Chapitre 28

0 0 0
                                    


Ils atteignirent l'orée de Fhän au beau milieu de la nuit et à bout de force.

— Attendez-moi !

Saral jeta un regard inquiet à Elina. À plusieurs reprises, ils avaient dû ralentir leur course pour qu'elle les rattrape, ce qui n'était pas dans ses habitudes.

— Tu peux encore tenir le coup ? lui demanda-t-il.

— Je crois, on n'a pas le choix de toute façon.

Sa voix tremblait légèrement et son visage était aussi blanc que la neige, mais elle semblait toujours capable d'avancer. Face à eux se dressait une imposante barrière de résineux, sombre et dense. Le baroudeur et les frères Garad s'y engouffrèrent sans hésiter, alors que Saral jetait un dernier regard dans son dos avant de les suivre. Lui aussi ne pourrait plus tenir très longtemps. Après tout, ils venaient de cavaler une bonne partie de la nuit et, les muscles tirés par l'effort, il pénétra dans la forêt Elina à ses côtés.

Après quelques mètres seulement, elle s'écroula au sol.

S'écroula, littéralement.

Il accourut pour apposer une main contre son front. Alerté par le bruit sourd, Eorten les rejoint ainsi que les deux drahärs.

— Que se passe-t-il, demanda Törkal ?

— Je, je ne comprends pas. Elle est brûlante, dit-il paniqué.

Sans attendre, Dürkan sortit sa gourde et lui souleva légèrement la tête. Elina parvint à avaler quelques gouttes avant de recracher le reste sur le sol. À ses côtés, Eorten mesurait les battements de son cœur.

— Vous croyez que ? entama Törkal.

— Non, c'est impossible, le coupa sèchement Eorten. Jamais elle n'aurait pu parcourir une telle distance.

Et pourtant, comme pour écarter la pensée de Törkal, le baroudeur s'attela à inspecter minutieusement chaque centimètre carré du corps d'Elina avant que son visage ne se fige... Une partie de son chemisier tombait en lambeaux, et dessous, une ouverture en arc de cercle suintait de gouttelettes noires.

— Non, Elina ! s'alarma Saral.

— Par la malepeste, les loups maudits ont eu raison d'elle...

— Tout n'est pas encore perdu, avança Eorten avec sévérité. Les toxines ne semblent pas avoir pénétré totalement dans ses veines. Il existe dans ces forêts une plante composée de clochettes blanche et rose en rameaux, avec des feuilles arrondies, c'est son seul espoir.

Et sans perdre une seconde, Saral et les frères Garad se mirent en quête d'éplucher chaque bosquet de cet endroit sombre. Il ne leur fallut pas plus d'une quinzaine de minutes pour dénicher ce qu'ils recherchaient et, une fois revenu auprès d'Elina, le baroudeur mâcha les fleurs pour en faire une sorte de pâte avant de l'appliquer sur la blessure. Elle ne réagit même pas, gisant inconsciente à leur côté et secouée de légers spasmes...

— Et maintenant ? s'enquit Saral.

— Maintenant, on attend. C'est tout ce que l'on peut encore faire.

Ͽ

Une douleur fulgurante fusa dans son avant-bras. Elina hurla de tous ses poumons, au bord de la panique, avant de convulser à nouveau et perdre connaissance.

Ͽ

L'état de la jeune fille ne s'aggravait pas, mais elle n'en demeurait pas tirée d'affaire pour autant. Le venin s'étalait sur une dizaine de centimètres le long de son bras et sa blessure formait une couche noire et épaisse. De plus, sa température ne voulait pas redescendre malgré tous leurs efforts. Saral s'occupait minutieusement du bandage qu'elle portait au front. Il veillait à le nettoyer toutes les heures pour la rafraîchir un peu, ainsi qu'à appliquer la pâte à base de linnaea borealis.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 25 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Avalar - Tome 1 - Le peuple ancienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant