Chapitre 63 : Riley

19 3 0
                                    

Cela fait bien presque une heure que Nathan et moi sommes assis sur le carrelage froid du jardin, main dans la main. Il semble plus calme maintenant, même s'il n'a plus prononcé un mot depuis qu'il m'a confié que cette femme qui se tenait en face de lui était la femme qui l'a agressé 13 ans plus tot. Son regard se perd dans le ciel, suivant les quelques étoiles qui percent l'obscurité. Il a l'air loin, mais stable, comme si ce simple tableau d'étoiles arrivait à l'apaiser.

Je finis par briser le silence, doucement.

— Nathan, tu veux qu'on rentre ? Je peux dire à tout le monde que tu ne te sens pas bien... Et on pourrait se réfugier dans ta chambre pour le reste de la soirée.

Il hésite un instant, comme si l'idée de traverser le salon l'inquiétait plus que le froid mordant de la nuit, puis hoche la tête, presque imperceptiblement. Il serre une dernière fois ma main, puis nous nous relevons, encore silencieux, et prenons le chemin du retour vers la maison.

À l'entrée du salon, il s'arrête, les yeux fixés sur les doubles portes. Je lui lance un regard rassurant, essayant de lui transmettre que tout va bien se passer, que je suis là. Finalement, il se décide à avancer, et nous pénétrons ensemble dans la grande salle. Tout le monde est debout, un verre à la main, riant et parlant d'un ton léger. Ils ne semblent pas s'être inquiétés de notre absence, pas plus qu'ils ne semblent se douter de la tempête intérieure qui habite Nathan.

Puis elle arrive.

La sœur de Veronica se rapproche de nous, et sans réfléchir, je me place instinctivement entre elle et Nathan, mon corps tendu, prêt à le protéger. Je ne la regarde même pas ; mon attention reste fixée sur Nathan, dont la respiration s'accélère légèrement, comme un avertissement silencieux. La femme s'arrête devant moi, ignorant mon attitude, elle s'adresse directement à lui d'une voix douce, presque mielleuse.

— Nathan, j'aimerais te parler en privé.

Ses mots tombent comme une gifle. Elle n'a même pas eu besoin de prononcer son nom pour que mon corps se raidisse. Un courant de colère glacée traverse mes veines, et je ne peux me retenir.

— N'approchez pas de lui ! je lance, ma voix résonnant plus fort que je ne l'avais prévu.

Les conversations s'interrompent brutalement. Tous les regards se tournent vers nous, et la tension dans la pièce devient presque palpable. Veronica nous observe, interloquée, et me dévisage avec une touche d'agacement.

— Riley, qu'est-ce qui te prend ? Tout va bien ? demande-t-elle d'un ton qui se veut compréhensif mais qui sonne plus condescendant qu'autre chose.

Sa sœur, quant à elle, me dévisage, les yeux mi-clos, un sourire glacial étirant ses lèvres. Elle secoue la tête et lâche, d'une voix aussi lisse que venimeuse :

— Insolente, en plus.

Je ne réfléchis même pas à ce que je dis. Mon corps est en alerte, prêt à la repousser au moindre mouvement, et les mots sortent d'eux-mêmes.

— Je me fiche de ce que vous pensez. Tant que vous restez loin de Nathan.

Nathan, jusqu'ici silencieux, serre ma main un peu plus fort. Son pouce presse doucement le dos de ma main, un contact subtil. Puis, sa voix douce me parvient, presque un murmure.

— Viens, Riley.

Je me tourne vers lui, et ses yeux plongent dans les miens, suppliants. Il tire doucement ma main, et sans hésiter, je le suis. Nous quittons la pièce ensemble, laissant derrière nous une foule d'invités aux visages pleins d'incompréhension et d'indignation.

Dans la chambre de Nathan, il referme la porte et avance vers le lit, l'air lourd et incertain. Il s'assoit sur le bord du matelas, les épaules courbées et la tête baissée, comme écrasé sous un poids invisible. Sans un mot, je viens m'installer à côté de lui et pose ma main sur son dos, lui caressant lentement l'échine. Je penche la tête pour la reposer sur son épaule, tentant de lui transmettre toute la chaleur et la présence dont je suis capable.

The Midnight GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant