One-shot : A pleines dents

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Le livre épais fut refermé d'un mouvement si sec que sa reliure craqua.

Klaus ne s'en préoccupa pas.

Elijah n'avait cette fois pas fait mine d'être perdu dans ses pensées. Contrairement à toutes ces fois durant les dernières semaines où il avait soupçonné puis avait été certain qu'il ne se trompait pas.

Klaus s'était tenu debout devant la bibliothèque durant un long moment, tournant les pages, se plongeant par intermittence dans sa lecture. Distrait par son frère qui errait dans la pièce, prétendant s'intéresser à l'une ou l'autre babiole, alors qu'il pouvait sentir que toute son attention était focalisée sur lui.

Il rangea le livre à sa place. Et il se tourna pour dévisager Elijah qui se tenait debout de l'autre côté de la pièce.

- N'as-tu donc rien de mieux à faire que de me scruter sans relâche ?

Il était agacé, évidemment. Elijah avait pris l'habitude de lui faire face pour lui exprimer ses doléances. Après tout ce qu'ils avaient vécu, sa franchise était une chose sur laquelle il était supposé pouvoir compter. Son comportement récent poussait le doute à s'insinuer en lui. Et Elijah, à cet instant, ne semblait ni troublé par son humeur ni par sa remarque.

- Non, rien ne m'importe davantage pour le moment.

Un pli mécontent se forma au coin de la bouche de Klaus.

L'expression de son aîné était indéchiffrable. Une chemise impéccable, sans un froissement, qu'il portait souvent sans sa veste depuis le début de cet été particulièrement chaud, pas un indice dans sa posture droite pour y lire ce qu'il cherchait à comprendre.

Klaus ne le questionna pas plus et décida qu'il préférait arpenter la ville au milieu des marées de touristes, qui profitaient déjà d'une nuit festive comme elles l'étaient souvent à la Nouvelle Orléans, que de faire face au mur qu'était devenu Elijah. Il n'y avait pas de crise, pas de guerres des clans, Hope était en sécurité dans son école à Mystic Falls. Il n'avait aucune intention de se laisser irriter plus que nécessaire par les états d'âmes d'Elijah lorsqu'il se refusait même tout simplement à les partager.

Klaus traversait la cour de leur demeure, sans parvenir à chasser son exaspération, lorsqu'il perçut sons et mouvements. Il se retourna brusquement mais ne put qu'agripper un bras de son assaillant avant de se retrouver plaqué contre un mur, son crâne heurtant la pierre.

- Si tu cherches à me mettre en colère -

Sa voix menaçante s'élevait à peine qu'elle se perdit dans un bruit plus surpris que douloureux.

Elijah venait d'enfoncer ses crocs dans sa gorge et buvait.

Il resta interdit l'espace d'une seconde, les yeux écarquillés. Puis la stupéfaction laissa place effectivement à la colère et il envoya violemment son poing dans l'estomac de son aîné. Par réflexe, Klaus referma sa main sur sa nuque meurtrie.

Son frère se releva avec nonchalance et sans une trace de remords dans le regard.

- C'était particulièrement impoli de ta part, Elijah. La moindre des choses aurait été de me demander la permission, dit-il d'une voix doucereuse.

C'était absurde, parce qu'il n'y avait pas de raison qu'il demande cela, et Klaus était tout à fait prêt à lui donner librement son sang si cela s'avérait nécessaire. Dans un verre, ou à son poignet. En aucun cas cela ne semblait être une nécessité pour le moment. Même en l'examinant avec minutie, il n'avait ni l'air affaibli ou malade.

Elijah passa son poignet sur son menton ensanglanté et le jaugea sans impatience.

- Tu ne m'aurais pas laissé faire.

A pleines dentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant