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As salam aleykoum j'espère que vous allez bien, moi ça va Al Hamdoulillah.

Je regarde ma mère avec tendresse. Les mains plongées dans la farine, elle pétrit la pâte pour les manti avec une précision et une douceur qui m'ont toujours fascinée. C'est un moment que je chéris
ces instants où elle m'enseigne les traditions de notre famille, où, sans mots, elle me transmet l'histoire de ses racines. J'observe chacun de ses gestes, essayant de m'imprégner de ce savoir précieux.

- Esma, ma fille, les racines sont ce qui nous ancre. Elles nous protègent quand le vent souffle fort, et elles nous rappellent qui nous sommes. Mais tu sais, il faut aussi laisser tes branches s'épanouir, aller plus haut.

Elle sourit doucement, et je ressens tout l'amour qu'elle met dans ses paroles. Maman a cette capacité de me comprendre sans que j'aie besoin de parler. Elle sait combien je suis attachée à ma famille, mais aussi combien j'aspire à voler de mes propres ailes.

Mon frère Emir, qui entre bruyamment dans la cuisine, me sort de mes pensées. Il tient son téléphone à la main, un sourire malicieux sur le visage.

- Esma, t'as vu ça ? Il y a un concert en plein air ce week-end. Ça te dit ? Ça va être incroyable !

Je ris, légèrement troublée. Emir est toujours partant pour s'amuser et découvrir de nouvelles choses, et même s'il est un peu jeune, il a cet esprit aventurier que j'admire. Mais je pense aussitôt à mon père. Il n'est pas du genre à être ravi à l'idée de voir sa fille traîner au milieu de la nuit dans une foule.

C'est alors que mon frère aîné, Yusuf, entre dans la pièce. Il a ce sourire calme, rassurant, et il pose une main sur mon épaule.

- Ne t'inquiète pas, Esma. Si tu veux vraiment y aller, je te couvre. Papa ne dira rien si je suis avec toi.

Mon cœur se réchauffe à ces mots. Yusuf a toujours été là pour me soutenir. Parfois, il est un peu trop protecteur, mais aujourd'hui, cette protection me rassure. Je sais qu'avec lui, tout sera plus facile.

Après cette discussion, je monte dans ma chambre pour écrire dans mon journal. Depuis quelques mois, je remplis ces pages avec mes pensées, mes rêves, mes craintes. C'est un peu comme une amie silencieuse, qui écoute sans juger. Mes mots deviennent mon refuge, surtout lorsque mes désirs semblent en conflit avec ce qu'on attend de moi.

Le lendemain, je retrouve mes amies, Meryem et Selin, dans notre café préféré du centre-ville. La rue est animée, remplie des odeurs de café et de pâtisseries fraîches. Selin, fidèle à elle-même, déborde d'énergie. Elle me montre un rouge à lèvres qu'elle vient d'acheter, convaincue qu'il serait parfait pour moi.

- Esma, sérieusement, tu dois l'essayer ! Ça va vraiment te changer.

Je ris devant son enthousiasme contagieux. Meryem, elle, est plus posée et calme, et lève les yeux au ciel avec un sourire.

- Selin, laisse Esma tranquille ! Elle n'a pas besoin de maquillage pour être jolie.

Nos rires résonnent dans le café, et pendant un instant, je me sens en paix. Mes amies sont mon refuge, chacune à leur manière. Avec Selin, je peux être audacieuse, rire et me libérer des attentes, tandis qu'avec Meryem, je retrouve calme et sérénité. Parfois, je me demande ce que je ferais sans elles.

Alors que nous discutons, Selin mentionne le concert de ce week-end. Elle me regarde avec insistance, les yeux brillants.

- Allez, Esma, il faut vraiment que tu viennes. C'est l'occasion de t'amuser un peu !

Je hoche la tête, partagée entre la tentation et les règles qui m'ont toujours été inculquées. Mais mon frère sera là, après tout. Et il y a quelque chose dans cette idée de sortir, de me mêler à la foule, qui me fait vibrer. Peut-être que c'est le signe que j'ai besoin de vivre un peu plus, de me découvrir autrement.

Le soir du concert, je me retrouve dans le parc, entourée de lumières et de musique. Mes parents ont finalement accepté, après beaucoup de négociations, et la présence de Yusuf a aidé. L'air est frais, la nuit est douce, et la musique pulse dans mes oreilles. Autour de moi, des visages inconnus, des rires, des murmures. Je ferme les yeux un instant, laissant les sons m'emporter.

C'est comme si le monde s'ouvrait devant moi. Mes préoccupations disparaissent, remplacées par une sensation de liberté que je n'ai jamais connue. Ici, personne ne me connaît, personne ne me juge. J'ouvre les yeux, parcourant la foule du regard, fascinée par cette énergie collective.

Et c'est là que je le vois.

Il est là, dans la foule, un peu en retrait, mais quelque chose chez lui attire mon regard. Je ne sais pas pourquoi, mais ses traits me semblent à la fois familiers et intriguants. Il est grand, avec une allure confiante, presque imposante. Ses yeux balayent la foule avec intensité, et un léger sourire joue sur ses lèvres. Je me surprends à me demander ce qu'il peut bien penser en cet instant.

J'essaie de détourner mon regard, mais quelque chose en moi refuse. Qui est-il ? Pourquoi est-ce que je ressens cette curiosité soudaine pour un inconnu ? Je le vois parler à un groupe d'amis, l'air décontracté, mais il y a dans sa posture quelque chose de fort, de déterminé.

Meryem me donne un léger coup de coude, me tirant de mes pensées.

- Esma, tu rêves ? À quoi tu penses ?

Je ris, un peu gênée. Je ne peux pas lui dire que je fixais un inconnu dans la foule. Ce n'est pas moi, ça. Je n'ai jamais été du genre à m'intéresser aux inconnus, mais ce soir, tout semble différent.

Pendant un moment, je me perds à nouveau dans la musique, mais de temps à autre, mes yeux cherchent malgré moi cet étranger dans la foule. Quand je le revois enfin, il semble discuter avec ses amis, et je l'entends rire, un rire franc et chaleureux. Il y a une force, une assurance qui émane de lui, et je sens un léger frisson.

Esma, qu'est-ce qui te prend ? C'est juste quelqu'un parmi tant d'autres.

Mais malgré moi, cette soirée reste gravée dans ma mémoire. Le concert continue, et peu à peu, je me laisse à nouveau emporter par la musique. Meryem et Selin dansent avec moi, et je me surprends à rire, à chanter, à laisser toutes mes inquiétudes s'envoler. Mais au fond de moi, une petite voix me souffle que cette soirée est différente, que quelque chose a changé.

Lorsque le concert prend fin, je marche en silence aux côtés de mes amies. Mes pensées sont encore emplies de cette soirée, de cet inconnu, de cette liberté nouvelle que j'ai ressentie. Je ne sais pas si je le reverrai un jour, mais il a laissé en moi une impression étrange, presque troublante.

Et tandis que nous rentrons chez nous, je comprends que quelque chose est en train de changer. Peut-être que c'est moi, peut-être que c'est ce que je veux. Mais je sais une chose : ce soir, une porte s'est ouverte, et je ne suis pas sûre de vouloir la refermer.

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~Esma~ « Mutlu son diye bir şey var mı ? »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant