Gabriel :
Je sens une vibration contre mon oreille, mais je n'y prête pas attention jusqu'au moment où je me rends compte que c'est mon téléphone qui affiche 7h30. Je me frotte les yeux et manque un battement de cœur en sautant hors de mon lit.
— Merde, ce n'est vraiment pas le jour pour être en retard !
Je cours à travers mon appartement et manque de trébucher sur la table basse du salon. J'attrape les premiers vêtements qui me tombent sous la main et les enfile le plus rapidement possible. Un coup d'œil à l'horloge : 7h38.
Je passe par la salle de bain, et, bien sûr, le jour où je suis en retard, j'ai une sale tête, c'est bien connu. Je coiffe rapidement mes cheveux bruns avec de l'eau et me brosse les dents, en espérant que cela suffira. Une goutte de dentifrice glisse sur ma chemise, mais je n'ai pas le temps de m'en soucier. Je chausse mes baskets, ferme ma valise et cours à travers le couloir pour sortir de l'appartement. Je claque la porte et dévale les escaliers, le bruit de mes pas résonnant dans le hall.
— En combien de temps peut-on être à l'aéroport, vous pensez ?
— Si j'y mets du mien, en 15 minutes, me dit-il.
— Vous allez devoir y mettre du vôtre, vous avez 11 minutes, lui dis-je.Le chauffeur me lance un regard à travers le rétroviseur et ne répond pas à ma dernière remarque. Il démarre, et je prie silencieusement d'arriver à l'heure pour prendre mon avion. Une dizaine de minutes plus tard, nous arrivons enfin à l'aéroport. Je paie le trajet au chauffeur et sors en trombe de la voiture.
— Merci, au revoir, dis-je en fermant la portière.
Je cours à travers l'aéroport, le sol carrelé résonnant sous mes pas, et je ne peux m'empêcher de m'arrêter pour acheter un café, car la journée n'a pas commencé comme je le voulais. Je savais que j'aurais dû dire non à Elio, mon meilleur pote, hier soir. Il m'a proposé d'aller en boîte avec ses collègues de travail, et je n'ai pas osé refuser, même si cela m'a coûté ma matinée. Je me maudis intérieurement ; résultat : je suis à deux doigts de rater mon vol, même si ça m'arrangerait de ne pas y aller. Mais bon, je n'ai pas le choix, j'ai promis à mon patron d'assister à ce forum des entreprises qui, d'après lui, est incontournable.
Je fais la queue derrière une blonde qui prend un peu trop de temps à commander à mon goût. Étant donné mon degré de nervosité, je fais une remarque cinglante :
— Ça vous dérangerait d'accélérer un peu, ma jolie ? J'ai un avion à prendre, lançai-je derrière son dos.
Elle se retourne et me fusille du regard.
— Je vous demande pardon, monsieur ? Je vous signale qu'on a tous un avion à prendre, c'est le principe même de l'aéroport, me crache-t-elle au visage.
Je m'apprête à rétorquer, mais mon téléphone vibre dans ma poche arrière. La jolie blonde continue son cirque, mais je ne l'écoute plus en décrochant.
— Bonjour, patron, essaie-je de cacher mon stress.
Je décide de dire adieu à mon café en voyant l'heure tourner et me dirige vers la porte indiquée sur le billet que m'a donné l'hôtesse de l'enregistrement.
— Gabriel, j'espère pour vous que vous êtes à l'aéroport.
— Bien sûr, patron, depuis au moins une bonne heure, mens-je.
— Bien, alors bon vol, ne me décevez pas.Il raccroche avant que je ne puisse le saluer. Je marche à grandes enjambées et me place dans la queue pour entrer dans l'avion.
Je suis d'autant plus énervé du fait que je n'ai eu mon café à cause de cette femme. Mais après tout je ne la reverrai plus jamais donc à quoi bon lui en vouloir.
Je consulte mon téléphone et échange des messages avec Elio, lui disant que j'ai failli être viré à cause de lui. Je fais défiler notre conversation, me remémorant nos échanges, nos blagues qui m'ont toujours fait sourire même dans les moments difficiles. Sa réponse ne tarde pas à arriver, et je reçois un émoji d'un doigt d'honneur, ce qui m'arrache un sourire, malgré mon agitation. C'est typiquement Elio ; même à des milliers de kilomètres, il trouve le moyen de me faire rire.
Je l'imagine, là, probablement en train de se moquer de moi en pensant à ma situation. Je n'ai pas vraiment beaucoup d'amis, et Elio est le frère que je n'ai jamais eu. Il sait comment me remettre en question sans jamais me juger, me poussant à dépasser mes limites tout en étant là pour moi quand les temps sont durs.
Alors que je continue à taper, je lui raconte mes mésaventures de la matinée, le taxi, la course effrénée à travers l'aéroport, et bien sûr, la rencontre inopinée avec la blonde du café. Je sais qu'il adorera ces détails croustillants et qu'il ne manquera pas de me taquiner à ce sujet.
La queue avance lentement et je tire ma valise à mes côtés. Je transpire ; je n'ai même pas eu le temps de prendre une douche, étant donné les circonstances de ma matinée. Quand vient mon tour, l'hôtesse de l'air me lance un sourire en s'adressant à moi.
— Vous allez bien à Séoul, monsieur ?
— Malheureusement, oui, lui réponds-je d'un ton monotone.L'hôtesse hausse les sourcils et me tend mon billet sans répondre. Je récupère mes affaires et attends que les portes de l'avion s'ouvrent.
Finalement, j'aurais pu prendre une douche, me dis-je silencieusement en regardant l'heure sur mon téléphone.
Une fois à bord, je me fraye un chemin dans l'allée étroite de l'avion et frissone à cause de l'air frais de l'avion. Je cherche mon numéro de siège : 12A. Lorsque je l'aperçois, je me rends compte que c'est un hublot. Cela aurait pu être une petite consolation, mais je ne suis pas d'humeur à admirer les nuages.
J'installe ma valise au-dessus de ma tête et mon sac à dos à mes pieds.
Je m'installe à ma place, juste à côté d'une femme d'une trentaine d'années, les cheveux châtains tirés en un chignon désordonné et des lunettes à monture épaisse. Elle me sourit chaleureusement. Je lui fait un sourire timide.
Je ferme les yeux et réfléchis à mes deux prochaines semaines dans ce pays que j'ai dit ne pas être ravi d'explorer. La Corée du Sud ne m'a jamais attiré, et j'y vais uniquement pour satisfaire les exigences de mon patron, qui m'a promis une promotion en échange de ma participation à un forum d'entreprises. Même si j'aime voyager, ce déplacement me semble davantage une obligation qu'une opportunité. La seule chose qui me réjouit, c'est d'échapper à la présence pesante de mon patron pendant deux semaines, ce qui me laisse espérer un peu de répit, même si je ne suis pas enthousiaste à l'idée de découvrir ce pays. Peut-être qu'une fois sur place, je trouverai le moyen d'en apprécier quelques aspects, malgré mon manque d'intérêt initial.
J'observe les dernières personnes monter dans l'avion et, à ma grande surprise, je repère la blonde du café. Je me baisse dans mon siège pour ne pas être vu et me maudis intérieurement. Évidemment, il a fallu qu'elle prenne le même vol que moi.
À la différence de moi, son enthousiasme est évident ; un sourire éclatant illumine son visage. Je détourne le regard, ne souhaitant pas qu'elle me voie, surtout après ma réaction plutôt franche tout à l'heure.
Je suis encore plus surpris de voir que son siège est juste derrière moi. Je soupire de frustration et fixe le paysage à travers mon hublot, tentant de me concentrer sur autre chose.
Une petite demi-heure plus tard, les consignes de sécurité nous sont présentées, mais je n'y prête pas attention. J'envoie un message rapide à ma mère et à Elio pour les prévenir que je m'envole, puis je mets mon téléphone en mode avion pose ma tête contre l'appuie tête et ferme les yeux.
La seule chose que j'entend c'est quatorze heures de vol.
Quatorze heures de vol...
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Hello ; )
merci d'avoir lu ce chapitre j'attend vos retours et je suis impatiente de vous poster la suite pour vous faire découvrir ma protagoniste : )
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DESTINation Séoul
أدب المراهقينGabriel, un entrepreneur espagnol de 25 ans vivant à Londres, doit se rendre à Séoul pour un voyage d'affaires de deux semaines, malgré son manque d'enthousiasme pour la Corée. En tant que bras droit du chef d'une grande agence de marketing , il n'a...