Chapitre 39: La rivière

45 6 2
                                    

- Mistral, aux pieds! rappela Perséphone alors que le male s'éloignait trop loin.

L'homme tourna la tête, s'assit et la trouva du regard. Il s'avança tranquillement et s'assit face à la femme.

- C'est bien ça! félicita la blonde. Tu peux repartir.

En temps normal, un tel rappel était considéré comme mauvais. Mais, pour un chien, un cas lourd, ayant été enfermé et maltraité pendant de longs jours, c'était bon, long, mais il avait obéi. Le chien était libre de ses mouvements, il ne portait que son collier, un harnais et une combinaison contre le froid. Play n'avait pas eu cette chance. Son manque de concentration constant lui avait valu une belle longe.

- Play, arrête ça tout de suite ! Qu'est-ce qu'il t'arrive Mistral ?

Il la regarda et couilla en faisant trois pas vers le bosquet. L'itinéraire de promenade était simple une boucle autour du centre dans un vaste espace clôturé. Elle avait exceptionnellement changé de chaussures pour éviter de tuer celle qu'elle portait. Mistral marchait presque à sa jambe. Elle ne lui avait jamais appris et pourtant il y arrivait. Il avait parfois un mètre de décalage mais c'était de son point de vue bien, mieux que la marche en laisse tout du moins. Le male avait peur de l'environnement. Il n'était jamais sorti avant que les Férioves, sous son commandement, ne l'extirpe du bâtiment dans lequel il avait toujours survécu. Il ne savait pas parler et ne connaissait rien aux codes humains ni à ce qui dépassait de sa cellule ou des salles de tortures. Camille- Apolline se demanda si elle ne le forçait pas trop, il y avait eu les retrouvailles, le nettoyage et maintenant la sortie dans la nature.

- Tout va bien Mistral, on passe les arbres et on sera presque rentrer.

Deux chiens à l'extérieur, c'était déjà beaucoup, alors si ils avaient peur, elle pouvait passer la nuit dehors.

- Rémi, Appolon ! 

Les deux chiens accoururent en sautant la rivière. Tandis qu'elle avançait avec de l'eau jusqu'aux chevilles, les deux autres s'arrêtèrent net face au cours d'eau en reculant.

- Tout va bien. Il n'y a aucun danger. Tu peux traverser sans aucun problème. 

La blonde recula de deux pas et se retrouva au point le plus profond de la traversée.

- Il n'y a rien à craindre. Play, au  pied, tu es déjà aller à l'eau toi.

Le male obtempéra avec une confiance relative et se précipita sur les botes de la femme.

- Arrête un peu ton cirque et rejoins l'autre rive.

Elle attacha la longe à un arbre et retourna voir l'autre humain effrayé par l'eau.

- C'est de l'eau. Tu n'a rien à craindre dans cette situation. Tu aurais de l'eau jusqu'aux coudes pas plus, lui expliqua-t-elle calment en prenant les hanses du harnais. 

La militaire remit les pieds dans l'eau. Le male ne voulait pas la suivre et ses deux énergumènes commençaient à trouver le temps long. Le chien se recula, gémit et se coucha. L'eau ne lui inspirait pas confiance et le courant promettait à ses yeux une mort douloureuse.

- Tu es obligé de passer par là pour rentrer. Libre à toi de choisir le moment, mais l'eau restera la même, que tu traverses ou pas.

Le chien se releva et longea la berge sur cinq mètres suivit de la femme. Il se recoucha entre ses jambes. D'une main, elle lui versa de l'eau sur la peau découverte.

- Ca ne te fera pas mal.

Réavançant d'un pas, il l'a suivit et elle put ainsi lui faire mettre les pattes avant dans l'eau en le tirant légèrement.

- Tu vois ce n'est pas si dur.

Elle fit un pas et le chien resta collé entre ses deux jambes. Elle en fut surprise.

- C'est bien, c'est très bien ça, le félicita Perséphone.

Elle avança lentement, le chien apeuré entre ses jambes et ne la lâchant pas.

- Tu vois, on a fini la traversée et tout va bien, calma la Fériove en lui caressant le dos.

Elle détacha le deuxième male et reprit le chemin du Centre. Les deux furent heureux de voir le bâtiment. Elle confia Play à une autre et alla remettre Mistral dans son boxe au chaud et lui donna sa gamelle qu'il ne toucha pas.

- Bon, je vais aller voir l'autre affreux.

Le destin de perdantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant