Quelques jours plus tard, t/p se promenait dans les rues animées de Saint Denis, profitant de l'air doux de l'après-midi. Elle s'arrêta devant une petite boutique de bijoux qu'elle affectionnait particulièrement, envisageant d'y entrer pour admirer les nouvelles pièces. C'est alors qu'un bruit sourd déchira l'air. Une explosion retentissante qui secoua le sol sous ses pieds. Elle sursauta, la main portée instinctivement à sa poitrine, ses yeux s'écarquillant de surprise.
La boutique devant laquelle elle se tenait quelques instants plus tôt venait d'exploser. Les vitres volèrent en éclats, des morceaux de bois et de métal éparpillés sur la chaussée. Des cris s'élevèrent de toutes parts alors que les passants s'éloignaient, terrifiés.
t/p resta figée un instant, tentant de comprendre ce qu'il se passait, son cœur battant à tout rompre. Soudain, quatre silhouettes émergèrent du nuage de fumée et de débris. Elle plissa les yeux, se concentrant pour distinguer les hommes qui fuyaient la boutique en ruines. Et là, elle les reconnut.
Arthur Morgan, avec son allure imposante, avançait en tête, un sac plein de bijoux et d'argent jeté sur son épaule. À ses côtés, l'homme mexicain qu'elle avait rencontré dans le camp. Juste derrière eux, un homme aux cheveux plaqués en arrière, portant un chapeau melon, et enfin, un homme à la peau noire, athlétique, qui gardait un œil vigilant sur les environs. Ils se déplaçaient avec une efficacité redoutable, coordonnés comme un groupe d'hommes habitués à l'action.
t/p sentit son souffle se couper alors qu'elle réalisait pleinement ce qu'elle voyait : c'était une attaque, un braquage. Ses pensées s'embrouillèrent. Était-ce vraiment les mêmes hommes avec qui elle avait brièvement échangé ? Pourquoi étaient-ils impliqués dans une telle violence ?
Alors qu'ils tournaient dans une ruelle étroite, elle croisa brièvement le regard du Mexicain. Ce même regard distant et méfiant qu'il lui avait lancé la première fois. Mais cette fois-ci, quelque chose de plus intense passait dans ses yeux : une sorte d'alerte, presque un avertissement silencieux. Leurs regards se verrouillèrent l'espace d'une seconde, et c'est comme si le temps s'était figé.
Les forces de l'ordre arrivèrent rapidement sur place, leurs voix autoritaires couvrant les cris des passants paniqués.
« Mademoiselle ! Vous avez vu quelque chose ? » hurla l'un des officiers, essoufflé, en courant vers elle.
t/p hésita, son esprit se bousculant entre ce qu'elle savait être juste et ce qu'elle ressentait. Elle jeta un dernier coup d'œil à la ruelle où les hommes venaient de disparaître. Pourquoi avait-elle l'impression que son cœur la poussait dans une direction inattendue ? Qu'est-ce qui la poussait à vouloir les protéger ?
« Ils sont partis par là ! » lança-t-elle en pointant du doigt la direction opposée de leur fuite, là où aucune trace du groupe ne se trouvait.
L'officier hocha la tête, sans questionner son témoignage. Il fit signe à ses hommes de se diriger dans la direction indiquée, laissant t/p seule au milieu des débris et du chaos. Ses mains tremblaient légèrement, mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une étrange sensation de satisfaction, mêlée à une peur qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant.
Elle resta là quelques instants, se demandant pourquoi elle avait pris une telle décision. Pourquoi avait-elle choisi de protéger ces hommes, des criminels évidents, au lieu de les dénoncer ?
Les éclats de voix des policiers s'estompaient lentement tandis qu'ils se dirigeaient dans la direction opposée, suivant l'indication erronée de t/p. Le bruit de leurs pas lourds s'éloignant, elle resta plantée là, au milieu des débris de l'explosion, son esprit encore tourmenté par la décision qu'elle venait de prendre.
Ses yeux parcoururent l'horizon, toujours en alerte malgré son apparente tranquillité. Quelque chose en elle lui disait que ces hommes n'avaient pas encore disparu. Comme si elle pouvait encore sentir leur présence, observant la scène depuis un lieu plus discret. Lentement, elle leva la tête vers les toits qui surplombaient la rue, son regard se baladant sur les ombres des cheminées et des corniches.
Et c'est là qu'elle les vit.
Les quatre hommes se tenaient sur un toit non loin, cachés à moitié derrière des cheminées, mais suffisamment visibles pour qu'elle les reconnaisse. Arthur Morgan était le premier à s'avancer, dominant la scène avec son imposante stature. À ses côtés, le Mexicain qu'elle avait rencontré dans le camp la fixait, toujours avec cette même intensité froide dans les yeux. À l'arrière, l'homme au chapeau melon et l'homme noir, tous deux légèrement plus en retrait, semblaient surveiller les alentours.
t/p resta immobile, incapable de détourner le regard. Quelque chose d'étrange et inexplicable se passait entre elle et eux. Ils la regardaient sans animosité, sans méfiance. Ce n'était pas le regard qu'on réserve à un étranger. C'était comme si, en l'espace d'une décision, elle avait franchi un seuil, devenant un allié temporaire dans un monde dont elle ignorait encore les règles.
Arthur fut le premier à esquisser un mouvement. Il la fixa un instant de ses yeux perçants, et dans un geste presque imperceptible, il inclina légèrement la tête, un signe de reconnaissance, peut-être de gratitude pour avoir détourné les forces de l'ordre. Un geste sobre mais puissant, venant de cet homme qui n'avait, jusqu'à présent, montré que peu d'émotion.
Le Mexicain ne dit rien, mais ses yeux restèrent rivés sur elle plus longtemps. Il semblait la jauger, encore une fois, comme s'il essayait de comprendre pourquoi elle avait agi ainsi. Puis, avec un dernier regard rapide, il tourna les talons et s'élança silencieusement sur le toit, suivi de près par ses compagnons.
t/p les observa s'éloigner, leurs silhouettes se fondant dans l'obscurité des toits de Saint Denis, leur fuite presque fantomatique et silencieuse. Son cœur battait encore à toute vitesse, mais elle ressentait une étrange sérénité après cet échange muet. Ce n'était pas de la fierté, ni même du soulagement, mais plutôt une curiosité grandissante et une sensation d'avoir fait partie, l'espace d'un instant, d'un monde parallèle au sien.
Elle resta là, plantée au milieu de la rue, perdue dans ses pensées alors que les passants recommençaient à remplir l'espace, maintenant que la situation semblait s'être calmée.
De retour chez elle, t/p se laissa tomber dans son fauteuil, déstabilisée par ce qui venait de se passer. La pièce autour d'elle était calme et ordonnée, en contraste avec l'agitation des rues qu'elle venait de quitter. Elle se servit un verre de whisky et le porta à ses lèvres, espérant que l'alcool calmerait ses nerfs tendus.
« Qu'est-ce qui m'a pris ? » se demanda-t-elle à voix haute, ses pensées tourbillonnant encore dans son esprit.
Elle avait grandi avec des règles strictes, des principes moraux clairs, et pourtant, ce jour-là, elle avait délibérément choisi de protéger des hommes qui étaient, sans aucun doute, des criminels. Elle se souvenait encore du regard d'Arthur, de son geste de reconnaissance. Ce simple signe de tête avait suffi pour la faire douter de tout ce qu'elle croyait savoir.
Une part d'elle se sentait coupable. Était-elle en train de trahir ses valeurs ? De se trahir elle-même ? Mais une autre part, plus silencieuse mais tout aussi présente, ressentait un frisson d'excitation. Ces hommes représentaient tout ce qui était interdit dans sa vie parfaitement orchestrée : l'aventure, le danger, l'inconnu.
Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre, regardant les rues de Saint Denis depuis sa demeure élégante. Les lampes à gaz brillaient dans l'obscurité naissante, et la ville, bien que calme en apparence, semblait vibrer sous la surface, pleine de secrets et de mensonges.
« Je devrais les oublier, » murmura-t-elle, bien que la conviction de ses mots soit fragile.
Mais au fond d'elle, elle savait qu'il était déjà trop tard.
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Une haute sociéte (javier x reader, en publication)
FanfictionDans le crépuscule de Saint Denis, une jeune femme de la haute société (t/p) est fascinée par la liberté d'Arthur Morgan et sa bande de hors-la-loi, un monde bien différent du sien. Tiraillée entre son mariage arrangé et ses désirs de liberté, elle...