Chapitre 16

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Mon géniteur se tient face à nous, avec ce sourire mauvais qui ne le quitte pas lorsqu'il est agacé par une situation. Comment peut-il se trouver là alors qu'il devait être en prison pour au moins 4 ans ?

— Vous ne venez pas dire bonjour à votre père les enfants ?

Un long frisson de peur me parcourt l'échine, terrifiée à l'entente de sa voix. La seule lueur d'espoir qui me traverse est que nous sommes trois contre lui. Ma main se resserre encore un peu plus contre le bois du manche du couteau, afin de me donner la force de ne pas m'effondrer.

— Tu devrais être en prison.

Ma pensée m'échappe, rompant le silence pesant qui s'est installé depuis son apparition. Je sens son regard noir me transpercer.

— Regarde moi en face quand tu t'adresses à moi, Miley, s'énerve-t-il.

La dureté de sa demande me fait légèrement sursauter, pour son plus grand plaisir. Mes yeux se relève avec peine, pour fixer cet être qui n'a plus rien d'humain.

— Ma peine a été diminué pour bonne conduite, s'amuse-t-il, et j'ai eu un soutien de choix pour appuyer ma demande, n'est-ce pas Clay ?

Mon cœur rate un battement, puis un deuxième lorsque ses paroles s'imprègnent douloureusement dans mon esprit. Je ne comprendrais jamais ce principe de bonne conduite dans une prison, alors qu'ils sont éloignés de toutes formes de distractions et par conséquent ils ne peuvent rien faire.

— Clay ?

Je ne comprends pas à quel moment mon frère aurait pu être un soutien pour lui ? Pourtant Clay baisse d'un coup la tête, pour ne plus laisser aucun accès à son expression.

— Papa m'a envoyé une lettre il y a six mois pour s'excuser et on a renoué le contact.

— Comment tu peux oublier tout ce qu'il t'a fait subir ? Regarde où on est aujo...

— Ferme-la Miley, tu ne sais pas ce que c'est toi, donc tes discours moralisateurs tu peux te les garder.

Ma gorge se noue d'un coup, me privant d'une grande partie de mon oxygène. Mes poumons peinent à maintenir une respiration régulière. Le rire bruyant de mon géniteur reconcentre l'attention sur lui.

— Qu'il est facile de manipuler les gens avec des mots qui sonnent le creux. Clay tu es pathétiquement faible, c'est affligeant ! Mais ta haine aveugle contre ta sœur m'a bien aidé. Dommage pour toi qu'elle soit fondée sur un mensonge.

— Miley ?

La voix de mon frère n'a plus rien d'assurée, vacillant entre l'abattement et l'incompréhension.

— Avec elle aussi le chantage affectif a été efficace, Clay. Elle croyait alléger tes punitions en subissant les mêmes que toi mais en silence. Mais cette petite garce a décidé de prendre des photos et vidéos à mon insu quand je te corrigeais pour ensuite me dénoncer à la police !

Une rage sourde envahit la pièce. Je comprends d'un coup beaucoup mieux pourquoi mon secret n'a pas été dévoilé durant la séance. Si mon frère l'avait su il aurait pu mettre fin à tout ce jeu morbide immédiatement. Un long souffle fait virevolter une mèche de cheveux, me rappelant soudain que Tom est coincé dans ce huis clos familial.

— Laisse partir Tom, il n'a rien à voir dans nos affaires de famille.

— Comme c'est touchant, Miley, mais personne ne sortira d'ici vivant. Allez viens Clay, on doit leur préparer le dernier jeu.

Ma main cherche une dernière fois celle de Tom, pour me convaincre que je ne suis pas définitivement seule dans ce cauchemar. La douceur de sa paume contre la mienne me donne le courage de rester debout, bien que mes jambes peinent à supporter mon poids. Ma main droite laisse échapper le couteau lorsque Clay part rejoindre notre géniteur. La tristesse se déchaine en moi en le voyant prendre cette décision. Pourtant quand il vient se mettre à sa gauche, ses yeux se plongent dans les miens avec une telle intensité que mon cœur vacille d'un coup.

Happy HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant