Chapitre 16 : Le poids des regrets

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Alors qu'Élisa et Max retrouvaient leurs marques dans leur ville natale, une ombre commença lentement à planer sur leur bonheur. Max, absorbé par sa nouvelle promotion, voyait ses responsabilités augmenter de jour en jour. Les heures supplémentaires, les déplacements, et les soirées passées à gérer des crises professionnelles se multiplièrent, et bien qu'il tentât de rester présent pour Élisa et Anna, l'équilibre devenait de plus en plus difficile à maintenir.

Élisa, de son côté, s'occupait du blog et d'Anna, tout en ressentant de plus en plus la solitude et la pression d'être la seule à jongler avec les responsabilités familiales au quotidien. Elle ne voulait pas déranger Max, sachant combien ce poste comptait pour lui, mais une distance invisible commençait à les séparer.

Un soir, alors qu'Élisa venait de coucher Anna, elle s'installa dans le salon, un sentiment de frustration et d'inquiétude grandissant dans sa poitrine. Max n'était toujours pas rentré, et cela faisait plusieurs soirs de suite qu'elle se retrouvait seule à attendre, espérant que cette fois-ci, il franchirait la porte plus tôt, lui sourirait, et leur raconterait sa journée.

Quand enfin il rentra, fatigué et absorbé par son téléphone, Élisa sentit la tension éclater.

__ Max, il faut qu'on parle, dit-elle, le ton calme mais empreint d'une gravité qu'il ne lui connaissait pas.

Max leva les yeux, pris de court par son regard sérieux.

__ Je sais, Élisa, je suis désolé pour toutes ces absences. Le travail est plus exigeant que je ne l'avais anticipé, mais ça va se calmer, je te le promets.

__ Ça fait des semaines que tu dis ça, Max. J'ai l'impression que ce poste te prend tout, et que chaque jour, un peu de toi nous échappe.

Max resta silencieux, ne trouvant pas les mots pour rassurer Élisa. Sa promotion lui avait apporté beaucoup de satisfaction, mais elle lui prenait aussi son énergie et son temps. Il savait que ce qu'elle disait était vrai, mais il se sentait piégé entre ses ambitions professionnelles et sa vie de famille.

__ Élisa... je fais ça pour nous, pour assurer un avenir à Anna. C'est temporaire, vraiment, tenta-t-il, mais elle secoua la tête.

__ Je ne veux pas d'une vie où tu n'es jamais là. Ce que je veux, c'est nous, ici, ensemble, dans cette maison, à construire des souvenirs avec Anna. Pas juste à attendre que tu rentres tard le soir, épuisé.

Le silence qui suivit était lourd, chargé de ressentiments accumulés et de sentiments contradictoires. Max soupira, se sentant acculé, tandis qu'Élisa, elle, sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle ne savait plus comment exprimer ce sentiment d'abandon sans qu'il pense qu'elle lui reprochait son dévouement au travail.

La conversation s'arrêta là, laissant un goût amer. Pendant les jours suivants, ils continuèrent leur routine, chacun de son côté, comme s'ils marchaient sur des œufs, évitant les sujets sensibles. Max promettait des changements, mais les jours se succédaient, identiques, et leur complicité s'effritait peu à peu.

Quelques semaines plus tard, alors qu'Élisa cherchait des documents dans le bureau de Max, elle tomba sur un billet d'avion. Le billet indiquait un aller-retour pour New York, prévu dans deux jours. Sur le moment, elle se sentit déstabilisée : il ne lui avait jamais parlé d'un voyage si proche. Elle s'assit, le billet à la main, un sentiment de trahison perçant au fond d'elle.

Lorsque Max rentra ce soir-là, elle l'attendait, le billet posé sur la table du salon.

__ Tu allais me dire quand, pour New York ? Tu allais encore me laisser seule ici sans même prendre le temps de m'en parler ? lança-t-elle, la voix chargée de reproches.

Max prit une grande inspiration.

__ Élisa, ce voyage était prévu en urgence. C'est une réunion cruciale pour le projet, et je pensais que c'était plus simple de t'en parler quand tout serait réglé.

__ Plus simple ? Ou juste plus pratique pour toi de m'écarter et de prendre tes décisions seul ?

Les mots d'Élisa résonnèrent lourdement. Max comprit à quel point elle se sentait mise de côté, mais il n'avait pas imaginé à quel point la situation les avait éloignés. Lui, accaparé par son travail, et elle, isolée dans leur quotidien, avaient tous deux accumulé une douleur qu'ils n'avaient pas su exprimer.

__ Élisa, je... je ne veux pas qu'on se perde à cause de ça. Ce travail est important, oui, mais pas au point de tout détruire entre nous, murmura-t-il, cherchant son regard.

Elle baissa les yeux, submergée par la fatigue et le chagrin.

__ Alors montre-le, Max. Prouve-le. Parce que je ne peux plus vivre comme ça.

Ce soir-là, Max prit la décision de renoncer au voyage. Il appela ses supérieurs, leur expliquant qu'il devait prioriser sa famille. La décision lui coûtait, mais il savait qu'il devait choisir, qu'il ne pouvait plus continuer à tirer sur la corde au risque de tout briser.

Les semaines qui suivirent, Max fit de véritables efforts pour se montrer plus présent. Ils discutèrent longuement, renouant avec cette complicité qui avait été le pilier de leur relation. Élisa, elle, mit des mots sur ses ressentis, partageant ses peurs de voir leur famille s'effriter.

Petit à petit, ils reconstruisirent leur équilibre. Max prit le temps d'être plus présent, et Élisa, sentant ses efforts, retrouva une sérénité qu'elle croyait perdue. Ils comprirent ensemble que l'amour nécessitait des choix, des concessions, et parfois, des sacrifices, pour que leur famille demeure un refuge stable et harmonieux.

Et bien qu'ils sachent qu'il y aurait encore des défis à affronter, Élisa et Max se sentaient prêts, ensemble, à affronter l'avenir.

A l'ombre de nos souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant