EPILOGUE

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Une année, puis deux, et trois, le temps file à une vitesse folle lorsque deux enfants remplissent la maison de vie.

Bien sûr, ce n'est pas facile tous les jours. Cependant, je trouve que nous assurons comme des professionnelles. C'est à croire qu'avec Lara, nous étions faites pour cette vie.

Comme prévu, Lilou s'est mise au skate, et je dois avouer qu'elle est douée. Plus que ce que je pensais.

De son côté, Aaron s'avère être beaucoup plus calme. Du haut de ses trois ans, son activité favorite consiste à rester assis sur les genoux de Lara pendant qu'elle joue du piano pendant des heures. C'est à croire qu'ils partagent cet amour de la musique. Parfois, j'ai l'impression qu'ils partagent la même âme.

En ce qui me concerne, ma présence ne lui plaît toujours pas. Et j'ignore quoi faire pour me rendre aimable à ses yeux. Pourtant, je pense avoir tout essayé. En vain.

À court d'idées, j'ai fini par accepté le fait que mon fils ne me supporte simplement pas. Ceci dit, je suis néanmoins ravie d'assister à la construction de ce lien indestructible entre ce petit prince et l'amour de ma vie.

D'ailleurs, moi qui pensais avoir atteint les portes du bonheur ultime, j'ai découvert un escalier supplémentaire qui monte vers une liesse sans nom de voir ma famille s'épanouir chaque jours.

En ce qui concerne Adèle et Béatrice, elles ont mit au Monde une petite fille prénommée Myriam. Âgée de deux ans maintenant, ma petite rousse numéro deux est le portrait miniature de Béa. Et je dois l'avouer : je suis accro à ses boucles rousses et son regard bleu ciel. Et je ne parle même pas de ses taches de rousseurs.

D'ailleurs, il me coûte toute mon énergie de ne pas dévorer ma filleule dès que nous nous voyons. Ce qui veut dire plusieurs fois par semaine.

Je l'avoue, de m'éclipser chez Adèle et Béatrice me permet d'évacuer ma peine de voir mon fils me rejeter si violemment. Alors, inconsciemment, je pense transposer cet amour sur Myriam qui est réceptive et heureuse d'être dans mes bras.

Ce que je donnerais pour me rapprocher d'Aaron. D'autant que j'ignore ce qui crée cette distance entre nous. C'est à croire que je sois radioactive sans le savoir.

Pour être franche, cette situation est insupportable. Quand Lara est avec nous, tout va pour le mieux vu qu'elle s'occupe de lui. Mais lorsqu'elle s'absente pour le travail, que ce soit ponctuellement ou pour des séjours un peu plus longs, je n'ai pas d'autres choix que de rester chez Addy et Béa, le plus longtemps possible. Même avec elles, il est doux et agréable. D'ailleurs, je ne compte plus ni les migraines que j'accumule à cause de ses cris quand il s'agit de lui donner son bain ou l'attacher dans la voiture par exemple, ni le stresse qui me broie littéralement le corps dès que dois m'occuper de lui seule. De plus, il refuse catégoriquement de m'adresser la parole. Tandis qu'il discute avec Lara, Adèle, Béatrice ou Lilou pendant des heures entières, je n'ai pas le plaisir d'entendre sa petite voix, évidemment. Pourquoi ferait-il plaisir à sa mère en lui adressant simplement la parole après tout... ?

Bien sûr, nous avons vu et revu un nombre incalculable de médecins et autres spécialistes qui ont tous eu la même conclusion : Aaron est en parfaite santé.

S'il a un problème, ce n'est clairement pas médical. Malgré tout ça, je suis démunie face à ce comportement de la part notre second enfant.

J'ignore comment y parvenir, mais il va me falloir trouver une solution. Et ce, à n'importe quel prix.


En ce samedi matin, je me rends à la cuisine dans l'espoir qu'un nouveau jour m'apporte cette joie de me rapprocher de lui. Ainsi, lorsqu'il pose ses jolis yeux marron sur moi, c'est pour se taire sans même continuer à manger. Parfois, j'ai même l'impression qu'il me lance des regards mauvais.

« Bonjour, mes amours. » Je souffle, mollement.

« Bonjour, Mama Ella. Tu as bien dormis ? »

« Oui, ma princesse, et toi ? » Je demande en plaquant un baiser sur sa tête.

« J'ai hâte d'aller pique-niquer à la rivière avec tante Adèle et tante Béatrice. » Sourit elle, ravie.

« Moi aussi. »

Naturellement je ne peux m'empêcher de scruter Aaron, la tête pleine de questions sans réponses.

« Arrête de le regarder comme ça, Gaby, voyons. Il va prendre peur. »Souffle Lara en me tendant une assiette de pancakes.

« C'est lui qui me fait peur pour l'instant... »

Ainsi, je prends place autour de l'îlot central en tentant de penser à autre chose. En vain. Tandis que Lilou se lance dans le récit palpitant de son rêve de la veille face à une Lara attentive, je suis incapable de suivre tant mon attention se focalise sur ce petit garçon qui mange en silence. Qu'est-ce qu'il attend de moi, à la fin... ? Merde alors !

Soudain, ne tenant plus sous cette pression qui m'écrase complètement, je me lève sans un mot avant de sortir de la cuisine.

Naturellement, je me rends au jardin où je finis assise sous le grand arbre. Bien que l'envie de monter à la cabane me démange - surtout l'idée de pouvoir m'y cacher - je reste là, à contempler le ciel dégagé et bleu à travers les feuillages. Comment faire pour changer ça ?

Brusquement, je sursaute en voyant Lara juste en face de moi. Accroupie à quelques millimètres à peine, je ne l'avais même pas vu, ni entendu d'ailleurs. Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?

« Gaby...Je sais que c'est difficile- »

« Vraiment ? Il me semble que ton fils t'adore, non ? »

« D'accord. Je ne sais pas ce que c'est, mais ça va s'arranger... »Souffle-t-elle, terrassée de peine.

« Ouais. Ça s'arrangera le jour où j'admettrais que je déteste mon propre enfant ? Quel genre de mère je suis, Lara... ? »

Malgré moi, des larmes inondent mes joues tandis que mon regard reste froid et colérique.

« Tu es une mère formidable et tu l'aimes, Aaron. Ça, je le sais. »Répond Lara, particulièrement émue de me voir dans un tel état.

« Mais pas lui... Pas lui... »

« On va trouver une solution. Je te le promets. Maintenant, sèche tes larmes et allons passer une bonne journée. » Sourit elle en me tendant la main.

Au même moment, nos chères invitées font leur entrée dans le jardin.

« Tout le monde est prêt pour passer une super journée ? »Scande Adèle.

Aussitôt, Lilou et Aaron se précipitent dans le jardin avant de se jeter sur leur tante Addy. En le voyant rire aux éclats sous les chatouilles de ma meilleure amie, ma colère fait place à une détermination sans faille. Alors, je me lève, essuie mes larmes avant de plaquer un sourire sur mes lèvres.

Intérieurement, je boue. J'ignore ce qu'il ne va pas avec ce petit, mais je jure sur ma propre vie, que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir, pour reprendre ma place légitime auprès de lui.



FIN.

Destiny... (T. 6)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant