*POV D'abir*
Je suis posée avec Serena dans mon salon. On discute, on rigole, mais au fond, y'a toujours un truc qui me serre le cœur. Je parle pas de Jabari, parce que franchement, c'est encore trop frais, trop douloureux. En vrai, j'ai un peu honte de cette histoire. Comment je pourrais expliquer à Serena cette histoire et surtout avec un mec comme lui ? Un mec qui m'a menti, enfin qui ma caché plutôt cette vie qu'il menait. Donc je reste vague, je souris, mais à l'intérieur, c'est le chaos.
Serena, elle, me raconte sa semaine, elle me parle d'un truc qui l'a marquée. Apparemment, une copine à elle s'est fait agresser à une soirée, et un gars l'a sauvée. « Un mec super gentil, Abir, vraiment. Il l'a protégée alors qu'il connaissait même pas la fille. Il l'a même ramenée chez elle après. Franchement, ça se fait rare des mecs comme ça. Elle voudrait le remercier, mais elle sait pas comment le retrouver... »
Je l'écoute, et ça me touche. Ça me fait réaliser qu'il y a encore des hommes qui savent utiliser leur force pour protéger, pour faire le bien.
Pas comme Jabari, qui a pété un câble devant chez moi.
Lui, c'était l'inverse, il utilisait sa colère pour détruire, pour me pousser à bout. J'me dis que j'ai vraiment fait le bon choix de m'éloigner. J'ai pas besoin de ça dans ma vie. J'ai besoin de stabilité, de calme, et de me sentir respectée. Pas de vivre dans une tempête d'émotions.
Mais bon, c'est pas tout ça, la vie continue. D'ailleurs, j'suis tellement contente, mon parfum se vend super bien. J'ai du mal à réaliser que ça marche aussi vite. Bientôt, j'vais pouvoir déménager. J'ai vraiment envie de quitter cette ville, de partir loin, mais en même temps... j'suis attachée. J'ai mes repères ici, et puis avec Carly, on a nos petites habitudes.
Demain, y'a un gros événement à Paris, un salon de la parfumerie. C'est l'occasion pour moi de promouvoir ma fragrance, de la faire connaître encore plus. Et bien sûr, j'ai demandé à Serena de m'accompagner. Elle a tout de suite dit oui. Elle adore Paris, et moi aussi, alors ça va être un super week-end.
On discute de tout ça, on parle des outfit qu'on va mettre, des restos où on va manger... Bref, on est dans l'ambiance. J'ai vraiment besoin de me vider la tête, de kiffer un peu, de laisser derrière moi tout ce stress, toute cette douleur. Après tout, j'ai envie de profiter, de vivre des moments légers. C'est ce qui compte.
Le réveil sonne avant l'aube, mais l'excitation est bien trop forte pour laisser place à la fatigue. C'est aujourd'hui. J'attrape ma tenue soigneusement préparée, une robe chic mais confortable, parfaite pour une journée entière dans l'effervescence du salon de la parfumerie. À côté de moi, Serena s'étire et se lève à son tour, les yeux brillants malgré l'heure matinale. Nous avons un train à prendre, et Paris nous attend.
Le trajet se passe dans un mélange d'euphorie et de nervosité. En arrivant à Paris, la ville nous accueille avec ses boutiques de luxe, ses vitrines éblouissantes, ses rues animées. Les bâtiments, les lumières, l'énergie de la capitale... Tout ça me donne l'impression d'entrer dans un autre monde. Et là, main dans la main avec Serena, je me sens belle, confiante, prête à conquérir ce salon.
En entrant dans l'enceinte de l'événement, je suis saisie par les odeurs de fleurs, d'épices, de bois précieux. Chaque stand propose un voyage unique, une histoire à découvrir. Je me perds dans cette ambiance, échangeant avec des créateurs, des passionnés, des artistes du monde entier. On parle de senteurs, de notes de tête et de fond, d'émotions en flacons. J'ai enfin trouvé ma place. Le temps file, et la matinée défile presque sans que je m'en rende compte.
À la pause déjeuner, Serena et moi décidons de sortir pour prendre l'air. Alors que je franchis les portes du salon, je remarque une silhouette au loin, un homme grand, robuste, avec une démarche que je connais par cœur. Mon cœur rate un battement. Mon esprit s'emballe, et je me surprends à sourire. Serait-ce lui ? Jabari, ici, à Paris ?
Je m'approche, mon cœur s'accélérant à chaque pas, les souvenirs remontant à la surface. C'est peut-être insensé, mais je ne peux m'empêcher de ressentir une douce excitation à l'idée qu'il soit là, qu'il ait peut-être fait ce déplacement pour moi. Mais soudain, l'homme se retourne, et je réalise que ce n'est pas lui. La déception m'envahit. Bien sûr, c'est logique. Je lui ai dit de rester loin de moi... même si, au fond, je regrette déjà mes paroles. Je sais que j'ai besoin de mettre des limites, de me protéger de ses excès, mais mon cœur ne semble pas vouloir tourner la page.
On se dirige vers un petit restaurant à côté du salon, et pendant le repas, mon esprit erre à nouveau vers cette silhouette qui m'a tant troublée. J'aurais aimé partager ce moment avec lui, qu'il soit à mes côtés dans cette aventure. Je ne sais pas où tout cela nous mène, et ce n'est peut-être pas raisonnable, mais c'est si fort, si intense, que je ne peux m'empêcher d'espérer.
Alors que Serena parle, mon téléphone vibre. Un message de Kader. Il me souhaite une bonne journée et propose qu'on se voie pour discuter. Je soupire, et laisse le message sans réponse. J'ai honte de la manière dont tout s'est terminé avec lui, mais je sais que ça ne mènerait à rien. Mon cœur est ailleurs, il est avec Jabari, que je le veuille ou non.
Une fois le déjeuner terminé, nous retournons au salon. L'après-midi se déroule dans la même ambiance effervescente. À un moment, j'entends deux jeunes femmes discuter en admirant un flacon. Elles parlent de mon parfum sans savoir que je suis juste à côté. Je les écoute discrètement, et mon cœur se gonfle de fierté en entendant leurs compliments. C'est un rêve devenu réalité. Mon parfum, celui que j'ai imaginé, aimé, perfectionné... il touche des gens, il inspire.
Puis, alors que je suis en pleine conversation avec un autre créateur, un homme s'approche.
La quarantaine élégante, il porte un costume sobre mais raffiné, et il dégage une assurance discrète. Il se présente comme Khaled, un parfumeur d'origine Syrienne travaillant principalement en Arabie Saoudite et dans le Maghreb. Je suis impressionnée – les parfums arabes sont parmi les plus prestigieux au monde, reconnus pour leur profondeur et leur richesse.
Avec un sourire bienveillant, Khaled me félicite pour mon travail et m'invite à un événement majeur en Algérie le mois prochain, un salon dédié à la parfumerie orientale. "J'aimerais vraiment vous voir à l'international," me dit-il avec un regard sincère. "Votre travail a ce petit quelque chose de spécial que nous recherchons. On m'a parlé de vous et de votre parfum, et j'ai été tout de suite intrigué."
Je n'en reviens pas. Mon parfum, mon nom... cette invitation semble irréelle. Khaled continue : "Ne vous inquiétez pas pour le voyage, tout sera pris en charge. Vous seriez notre invitée d'honneur." Mon cœur se met à battre la chamade. L'idée de voyager en Algérie, de découvrir cet univers, et de présenter mon travail au cœur de l'industrie de la parfumerie arabe... c'est une opportunité que je ne peux pas refuser.
Avant de partir, Khaled me serre la main et conclut : "Je suis vraiment heureux qu'on m'ait parlé de vous. C'est un grand honneur de découvrir une fragrance comme la vôtre. Je vous ouvrirai toutes les portes possibles."
Je ne sais pas qui m'a recommandée auprès de lui, mais je ressens une étrange sensation. Comme si quelqu'un, quelque part, veillait sur moi et croyait en moi plus que je ne l'aurais imaginé.
Alors que Khaled s'éloigne, un sourire se dessine sur mes lèvres. Je me dis que peu importe ce qui m'attend, cette journée à Paris marque le début d'une nouvelle aventure. Une aventure où mes rêves semblent enfin se réaliser.
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