Sous les néons de l'interdit

12

Quelques heures plus tard, après une soirée de rires, de discussions sans fin et de shots enchaînés, je vérifiai mon téléphone. Une série de messages de Louna clignotait à l'écran. Elle m'écrivait qu'elle sortait en boîte avec les garçons et que ce serait génial si je les rejoignais. Un sourire étira mes lèvres à cette invitation spontanée. Je levai les yeux vers mes nouveaux amis du gang qui continuaient à rire autour de moi, mais après une bonne journée et l'alcool me chauffant doucement le corps, j'avais envie de retrouver mes amis, et surtout Amos.

Je prétextai que quelqu'un m'attendait ailleurs et pris un Uber. Quinze minutes plus tard, j'étais devant la boîte de nuit. Dès que je descendis, j'envoyai un message à Louna pour l'informer de mon arrivée, et elle répondit aussitôt qu'elle venait me chercher dehors, car la file était longue. Dès qu'elle me vit, elle me serra dans ses bras avec enthousiasme.

— Trop bien que tu sois là ! J'ai rien dit aux gars, petite surprise ! dit-elle avec un clin d'œil complice.

— Ah, j'adore ! Ça va être une bonne soirée, répondis-je, sentant l'euphorie grimper.

Une fois à l'intérieur, on trouva rapidement Diego et Lorenzo, qui exultèrent en me voyant. Ils m'entrainèrent sur la piste, mais à peine quelques pas et j'échappai de justesse à une chute, ce qui déclencha des rires autour de moi.

— Alors, t'as osé boire avec d'autres gens que nous ? plaisanta Diego en riant.

— Traîtresse ! ajouta Lorenzo avec un clin d'œil.

Amusée mais impatiente, je jetai un coup d'œil autour de moi avant de leur demander :

— Au fait, vous savez où est Amos ?

Louna leva les épaules.

— Il était avec nous tout à l'heure, répondit-elle d'un air innocent. Mais le regard échangé entre Diego et Lorenzo ne m'échappa pas, et je sentis immédiatement qu'ils me cachaient quelque chose.

— Qu'est-ce que vous cachez ? Il est où ?

Je les fixai intensément, m'attendant à ce qu'ils finissent par céder sous la pression.

— Désolé, on est sous silence radio, murmura Lorenzo, nerveux.

— Dites-moi !

— Je sais pas si ça va te plaire, finit par admettre Diego, embarrassé.

— Allez, crachez le morceau !

Ils échangèrent un dernier regard hésitant avant que Diego finisse par avouer :

— Il est parti aux toilettes... avec une fille.

Je me figeai.

— Pardon ? C'est une blague ?

Le sang me monta au visage, un mélange de colère et de déception. Je savais qu'on n'était pas officiellement ensemble, mais je pensais qu'on vivait quelque chose de spécial, quelque chose d'authentique. Il ne lui fallut donc même pas trois jours pour remettre tout ça en question ?

Sans attendre une seconde de plus, je me dirigeai d'un pas décidé vers les toilettes, mes amis me suivant du regard avec une certaine inquiétude. Et là, au moment où j'arrivais, je le vis : Amos sortait justement des toilettes avec une fille. Elle était superbe : grande, jambes élancées, longs cheveux noirs, et ce charme imperturbable que je détestais déjà. Ils s'échangèrent quelques mots, et avant de se séparer, elle se pencha pour lui murmurer quelque chose à l'oreille avant de l'embrasser rapidement sur la joue.

Je restai pétrifiée, dégoûtée. Il me fallut un instant pour réaliser ce qui me blessait le plus : l'idée qu'il ait pu se comporter ainsi, ou le fait qu'il n'ait même pas tenté de se retenir, en pleine boîte. Une rage sourde monta en moi, et dans cette boîte de nuit, j'avais juste envie de lui tourner le dos, de l'effacer comme lui venait de le faire avec nous.