Chapitre 47

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John avançait dans les longs couloirs de ce château, un lieu qui, depuis vingt-trois ans, était devenu son foyer, bien qu'il n'ait jamais pu vraiment lui faire oublier le précédent. Les murs étaient riches en histoire, mais chaque pas lui rappelait un passé qu'il ne parvenait pas tout à fait à laisser derrière lui. Il arriva devant une porte, observa la pièce d'un coup d'œil avant d'y entrer. Une jeune femme aux cheveux noirs se tenait là, son regard bleu perçant balayant nerveusement la salle. Elle était visiblement impatiente, une anxiété presque palpable qui arracha un sourire à John. Il la reconnaissait si bien.

« Dona, » dit-il simplement.

La jeune femme tourna vivement la tête vers lui, surprise de le voir apparaître.

« John ! » s'exclama-t-elle, sa voix vibrante d'enthousiasme. Un large sourire illumina son visage, dissipant l'impatience qui marquait ses traits. Cela faisait plusieurs mois qu'ils ne s'étaient pas croisés, et elle n'attendit pas une seconde pour s'approcher de lui. Son sourire, presque espiègle, trahissait son excitation.

« Alors, c'est toi le chef de notre nouvelle équipe ? » demanda-t-elle en essayant de prendre un ton sarcastique, bien que son expression rayonnante en atténuât toute crédibilité.

Sans attendre de réponse, Dona s'approcha et l'enlaça avec chaleur. Ce simple geste exprimait ce que les mots ne pouvaient pas tout à fait saisir.

John lui rendit son étreinte avec une douceur réconfortante, savourant ce moment qui semblait combler un vide laissé par les années de séparation. Les derniers temps avaient été rudes, chacun engagé dans des missions aux quatre coins du royaume, avec des équipes différentes, des priorités différentes. Ces retrouvailles portaient en elles une chaleur familière qui réveillait leurs souvenirs communs, des moments où ils avaient risqué leur vie ensemble, partagé des peurs et des victoires, formant un lien indéfectible.

Pour John, cette étreinte contenait aussi un soupçon de regret. Il savait que, malgré toute sa bonne volonté, il n'avait pas été aussi présent qu'il l'aurait voulu pour Dona. Les responsabilités les avaient chacun appelés dans des directions différentes, et ces longues périodes d'absence lui rappelaient cruellement à quel point il tenait à elle, presque comme sa soeur. Elle était la dernière parcelle de ce qu'il considérait comme une famille, et la voir grandir sans avoir pu l'accompagner avait toujours laissé en lui un sentiment amer.

Mais aujourd'hui, ils étaient à nouveau ensemble, et pour une fois, la perspective d'une année complète côte à côte laissait entrevoir une lueur de stabilité. C'était une rareté dans leur monde instable, un luxe qu'ils n'auraient peut-être plus longtemps. La sensation de ses bras autour de lui dissipa pour un instant toutes les incertitudes.

Leurs retrouvailles furent rapidement interrompues par un léger gloussement, suivi d'une voix teintée de moquerie et d'assurance, qui fit écho dans la pièce, annonçant l'arrivée des deux autres membres de leur nouvelle équipe.

« Oh... Vous savez qu'il y a des chambres, hein ? Vous êtes tellement serrés qu'on croirait presque que vous essayez de fusionner, » lança la voix féminine avec une audace non dissimulée. Le ton n'avait rien d'innocent, et Dona, fidèle à elle-même, réagit immédiatement en se détachant des bras de John pour se tourner vers la jeune fille, les sourcils froncés.

Elle l'observa un instant, détaillant ses cheveux marron encadrant son visage avec une frange légère. Le sourire malicieux de la jeune femme, accompagné d'un air de défi et de provocation dans son regard, montrait clairement qu'elle cherchait une réaction. Elle inclinait la tête de côté, comme pour inviter Dona à lui répondre, ce qu'elle ne tarda pas à faire.

« Oh, tu sais, quand on est dans une équipe, on se concentre sur l'efficacité et le professionnalisme. Peut-être que tu comprendras ça plus tard, quand t'auras vu un peu plus de missions et un peu moins de... chambres, » répliqua Dona avec un sourire crispé mais poli, marquant un point avec une subtilité qui lui était propre. Sa voix était calme, mais ses mots chargés d'une pointe piquante, bien sentie.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant