OS - JeongChan

Chapitre unique

Il est assis là, les mains entre les cuisses, les joues ruisselantes de larmes.

Comment Chan en est arrivé là ?

Leur rencontre remonte à un mois. Il le revoit pour la première fois et il se souvient. Premier jour en Corée, déjà ensorcelé.

Il est tôt le matin, huit ou neuf heures tout au plus, il n'a pas pris la peine de vérifier en sortant de l'avion. Il paie le taxi, le remercie et entre dans le motel où il va séjourner seulement pour une semaine. De l'extérieur, il semble désolé, un peu miteux. Une peinture grise défraîchie le recouvre et sur les murs sont fixés des climatisations sales qui tourne à plein régime.

On est en fin juin. Chan ne vient pas pour les vacances mais pour le travail. Il n'en est pas déçu, il aime son travail. Pour autant, il regrette de ne pas être aller ailleurs, la Corée du Sud n'est pas un pays qui l'attire particulièrement. Les gens y ont l'air peu ouverts d'esprit, étriqués dans leur façon de vivre en comparaison à la société actuelle. Ils vivent dans un autre temps.

Après avoir réglé son séjour avec la carte de sa société, il prend la carte qu'on lui tend. Chambre 506. Il doit s'habituer à utiliser une carte et non pas une clef comme en Australie. Ce changement lui fait bizarre.

Il pénètre dans sa chambre, valise en main et observe l'intérieur : sobre, un lit double au centre, une table de chevet à sa droite, une placard, une table ronde et une chaise dans un coin ; la salle de bain est à l'entrée. Il sort ses affaires et commence à s'installer dans son nouvel espace.

Il traîne dans la chambre, attend, s'ennuie. Sa seule réunion de la journée a lieu tard dans l'après-midi. Il devra d'abord manger. Il décide de prendre une douche quand il sent ses paupières s'alourdir et la fatigue du voyage le rattraper. Pour se réveiller, il décide de prendre une douche. Il entre dans la salle de bain et s'étonne. Le sol de la douche et le sol de la salle de bain sont au même niveau. C'était donc cela dont il s'agissait quand le réceptionniste lui avait demandé s'il souhaitait une salle de bain à la coréenne ou non. Après coup, il se dit qu'il aurait dû refuser, il ne sait pas comment il va faire pour ne pas mettre de l'eau partout.

Il se déshabille, jette ses vêtements sales en dehors de la pièce - il avait laissé la porte ouverte exprès - et allume l'eau. Il attend un peu avant de sentir la chaleur et le ruissellement du liquide clair sur son corps. Il frissonne. Il aime la sensation de brûlure que lui procure cette eau trop chaude pour sa peau, ce sentiment de s'abîmer en étant dans un cocon, en savant pertinemment que cette douleur ne sera pas permanente.

Il ne sort qu'une demi-heure après, propre. Il noue une serviette autour de sa taille et s'observe dans la glace. Il contemple les plaques rouges que le liquide à laisser sur sa peau laiteuse. Il contemple les traces dessinées sur son torse. Il apprécie leur informité ; il aime leurs courbes abstraites.

Il se sèche et s'habille. Il doit sortir chercher un endroit où déjeuner. Il ferme la porte, se retourne pour partir. Et c'est là qu'il le voit, son « voisin ».

Ils se saluent poliment avant que l'autre jeune homme ne disparaisse dans sa chambre. La 505. Chan reste planté là un moment. Il ne l'a pas vu longtemps mais il l'a désemparé. Il est beau, Chan espère le revoir. Il se dirige vers les ascenseurs et part manger. 

Premier jour en Corée, première fois qu'il l'a croisé.

Ses yeux s'ouvrent difficilement, le bruit lointain de son réveil résonnant. Malgré le décalage horaire de seulement deux heures, le sommeil a eut du mal à le trouver la veille au soir, malheureusement il en a l'habitude.