Chapitre 25

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Le lendemain matin, la maison des Durand se réveillait doucement sous la lumière tamisée du Cap-Haïtien. Dans la salle à manger, une douce odeur de café fraîchement torréfié flottait dans l'air. Le petit déjeuner haïtien était un véritable festin : des bananes pesées dorées à point, du cassave encore chaud, du beurre de cacahuète artisanal, et des tranches d'avocat. Le tout accompagné d'un jus d'orange frais pressé et d'un café noir, intense, servi dans de petites tasses en porcelaine.

Monsieur Durand, impeccable dans son costume, lisait distraitement un document tout en sirotant son café. Madame Durand, assise à sa droite, regardait son assiette d'un air pensif, encore sous le choc des événements de la veille. Marie-Anne, quant à elle, ne tenait pas en place. Elle mangeait à peine, agitant sa cuillère dans son bol de mabi, ressassant encore et encore ce qui s'était passé au bal.

- Comment cette fille a pu oser une telle chose devant tout le monde ? Giselle St. Juste a vraiment prouvé qu'elle ne connaît aucune limite, dit-elle, la voix vibrante de colère.

Monsieur Durand soupira en reposant sa tasse.

- Ce qui est fait est fait, Marie-Anne. Le plus important est que Milo ait défendu ta sœur. Il a montré à tout le monde qu'il n'était pas dupe des manigances de Giselle.

Marie-Anne frappa légèrement du poing sur la table, perturbant l'ordre soigneusement disposé du petit déjeuner.

- Oui, mais c'est une humiliation publique ! Cette femme mérite qu'on lui fasse sentir son propre poison, grogna-t-elle.

Madame Durand, d'un ton calme mais ferme, intervint :

- Giselle sera punie par la société, Marie-Anne. Elle a été publiquement ridiculisée, Milo l'a mise à sa place. Maintenant, il faut que nous laissions les choses suivre leur cours.

Anna-Louise, qui n'était pas descendue de sa chambre, avait demandé à rester seule pour la matinée. Elle prétendait vouloir se reposer, mais en réalité, elle n'avait cessé de revivre cet instant où Milo avait pris sa main, son baiser doux mais brûlant sur sa peau. L'éclat de son regard la hantait, une chaleur inconnue la consumait encore.

- Je vais rendre visite à quelques amies ce matin, annonça Madame Durand en se levant doucement de sa chaise. Je leur raconterai probablement ce qui s'est passé. Elles doivent déjà être au courant, mais les détails... elles les attendent.

Monsieur Durand haussa un sourcil amusé, tout en terminant sa dernière gorgée de café.

- Moi, je file à l'hôpital. Une journée bien chargée m'attend. Essayons d'oublier cette soirée, du moins jusqu'à ce que tout se calme, dit-il en prenant son chapeau.

Quant à Marie-Anne, elle se préparait à rendre visite à son amie Régine, qui n'avait pas assisté au bal.

Arrivée chez Régine, une maison assez imposante et pleine de vie, elle la salua chaleureusement.

- Régine ! Si tu savais ce que tu as raté hier soir, commença Marie-Anne en s'asseyant, le visage encore teinté de fureur.

Régine, une jeune femme toujours enjouée, sourit malicieusement tout en offrant un thé à son invitée.

- Qu'est-ce que j'ai raté cette fois ? Ne me dis pas qu'un autre Port-au-Princien a jeté son dévolu sur toi ?

Marie-Anne roula des yeux avant de lui raconter en détails les événements du bal, ne manquant pas de souligner l'humiliation de Giselle.

- Imagine-toi, Giselle, cette peste, a essayé de faire de ma sœur une risée. Mais Milo ne s'est pas laissé faire ! Il l'a humiliée devant tout le monde. Oh, Régine, tu aurais dû voir ça ! Quelle soirée...

Le retour des beaux joursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant