Jeux de pouvoir- tome 1

𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟱𝟯.

J'allais répondre quand, soudain, Maria éclata une petite boîte en métal qu'elle avait discrètement cachée dans un coin de la cuisine. Avant que je ne puisse réagir, des confettis multicolores s'envolèrent dans les airs, tourbillonnant autour de nous comme une pluie scintillante. Le bruit des confettis éclatant dans l'espace me fit sursauter, et je clignai des yeux, totalement déstabilisée.

— Félicitations, Aela ! s'exclama Maria, son visage rayonnant de joie. Tu as réussi ! Tu fais désormais partie de la famille, et je voulais marquer ça de manière spéciale !

Je restai là, bouche bée, observant les confettis qui retombaient doucement autour de nous. Jamais, au grand jamais, je n'avais vu des confettis en vrai. C'était la première fois que je vivais quelque chose d'aussi... festif, aussi étrange. L'éclat des petits papiers colorés flottant dans l'air me déstabilisa totalement. Pourquoi des confettis ? J'étais perdue dans cette pluie colorée, totalement déconnectée. Je n'avais jamais fêté un anniversaire, ni reçu un cadeau, ni eu droit à ce genre de réjouissances. C'était comme un rêve étrange, irréel.

— Mais... mais... qu'est-ce que... ? fis-je, ma voix se perdant dans mon étonnement.

Maria, remarquant mon état, éclata de rire doucement, mais d'une manière qui me réchauffa le cœur. Elle s'approcha, comme si elle comprenait parfaitement ce que je ressentais.

— Tu sais, Aela, quand j'étais jeune, j'étais aussi rebelle que toi. Un peu perdue, à chercher ma place dans ce monde. Mais eux, ils m'ont accueillie, sans poser de questions, sans me juger. Et toi... toi, tu as gagné ta place. C'est différent. Tu as fait tes preuves, tu as pris ta place avec dignité. Et maintenant, tu fais partie de cette famille.

Ses mots, simples mais pleins de sincérité, eurent un effet presque magique. Je me sentis subitement un peu moins perdue. Peut-être que je n'avais pas tout choisi, peut-être que certaines choses m'étaient tombées dessus sans crier gare, mais d'un autre côté, j'aurais peut être ma place ici.

Après tout, ce n'était pas si terrible. C'était une nouvelle chance, une opportunité, même si ça n'était pas exactement comme je l'avais imaginé. Et, franchement, peut-être que ça pourrait bien se passer avec eux.

Je lève enfin les yeux vers Maria, un sourire hésitant mais sincère flottant sur mes lèvres.

— Merci, Maria. Ça me touche plus que tu ne crois.

Maria hoche la tête, un sourire bienveillant aux lèvres, et les confettis continuent de virevolter autour de nous, comme une touche de magie qui me réconfortait un peu plus.

Alors que je savourais encore ce moment avec Maria, perdue dans l'éclat des confettis qui retombaient doucement, Emir fit irruption dans la pièce. Avec une expression exagérément sérieuse, il s'inclina légèrement devant moi, une main sur la poitrine, comme un majordome de vieux films.

— Bonjour, Milédi ! Ce matin, je serai votre humble chauffeur, déclare-t-il d'une voix pompeuse.

Je cligne  des yeux, surprise et amusée, tandis que Maria retient un sourire.

Puis, sans préavis, Emir se redresse, abandonnant tout semblant de sérieux, et s'écrit joyeusement :

— On va aller faire du shopping !

Sa déclaration résonne dans la cuisine comme une explosion d'énergie. Il se frotte les mains avec un sourire malicieux, visiblement impatient. Mon sourire hésitant se transforme en éclat de rire spontané. Le contraste entre son attitude solennelle de quelques secondes plus tôt et son excitation enfantine me prend de court.

— Euh... du shopping ? répétai-je, essayant de contenir ma surprise.

Emir hoche la tête avec enthousiasme.

— Oh oui ! On va te trouver quelque chose de bien pour ta soirée d'intégration. Aujourd'hui, tu as carte blanche !

Je regarde Maria, comme pour chercher son avis. Elle acquiesce avec un sourire complice.

— Emirrrrr ? C'est la carte à qui ? lance Maria, avec un regard à la fois amusé et perçant.

Emir lève les mains en l'air dans un geste innocent, prenant un air faussement offusqué.

— Mais voyons, Maria ! C'est... la carte à Aylan, bien sûr ! répond-t-il en détournant les yeux, un sourire malicieux aux lèvres.

Maria éclate de rire, un rire franc et joyeux qui emplit la cuisine. Elle se tourne vers moi, ses yeux pétillant de malice.

— Vite, Aela, foncez avant qu'il ne s'en rende compte ! lance-t-elle, toujours hilare.

Je ne pus m'empêcher de rire à mon tour, attrapée par leur complicité contagieuse. Avant même que je réalise ce qui se passait, Emir m'entraînait déjà vers la sortie, son sourire d'enfant prêt à faire une bêtise scotché au visage.

— Allez, pas de temps à perdre, Milédi ! déclare-t-il, l'excitation dans la voix.

Je me laisse guider, le cœur léger, emportée par l'enthousiasme d'Emir et la bienveillance de Maria. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais entourée, incluse dans quelque chose de plus grand, et cette journée s'annonçait pleine de promesses.