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Amos

Quand j'arrive devant la voiture, mon premier réflexe, c'est de la reluquer, cette fameuse Zélia. Je prends bien le temps de l'examiner, de haut en bas, même si je l'ai déjà fait toute la soirée. Elle a tout ce qu'il faut, là où il faut : des formes qui captent l'attention, un visage doux, limite angélique, et ses cheveux blonds, ça lui va bien. Un vrai canon, en fait, je comprends pourquoi j'ai tenté quelque chose. Mais ouais, elle a ce truc d'arrogant, un truc gamin et insoumis qui commence à me gonfler. Elle veut jouer ? OK. On verra bien.

Dans la voiture, ils se mettent tous à papoter, évidemment, sauf moi. Moi, je reste silencieux, coincé entre cette soirée merdique et l'envie de comprendre pourquoi elle me chauffe autant les nerfs, cette fille-là. Depuis quand on me recale, moi ? Et pourtant, y a un truc chez elle. Je sais pas trop quoi, mais un truc qui me donne envie de la cerner, de comprendre pourquoi elle se croit si spéciale.

Je jette un coup d'œil dans le rétro, juste pour voir si elle a remarqué que je la scrute. Elle discute, un air tranquille, un sourire léger aux lèvres. Un peu gamine, c'est clair, mais peut-être bien que c'est ce côté inaccessible qui m'attire. J'suis pas du genre à laisser tomber quand quelqu'un me résiste, surtout pas pour une personne comme elle, si facile.

Et pile à ce moment-là, nos regards se croisent dans le rétro. Elle me fixe sans même ciller, sans la moindre trace de gêne. Alors, bien sûr, je lui renvoie un regard noir, histoire de lui montrer qui elle est en train de provoquer. Elle sait pas, elle peut même pas imaginer. Moi, Amos, chef de gang, habitué à ce que tout le monde baisse les yeux ou, au pire, détourne le regard. Mais elle, non. Elle reste là, à me fixer comme si j'étais un type lambda. Presque comme si elle s'en foutait. Ma réputation, même si mes activités restent secrètes, est bien connue sur le campus. Quand elle découvrira ce qui se cache derrière, elle fera moins la fière.

Le jeu de regards dure, et j'avoue, ça me rend dingue. Elle lâche rien. Et quand je dois retourner mon attention sur la route, je sens la frustration monter encore plus. Elle me met la rage, cette fille. Sérieusement.

Quand on arrive enfin pour les déposer, je me tourne et lâche en l'a fixant :

— Allez, on descend les princesses, faut bien que tout le monde rentre en sécurité, je balance, l'air narquois.

Je pensais la piquer, mais elle me renvoie une réplique du tac au tac :

— Merci pour le trajet, prince charmant, dit-elle en me balançant un sourire sarcastique.

Ça me coupe. Les autres se mettent à rire, Lorenzo et Diego explosent, comme si c'était la meilleure réplique qu'ils avaient entendue depuis des mois. Elle claque la portière et commence à s'éloigner avec son air supérieur, comme si elle venait de remporter une victoire. Je sens mon poing se serrer sur le volant.

Diego, toujours en train de rire, lui lance une remarque qui m'arrache un regard noir.

— Hé, Zélia, fais gaffe. Tu sais pas à qui tu t'adresses.

Elle se retourne, toujours ce même air défiant, comme si je lui faisais ni chaud ni froid.

— Ouais, bien sûr, elle réplique en levant un sourcil. Ça, c'est ce que disent les mecs qui essaient de se donner de l'importance.

Elle finit par se retourner et s'éloigner avec Louna, me laissant en plan, frustré comme jamais. Elle sait vraiment pas dans quoi elle s'embarque, celle-là. Parce que maintenant, j'ai qu'une envie : lui faire regretter d'avoir cru qu'elle pouvait me parler comme ça.

Le lendemain matin, je me réveille avec une gueule de bois bien méritée, le souvenir de la soirée d'hier flottant encore dans ma tête. Je descends les escaliers de notre appartement en mézanine, un vrai palace que je partage avec Lorenzo et Diego. Chaque gars a sa chambre et sa salle de bain, et on se connaît tous depuis des années, ce qui nous rend comme des frères. Une fois en bas, je me dirige directement vers la machine à café. Noir, comme mon humeur. J'ai besoin de cette dose pour commencer ma journée.

Sous les néons de l'interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant