Prologue

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2018

Amos

J'étais dans ma chambre, cette nuit-là, perdu dans mes pensées, quand tout a basculé. C'était une nuit comme tant d'autres dans notre maison, avec ses ombres inquiétantes et ses murmures en bas, presque un fond sonore que j'essayais de ne plus entendre. Mais cette nuit-là... quelque chose était différent, je le sentais. Il y avait cette espèce de silence oppressant, comme si la maison retenait son souffle.

Puis j'ai entendu la porte du salon s'ouvrir violemment. Je me suis figé. Ce n'était pas comme d'habitude, c'était plus brutal, plus rapide. Un coup, suivi d'un éclat de voix, étouffé mais intense. Et puis... des tirs. Le premier m'a traversé comme un coup de tonnerre. Je me suis redressé, tous mes muscles contractés, le cœur battant si fort que ça me faisait mal. J'ai entendu un cri, celui de ma mère, comme un écho terrifié que j'avais jamais entendu avant.

Sans réfléchir, je me suis levé et j'ai ouvert le tiroir. Mes mains ont trouvé l'arme, celle que mon père m'avait cachée dans un moment d'angoisse, une promesse de protection. Il m'avait dit, sans trop m'expliquer, que cette arme était là pour le « au cas où ». Et ce soir, ce « au cas où » était là. J'ai senti le métal glacé me brûler les doigts, mais c'était la seule chose qui me donnait la force d'avancer.

Je suis descendu, un pied après l'autre, essayant de me faire silencieux, de garder un semblant de calme. Mais en bas, la scène était plus terrible que ce que j'avais imaginé.

Le salon était plongé dans l'obscurité, juste éclairé par quelques lampes qu'ils avaient sûrement laissées allumées pour discuter. Mais je pouvais voir les ombres – des silhouettes, trois, quatre, non, cinq hommes armés, leurs regards durs et les canons brillants de leurs armes braqués droit devant eux. Au centre, il y avait mon père, debout, les épaules droites, tentant de leur tenir tête, comme s'il n'avait pas peur. Mais moi, je savais qu'il n'y avait plus rien à faire.

Ma mère était à quelques pas, près du mur. Son visage, même dans la pénombre, exprimait une terreur que je n'avais jamais vue. Et c'est là que je l'ai compris : ils étaient piégés, et ils savaient ce qui allait se passer.

Je n'ai pas réfléchi. Sans prendre le temps d'hésiter, j'ai levé le bras et j'ai tiré. Un coup. Le son a éclaté dans mes oreilles, une détonation qui m'a semblé déchirer le silence comme une lame. Un des hommes s'est retourné, surpris, cherchant l'origine de ce tir. J'ai tiré encore, une seconde fois, mais mes mains tremblaient et la balle est partie de travers. Ce n'était pas suffisant.

Et puis, tout s'est précipité.

Le regard de mon père a croisé le mien, juste une seconde, comme s'il me voyait pour la dernière fois. Il n'a pas eu le temps de dire un mot qu'un coup de feu l'a frappé en pleine poitrine. Il est tombé à genoux, ses mains sur sa blessure, ses yeux fixés sur moi jusqu'à son dernier souffle. Mon estomac s'est noué, la terreur m'a envahi, mais je n'ai pas eu le temps de réaliser ce qui venait d'arriver. Un autre coup de feu a résonné, celui-là dirigé vers ma mère. Je l'ai vue, dans cette dernière seconde, figée de peur, puis elle s'est effondrée à son tour.

Je me suis laissé tomber au sol, le visage brûlant de larmes, les mains crispées sur l'arme que je n'avais même pas su utiliser pour les sauver. C'était trop tard. Tout ce que j'aimais, tout ce qui faisait que cette maison avait été un jour un foyer... venait de s'effondrer en quelques secondes.

Cette nuit-là, quelque chose s'est brisé en moi. Une promesse silencieuse, un goût de vengeance, une rage que j'allais laisser grandir, un feu que rien n'éteindrait.

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Je débute de manière assez directe, je l'admets, surtout que cette scène me fend le cœur. Ça ne vous fait pas cet effet ?

Mais ne vous inquiétez pas, il n'y aura pas que des moments tristes ! ;)

Sous les néons de l'interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant