I. Objectif: se caser

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« Le pire dîner de ma vie... » pensai-je en rentrant chez moi.

Ma tête tournait -le vin de Touraine, c'est traître. Je me refaisais le film. En réalité, cela faisait plusieurs mois que chaque dîner était le pire de ma vie. Les réflexions des uns et des autres sur mon célibat, je commençais à en avoir vraiment ras-le-bol. Et ras-le-bol aussi de devoir me coltiner en plus les histoires de visites immobilières et de week-end en amoureux, quand ce n'était pas les histoires de nounous.

Ah oui, j'allais oublier cet aspect très intéressant des choses : maintenant, dans nos dîners, il y avait des enfants. Des gosses, des chiards, des gniards, comme vous préférez, des schtroumphs ou des gremlins, en tout cas des nains qui braillent en toute circonstance. Bien entendu, je n'osais même plus aborder le sujet, sous peine de réflexions du style « tu verras quand tu en auras... »

On se connaissait tous depuis une quinzaine d'années (hors « pièces rapportées » comme certains des conjoints), et nous pensions tous gérer nos vies avec succès et d'une main de maître. Nous étions rassurés d'imaginer que nous avions choisi d'avoir des enfants, une famille, un chien même, une maison en banlieue. Oubliés, les rêves de devenir mannequin en Californie (un véritable choix, rien à voir évidemment avec mon 1m62) ou guitariste de rock.

Et, comme les autres, je me rassurais en me persuadant que j'avais choisi d'être célibataire : comme ça je suis libre, bla-bla, je profite de la vie, bla-bla, et les enfants je n'en veux pas spécialement, etc.

En réalité, j'avais surtout choisi les pires mecs. Celui qui m'avait trompée ("j'ai pas pu me retenir. Nous les hommes, on a des pulsions, tu comprends ?"), le mec marié ("ah ? J'avais oublié de t'en parler ?"), le garçon lâche ("mais non, c'est pas ça : tu es trop bien pour moi, je ne veux pas t'imposer ça..."), le pseudo artiste ("je suis torturé, c'est normal"), le radin ("tu me dois 6€. Je prends les pièces de 5 cts"), le branleur ("je ne suis pas au chômage, c'est simplement que je ne veux pas cautionner cette société capitaliste"), le cultureux ("chérie, t'as pensé à acheter Télérama ?") et l'écolo ("tu sais combien de litres d'eau tu consommes en restant aussi longtemps sous la douche ?")

Bref, je commençais vraiment à me demander si je réussirais un jour à me caser. Allez, ce sera mon challenge 2015 ! Je ne pensais pas si bien dire...

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Si vous avez aimé, pensez à presser l'étoile (aucun sous-entendu dans l'expression!) :) Et comme vous tous j'apprécie les commentaires afin de m'améliorer et d'orienter Maeva dans sa vie amoureuse... A bientôt!

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