste à temps pour l'empêcher de s'effondrer sur le sol, son corps se détend instantanément, ses bras pendants, ses paupières fermées.

Je dois avouer qu'elle a mis plus de temps que je ne le pensais à céder au tranquillisant, ça doit être cette putain de volonté qui semble l'animer. Une part de moi se demande comment une femme aussi frêle peut avoir autant de résistance.

Enfin, elle n'est pas si frêle que ça...

— Ian, par pitié sert a quelque chose pour une fois et ouvre moi la porte de la voiture, dis-je en me dirigeant vers la sortie.

Ian arrive rapidement et ouvre la porte arrière du véhicule, laissant échapper une odeur de cuir vieilli. Je dépose Amina sur la banquette arrière.

— Tu crois qu'elle nous donnera du fil à retordre ? demande Lounes, son regard rivé sur le rétroviseur scrutant le visage endormi d'Amina.

— Je sais pas et peu importe, rétorquai-je en haussant les épaules.

Je m'installe au volant, les mains fermement accrochées au volant. En jetant un dernier coup d'œil dans le rétroviseur, je vois Amina qui reste parfaitement immobile. Ce n'est pas la première fois que je kidnappe quelqu'un, mais elle, elle est différente. Elle n'a rien d'une victime classique. En la voyant pour la première fois, j'ai ressenti un mélange de curiosité et de mépris. Sa réputation dans ce monde est bien connue, et pourtant, elle ne ressemble pas à la personne que l'ont décrit.

Enfin, jouer des apparences, ça elle sait faire...

Le trajet se fait dans un silence pesant, même Ian ne parle pas ce qui est très rare. La voiture s'engage enfin sur la piste privée qui mène au jet. On n'a pas de temps à perdre, il faut quitter Los Angeles avant que quelqu'un ne se rende compte de sa mystérieuse disparition.

Une fois devant le jet, je la porte de nouveau, son corps à moitié inerte contre mon épaule. Malgré la situation, quelque chose me titille. Je ne peux m'empêcher de remarquer les détails : ses cheveux noir et lisse, les lignes élégantes de son ensemble, son maquillage, ses talons Louboutin rouges qui semblent ridiculement incongrus ici.

Elle prend soin d'elle, même pour une mission où elle risque sa peau. Ce qui confirme mon impression : elle est prête à tout pour sauver les apparences.

Ian m'attend déjà dans le jet, il jette un coup d'œil à Amina et éclate de rire.

— Je ne pensais pas que ce serait aussi facile, lance-t-il en s'appuyant contre le siège.

— Mhhh, je suis d'accord. C'était beaucoup trop simple.

Nous attachons Amina à l'un des sièges pour éviter qu'elle ne chute en cas de turbulence. Tandis que l'avion décolle, je m'assois en face d'elle, mes yeux ne quittant pas son visage.

Une autre pensée me traverse l'esprit : que va-t-elle ressentir à son réveil, quand elle comprendra qu'elle est loin de chez elle et qu'elle n'a aucun contrôle sur ce qui va se passer ? L'idée me fait sourire. La princesse déchue, arrachée à son monde de luxe, forcée à jouer un rôle dans un jeu dont elle ignore encore les règles.

— Enlève lui ses talons.

Je me retourne vers Lounes qui vient de prendre la parole.

Il raconte quoi ce trou du cul ?

— Hein ?

— Ahh mais t'es trop bizarre tu veux voir ses pieds ! Hurle Ian mort de rire.

— Mais réfléchissez ! Imaginons qu'elle se réveille, regardez ses talons, ils font au moins dix centimètres ! Elle pourrait très bien se blesser ou attaquer quelqu'un avec.