A l'ombre de nos souvenirs

Chapitre 9 : L'éloignement

Les mois passèrent, et Élisa sentait peu à peu ses blessures se refermer. Sa relation avec Max s'était renforcée, basée sur une complicité sincère et un soutien mutuel. Ils partageaient des moments simples, loin des montagnes russes émotionnelles qu'elle avait connues avec Nathan. Avec Max, elle redécouvrait la douceur de la stabilité, et bien qu'elle avance prudemment, elle se sentait plus sereine qu'elle ne l'avait été depuis longtemps.

Un soir d'été, alors que le soleil commençait à se coucher, Élisa et Max se promenaient main dans la main le long du quai. La lumière dorée du crépuscule baignait la ville dans une chaleur apaisante. Ils s'arrêtèrent pour observer le fleuve, chacun perdu dans ses pensées, lorsque Max lui glissa doucement :

__ Élisa, je ne veux pas te brusquer, mais... je sens qu'il est peut-être temps qu'on parle de ce que nous sommes, toi et moi.

Élisa détourna son regard vers lui, surprise par l'honnêteté de sa question. Elle savait qu'elle lui devait une réponse, et peut-être aussi à elle-même. Elle prit une grande inspiration, rassemblant ses pensées.

__ Max, depuis le début, tu as été là pour moi. Tu m'as aidée à retrouver un équilibre, à comprendre que l'amour peut être autre chose qu'une course folle. Avec toi, je me sens bien, je me sens... moi-même. Elle sourit timidement, cherchant les mots pour exprimer ce qu'elle ressentait. Mais je crois que j'ai encore besoin de temps pour laisser complètement le passé derrière moi. J'apprends à guérir, et... à m'ouvrir de nouveau.

Max hocha la tête avec compréhension, son sourire bienveillant éclairant son visage.

__ Je comprends, Élisa. Je suis prêt à patienter. L'important pour moi, c'est que tu sois heureuse et en paix avec toi-même.

Les mots de Max la touchèrent profondément. Elle savait qu'elle avait fait le bon choix en lui ouvrant son cœur, même si c'était progressivement. Il ne cherchait pas à la forcer, il respectait son rythme. C'était quelque chose de nouveau pour elle, quelque chose de précieux.

Quelques semaines plus tard, un soir où elle rentrait chez elle après une longue journée de travail, Élisa trouva une lettre dans sa boîte aux lettres. Elle reconnut immédiatement l'écriture de Nathan. L'enveloppe était sobre, mais Élisa sentit son cœur se serrer en voyant son nom tracé de cette écriture familière.

Elle hésita un instant, la lettre tremblant dans sa main. Devait-elle l'ouvrir ? Après tant de mois de silence, qu'avait-il bien pu ressentir pour revenir vers elle ainsi ? Finalement, elle s'assit dans son salon, ouvrit l'enveloppe et se plongea dans les mots de Nathan.

    "Élisa,

    J'ai longtemps hésité avant de t'écrire cette lettre. Chaque mot me semble bien faible face à ce que je ressens et à tout ce que je t'ai fait vivre. Je sais que j'ai blessé la personne que j'aimais le plus, et même si cela fait des mois, la douleur de ton absence ne m'a jamais quitté.

    Ma famille avait besoin de moi, et, pris dans mes responsabilités, je me suis perdu. J'ai voulu protéger les autres, mais j'ai oublié de me battre pour nous. J'ai compris bien trop tard que je te laissais partir, et que ce choix avait des conséquences que je devrai porter toute ma vie.

    J'ai eu besoin de ce temps pour comprendre ce que tu signifiais pour moi, pour réaliser que l'amour que je ressentais ne devait pas être un poids pour toi, mais une force. Si tu as trouvé quelqu'un d'autre qui prend soin de toi comme tu le mérites, je ne peux que me réjouir pour toi. Mais si, au fond de toi, il reste une place pour moi, sache que je suis prêt à tout pour la reconquérir.

    Prends tout le temps qu'il te faudra pour répondre, ou ne réponds pas du tout. Mais je voulais que tu saches que, quoi qu'il arrive, je t'aimerai toujours."

Les larmes coulaient sur les joues d'Élisa. Cette lettre réveillait des émotions qu'elle avait enfouies. Nathan restait une partie d'elle, une histoire inachevée. Et pourtant, elle savait qu'elle avait changé, qu'elle était devenue plus forte, plus consciente de ce qu'elle voulait pour elle-même.

Elle se leva, le cœur en bataille, et sortit prendre l'air pour réfléchir. Assise sur un banc du parc, elle sentit la lettre de Nathan entre ses doigts, comme un rappel des moments intenses qu'ils avaient partagés. Mais en fermant les yeux, c'est le visage de Max qui lui apparut. Sa patience, sa douceur, sa compréhension... C'était lui qui avait été là pour elle, qui avait su l'aimer sans la presser, qui avait compris ses fragilités.

Le lendemain, Élisa décida de retrouver Max pour lui parler. Elle l'invita à se promener dans ce parc qui était devenu leur refuge, et il sentit immédiatement qu'elle avait quelque chose d'important à lui dire.

__ Max, j'ai reçu une lettre de Nathan, avoua-t-elle, l'émotion se lisant dans ses yeux. Il est revenu vers moi, il m'a parlé de tout ce qu'il ressent encore... et j'ai eu besoin de temps pour comprendre ce que ça signifiait pour moi.

Max resta silencieux, le visage calme, même si Élisa pouvait deviner une pointe de tension dans son regard.

__ Je ne te mentirai pas, poursuivit-elle. Nathan a compté pour moi, et il a longtemps occupé une place dans mon cœur que je pensais indétrônable. Mais... après tout ce temps, après toutes ces choses que j'ai traversées, j'ai compris que je ne suis plus la même personne. Ce que je ressens pour lui fait partie de mon passé. Toi, Max, tu fais partie de mon présent, de mon futur, si tu veux toujours de moi.

Un sourire de soulagement s'étira sur le visage de Max. Il lui prit les mains, la regardant avec tendresse.

__ Élisa, j'ai toujours voulu te voir heureuse, et si tu penses que ce bonheur est avec moi, alors oui, je veux tout partager avec toi.

Elle lui sourit, soulagée, sentant enfin le poids de son passé s'envoler. Ensemble, ils restèrent là, unis dans un silence apaisant, conscients qu'ils venaient d'ouvrir un nouveau chapitre, loin des ombres de leurs anciennes blessures.

Élisa avait enfin trouvé ce qu'elle cherchait : un amour simple, sincère, où elle pouvait être pleinement elle-même. Et, pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait prête à construire un avenir lumineux, main dans la main avec quelqu'un qui l'acceptait telle qu'elle était, sans attendre d'elle qu'elle soit autre chose.

C'était le début d'une nouvelle vie, et Élisa, cette fois, savait qu'elle était prête.