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Amos

Mercredi. Deux jours seulement depuis la rentrée, et j'en pouvais déjà plus. Ça traînait en longueur, la fac. Une putain de perte de temps, mais j'avais promis à mon père, alors il fallait que je m'y tienne. Heureusement que je suis déjà en troisième année – plus que deux ans, et c'est fini.

Ça faisait également deux jours que je n'avais pas vu Zélia. Tant mieux, à vrai dire, elle sait comment m'énerver comme personne. Mais, d'un autre côté, elle m'intrigue, cette fille. Un truc que j'arrive pas à ignorer. Comme si j'avais besoin de la comprendre, de savoir ce qu'elle cache. Pure curiosité, rien de plus.

En fin d'après-midi, j'ai un cours de commerce, et ils ont eu la merveilleuse idée de mélanger toutes les années. Elle sera sûrement là, bien sûr.

J'arrive, en retard comme d'hab, ce qui me fait marrer. Je pense mon temps a engueuler mes gars s'ils osent faire la même chose, mais moi... J'en ai rien à faire.

Je me glisse au fond de l'amphi, histoire de pas trop me faire remarquer, et je balaye la salle du regard. Elle est là, au premier rang, évidemment, rien d'étonnant.

À côté d'elle, s'est installé un type essaie et je remarque trop vite qu'il essaye de capter son attention, comme s'il se croyait irrésistible. Elle l'ignore d'abord, comme je m'y attendais, mais après quelques minutes, elle commence à lui parler, et puis... à rire.

Sérieusement ? Elle me rejette moi et elle rigole avec ce type ? Elle croit vraiment que je vais laisser passer ça sans réagir ?

Quelques minutes plus tard, le prof lança un débat sur les méthodes pour capter un public. Il posait une question ouverte : « Pour réussir dans le commerce, quelle est la meilleure stratégie pour attirer et retenir l'attention ? ». Je roulais déjà des yeux avant même qu'il ait fini sa phrase. Et là, qui lève la main en premier ? Zélia. Bien sûr. Elle se lance dans son truc idéaliste :


— Pour captiver quelqu'un, le plus important, c'est de créer une connexion. Montrer une attention sincère, que ce soit avec un client ou un partenaire. C'est l'authenticité qui laisse la plus forte impression.

Pff, c'était mignon, vraiment, mais totalement à côté de la plaque. Sans attendre, je me redressai, prêt à renvoyer la balle.


— Donc, tu crois qu'être sincère suffit ? C'est un peu naïf, non ? Ce qui marche vraiment, c'est de captiver, de s'imposer, pas d'envoyer des sourires mielleux. Là, les gens se souviennent.

Zélia, surprise, se tourna vers lui, les yeux lançant des éclairs. Elle lui répliqua, un sourire de défi au coin des lèvres :
— Imposer sa présence ? Donc pour toi, la manipulation est la solution ? Il faut être plus intelligent que ça, savoir inspirer plutôt que jouer des muscles.

Elle me lança un regard assassin, ses yeux s'illuminant d'un feu que je n'avais encore jamais vu. Elle m'intriguait, je devais le reconnaître. Elle ne se laissa pas démonter et me répliqua, avec ce petit sourire arrogant qui me donnait envie de la provoquer encore plus.

— Donc, pour toi, c'est la manipulation ? Impressionner les autres, ce n'est pas jouer des muscles. C'est plus subtil que ça, Amos, mais apparemment tu comprends pas.

Je me penchai en avant, bien décidé à la faire sortir de ses gonds.

— Inspirer, c'est mignon, comme toi quand tu bats des cils. Mais, au cas où tu l'aurais pas remarqué, c'est pas comme ça qu'on s'impose. Ce qui marche, c'est d'attirer l'attention de n'importe qui, pas de glousser avec le premier type venu.

Elle rougit, mais ses yeux lançaient des éclairs. Touché.

— Et ça veut dire quoi, ça, Amos ? siffla-t-elle, glaciale.

Je souris, provocateur.

— Bah, je sais pas... Peut-être que t'as pas encore compris comment vraiment captiver les gens, princesse. Et non, c'est pas en souriant gentiment aux autres gars du premier rang que tu vas y arriver.

Elle se figea, et je vis la rage se dessiner dans ses traits. Avec un geste brusque, elle rassembla ses affaires, et sans un mot, elle sortit. Le reste de la classe me regardait, mais franchement, j'en avais rien à faire. Le plus intéressant venait de sortir par la porte.

Je la suivis sans trop réfléchir, et je la trouvai dans les toilettes, appuyée contre le lavabo, visiblement en train d'essayer de se calmer. Elle leva les yeux vers moi, glaciale.

— Quoi, maintenant tu me suis ?

Je m'avançai, refermant la porte derrière moi, bras croisés et sourire en coin.

— J'avoue, je m'attendais pas à ce que tu te barres comme ça. On n'avait pas fini.

Elle me lança un regard plein de défi et s'avança jusqu'à ce que l'espace entre nous soit réduit à presque rien

— Pas fini ? C'est toi qui as commencé, Amos. Et tu penses vraiment que tu vas me parler comme ça ?

Je haussai les épaules.


— Peut-être que j'aime te voir en colère. Enfin, un peu de caractère.

Elle serra les poings, visiblement prête à exploser.


— Car je n'avais pas assez de caractère en te repoussant ?

Aille. Touché. Mais je continuai, en ignorant cette phrase et en plus doucement cette fois.

—Peut-être que ça t'embête plus que t'es prête à l'admettre, tout ça. Ça te fait quoi de savoir ce que je pense de toi, Zélia ?

Elle redressa le menton, s'efforçant de ne rien montrer, mais je sentais qu'elle hésitait, que ça la faisait cogiter.


— Ce qui m'ennuie, Amos, c'est que tu sois incapable de penser à autre chose qu'à toi.

Je haussai un sourcil, amusé.


— Ah ouais ? C'est ce que tu crois ? Et pourtant, t'es toujours là, à répondre.

Elle inspira profondément, et malgré sa colère, je savais qu'elle n'allait pas reculer.


— Parce que je fuis pas, même quand quelqu'un comme toi se prend pour le centre du monde.

Un sourire m'échappa. Pour la première fois, peut-être, c'était sincère.


— Ça, je te l'accorde, princesse.

Je la fixai un instant, sans bouger, et là, d'un coup, son regard changea. Une lueur, une espèce de défi brûlant dans ses yeux, qui me donna une envie dévastatrice de l'embrasser. Sans réfléchir plus loin, je glissai ma main autour de sa taille, la rapprochant de moi, nos regards s'accrochant comme une provocation silencieuse. Elle me donnait clairement l'impression qu'elle en avait autant envie que moi.

Alors je fonçai, posant mes lèvres sur les siennes, un baiser brut, un truc qui brûlait autant que ça défiait. Et elle, elle me le rendait, chaque baiser aussi intense, aussi mordant. Je la plaquai contre le mur, ma main s'ancrant dans son dos, nos souffles rapides se mélangeant. Je l'embrassais avec une fougue presque sauvage, un truc que j'avais même pas envie de contrôler, elle me rendait fou et elle le savait.

Mais tout à coup, elle me repoussa, pas trop fort, juste assez pour que ça me prenne au dépourvu. Elle leva les yeux vers moi, un mélange de désir et de trouble sur son visage. Avant que je puisse réagir, elle lâcha un « désolée » presque inaudible et fila sans se retourner.

Un instant, je restai là, les poings serrés, le cœur battant encore à tout rompre. Et la colère monta, sourde, brûlante. Elle pensait pouvoir partir comme ça, me planter là ? J'eus un rire amer, presque méprisant.

— Sérieusement, tu crois que tu vas t'en tirer comme ça, Zélia ?

Pas question que ça se termine comme ça.


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Wow, cette scène me donne encore des frissons ! Rien de tel qu'un bon "ennemies to lovers"... On rêverait toutes de vivre ça, non ?

C'est peut-être enfin le début de quelque chose !

Sous les néons de l'interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant