25. Me prends pas la tête

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08:49 - Sanotis Pharma, Kensington, Londres

Ça me contrariait de voir Amiah comme ça mais j'essayais vraiment de faire au mieux et je pense qu'elle réalisait pas à quel point j'étais épuisé.

J'osais pas le lui dire car je ne voulais pas qu'elle culpabilise mais passer la semaine entière à travailler puis rentrer tard le soir juste pour pouvoir passer mes week-ends avec elle, ça me demandait beaucoup.

Mais je dois tenir,
pour elle... pour nous.

En revenant dans la salle, je constatais que les fournisseurs m'attendaient, leurs visages tournés vers moi, attendant que je reprenne la main.

Je me replaçais devant eux, debout, prêt à relancer la discussion.

...
- Bien, comme nous l'évoquions, je tenais à ce que Sanotis continue d'innover dans la production et la distribution de nos nouveaux produits. Nous voulions doubler notre capacité en Europe d'ici deux ans et recentrer notre stratégie sur les formules spécialisées, dis-je.

Les représentants acquiesçaient, prenant des notes. Mais quelque chose dans l'air avait changé.

Depuis l'intervention d'Amiah, ma mère semblait plus tendue que jamais, son regard fixant chaque mot que je prononçais.

Elle laissait échapper de petits soupirs par moment et ses sourcils étaient constamment froncés.

Un des fournisseurs, M. Weber, levait la main pour prendre la parole.

- Monsieur Oakley, au vu des développements en cours, vous devriez peut-être nous rejoindre au salon international pharmaceutique en Allemagne, il autre lieu dans deux semaines, il proposa, ce serait l'occasion d'exposer vos projets, et nous pourrions aborder les choses plus en profondeur. Qu'en pensez-vous ? il me demanda

Avant même que je n'aie le temps d'ouvrir la bouche, ma mère s'empressait de répondre.

- C'est une excellente idée, s'exclama-t-elle, Monsieur Oakley et moi-même serons présents.

Je la regardais, surpris par sa rapidité à accepter. Elle ne m'avait même pas consulté du regard. Je serrais les dents, sentant une pointe d'irritation monter.

Son regard me fixait, froid et impassible, comme pour me défier de contester sa décision mais je n'allais pas le faire devant les fournisseurs pour rester professionnel.

Je déglutissais, l'estomac noué, mais je gardais mon calme. La réunion reprenait, s'étirant toute la matinée, remplie de discussions techniques et d'analyses de marché.

Je sentais la fatigue me gagner peu à peu et chaque mot, chaque échange me coûtait de l'énergie.

Les pensées s'entremêlaient dans ma tête, se disputant l'espace entre ma concentration et mes pensées pour Amiah.

Finalement, la réunion prenait fin. Nous raccompagnions les fournisseurs jusqu'à l'ascenseur. M. Weber serrait ma main avec un sourire entendu.

Les portes de l'ascenseur se fermaient sur eux et le silence retombait. Mais il ne durait pas.

- Aaron, dans mon bureau, lança ma mère d'un ton sec et catégorique.

Je réprimais un soupir de lassitude. Bien sûr, il fallait que ça arrive. L'air résigné, je me tournais vers elle, croisant son regard froid et sévère, et je la suivais sans un mot.

Une fois arrivés, elle referma la porte derrière nous et se tourna vers moi, les bras croisés et les sourcils froncés.

- Tu m'expliques ? lança-t-elle d'un ton tranchant.

OAKLEY - le dossierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant