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Zélia

Je me réveille dans un flou total, serrée dans des bras solides. Je cligne des yeux, encore à moitié endormie, et réalise que quelqu'un m'entoure. Je tourne un peu la tête et découvre Amos, profondément endormi à côté de moi. Je retiens mon souffle, surprise, en essayant de comprendre ce qui a bien pu se passer. Autour de nous, je repère Diego, Louna et Lorenzo, tous en train de dormir comme des bébés. Petit à petit, les souvenirs me reviennent.

La soirée avait commencé de façon normale : musique, rires, alcool. À un moment, Diego avait proposé de mater un film dans sa chambre. Harry Potter à l'école des sorciers, en fait. C'était son idée, et tout le monde semblait partant. Mais dès que j'ai entendu le générique, un nœud s'est formé dans ma gorge.

Ce film, c'était le préféré de ma mère et depuis sa mort, je ne l'avais jamais revu, incapable de replonger là-dedans sans être submergée par tout un tas de souvenirs. Et là, en quelques secondes, c'est comme si tout refaisait surface, trop fort et trop vite. Ça faisait mal. J'avais du mal à respirer, comme si on me serrait le cœur. Mais pas question de montrer ça aux autres, de leur faire voir à quel point ça me chamboulait, et de montrer que j'étais faible.Sauf que plus les minutes passaient, plus je sentais l'angoisse monter.

Quand soudain, je senti deux mains sur moi. L'une dans mon dos, l'autre qui tenait doucement la mienne. Et une voix murmurant près de mon oreille : "Détends-toi, calme-toi... Tout va bien." Je me suis tournée, stupéfaite, et j'ai découvert Amos, qui me regardait avec une douceur que je ne lui connaissais pas. Je m'attendais à tout sauf à ce qu'il m'attrape ainsi, et encore moins qu'il remarque que je n'allais pas bien. Son regard me disait que je pouvais me laisser aller, alors j'ai fait quelque chose d'inattendu : je me suis laissée aller dans ses bras, j'avais besoin de ressentir de la sécurité et du confort et bizarrement je fini par m'endormir là, bercée par une espèce de chaleur rassurante.

Mais ce matin, maintenant que je suis réveillée, tout ça me semble carrément étrange. C'était quoi, ce moment de faiblesse ? Moi, dans les bras d'Amos ? Moi vulnérable face à un mec comme lui ? Non, ça ne me ressemble pas. Et si lui s'imagine que ça signifie quelque chose... Non, pas question. Je le suis redevable, certes, pour son aide mais je refuse qu'il en profite, qu'il se dise qu'il a réussi à passer mes barrières, ou qu'encore il me prenne pour acquise. Je refuse qu'il pense ça.

Alors, sans un bruit, j'enlève doucement ses bras autour de ma taille. Il serre un peu plus fort dans son sommeil, mais j'arrive à me dégager et à me lever. Je m'approche de Louna, endormie à moitié sur Lorenzo, et la secoue légèrement.

—Louna, je rentre. J'ai besoin de courir, je murmure.

Elle entrouvre un œil et me regarde comme si j'étais dingue.

— À cette heure-ci ? T'es sérieuse ? Va dormir un peu...

Elle referme les yeux aussitôt, ce qui me fis rire et je quitte la chambre en silence.

Une fois dehors, je respire un grand coup. Le froid du matin me fait du bien, me sort de cette ambiance étrange. Je rentre chez moi, enfile mes affaires de sport et pars courir, comme pour tout effacer, remettre mes idées en place. Chaque pas me fait du bien, me libère un peu plus. Mais Amos revient dans ma tête malgré moi, encore et encore. Ce n'était rien, un moment de faiblesse, une réaction à des souvenirs douloureux. Rien de plus. Mais je ne peux pas nier que, dans ses bras, j'avais ressenti une sorte de réconfort que je ne connaissais plus depuis ma mère.

Mais aujourd'hui, c'est dimanche, et j'ai d'autres choses à gérer. Mon père m'attend pour déjeuner. On doit discuter des objectifs pour l'année, de mon prochain rôle au sein du gang. Et demain, c'est la rentrée. J'ai pas mal de choses à prouver cette année, et personne, ni les souvenirs, ni Amos, ne viendra perturber ça.

Sous les néons de l'interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant