Chapitre 56 : Nathan

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Je suis assis dans la cuisine, l'air maussade, sous le regard perçant de ma mère qui continue de m'asséner le même flot de reproches depuis vingt minutes. Elle est debout, bras croisés, le visage fermé, tandis que mon père, plus détendu, prépare un café sans même lever un sourcil.

J'avais complètement zappé qu'ils rentraient aujourd'hui comme pour chaque vacances d'hiver pour le repas de Noël, ainsi que pour le gala de fin d'année. Ma mère co-organise ce gala qui réunit toutes les familles les plus friqués de la ville pour fêter la nouvelle année.

Elle reprend, le ton sec :

— Je ne comprends toujours pas comment une fille à moitié nue finit dans ton lit. Ça ne t'embarrasse pas le moins du monde ?

Je soupire et me passe la main sur la nuque, tentant de rester calme.

— Maman, c'est ma copine. Elle est restée dormir, pas besoin de faire un dessin.

Mon père, sans s'arrêter de préparer le café, lève la tête et propose :

— Tu veux un café, Nate ?

Je hoche la tête.

— Oui, sans sucre, comme d'hab'.

Ma mère pousse un soupir exaspéré, foudroyant mon père du regard.

— William, je suis en train d'essayer de discipliner notre fils et tu lui proposes un café !

Mon père lui adresse un sourire indulgent, complètement indifférent à son regard noir.

— Ma puce, Nathan a 21 ans, pas 15. À 21 ans, on dort avec sa copine. D'ailleurs, tu te souviens de ce qu'on faisait à cet âge-là quand tes parents n'étaient pas là ?

Je grimace, en repoussant mon café.

— Je veux vraiment pas entendre ces détails, merci.

Ma mère secoue la tête et pince les lèvres.

— Écoute, ce n'est pas parce que nous avons fait nos bêtises que ça doit se reproduire ici. Et moi, je refuse d'être grand-mère avant d'avoir publié mon premier roman !

Je roule des yeux en avalant une gorgée de café.

— Il y a les préservatifs maintenant, tu sais.

Ma mère me fusille du regard, et je me retiens de sourire. Elle n'a pas fini de poser des questions.

— Bien, alors qu'est-ce que cette fille fait ici ? Et pourquoi elle semble occuper la troisième chambre d'amis ? Depuis quand héberges-tu des... des... personnes sans notre autorisation ?

Je prends une inspiration avant de répondre, cherchant mes mots pour éviter de tout envenimer.

— Maman, elle n'a nulle part où aller, alors je l'héberge. C'est temporaire.

Ma mère me regarde, surprise.

— Sans rien nous dire ? Nathan, tu n'as même pas demandé d'accord. Nous restons tes parents, nous devons être informés de ce genre de choses. Et puis, on ne la connais même pas, cette fille...

— Elle s'appelle Riley, et c'est ma copine, dis-je sèchement, fatigué de ce jeu de questions. Je me fiche de l'autorisation. Vous n'êtes jamais là, de toute façon. En quoi ça change quoi que ce soit ?

Mon père lève les mains en signe d'apaisement.

— D'accord, on ne va pas s'énerver. Peut-être qu'on peut essayer de contacter ses parents, de leur en parler ? Essayer de trouver une solution ensemble ?

Je déglutis, une pointe de colère montant en moi.

— Sa mère l'a abandonnée et son père est en prison. Il n'y a pas de parents à appeler, d'accord ?

The Midnight GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant