Num'unique sa m***

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Dans la tête de  ʍat

Ina et Jester étaient de retour dans l'appart. Il fallait que je les prévienne des enjeux autour de cette action contre le gouvernement. Un aller simple, sans retour. Ils devaient savoir. Quatre petits David contre une armée de Goliath aux infrastructures titanesques, sans faille apparente pour nos frondes lanceuses de chewing-gums. On mettrait nos vies en jeu et ce, juste pour les ralentir un peu. Le sacrifice en valait-il vraiment la peine ?

Je les embarquais vers un suicide collectif et encore... le terme était un euphémisme.

— Bon, les amis va falloir qu'on parle sérieusement entre nous. Coupez vos micros et dégagez vos smartphones dans la cuisine.

Tout le monde avait compris sauf Scott qui me regarda d'un air complètement perdu. Ce que remarqua directement Jester. Il s'approcha de lui pour lui frotter la tête.

— Mec, t'as l'air aussi paumé qu'un pingouin entrain de vendre des parapluies dans le désert. Rassure-moi, tu cales un peu de quoi on va parler là ?

Scott se dépêcha de taper sur son clavier mais Jester aperçut quelque chose sur son écran.

— Nom d'un Dieu du ciel mon Scott mais t'es con ou quoi ? Tes sites de rencontre là, c'est pété de profils d'IA !

Il sauta dans le canapé pour se frayer une place à côté de lui.

— Non mais regarde moi la gueule du canon avec qui tu parles, tu cales pas ? C'est un fake ! Et puis...

Scott lui coupa la parole et s'énerva en retirant son ordi de la vue de Jester.

— Fous-moi la paix toi ! Moi je, je fais ce que je veux tant que ça met personne en danger c'est, c'est clair ?

Jester fit un geste de ses doigts pour mimer le tir d'un pistolet dans la tempe de Scott puis en regardant tendrement Inaya, il lui envoya un baiser soufflé. Il se leva tout en dérobant le smartphone de la poche de Scott qui n'avait visiblement rien senti. Je les hâtais pour entamer la discussion.

— Vous êtes tous opés ?

Scott encore rouge de honte, cherchait discrètement son téléphone dans son pantalon avec son front perlant de transpiration.

— Stresse pas Scott, ton tel est dans la cuisine.

Tout en se renfrognant, il emmena son PC portable dans ma chambre.

— Bon allons-y. Parlons sérieusement. Vous savez que depuis tout ce temps on a enchaîné nos petites opérations comme une routine parce que ça tournait sans le moindre accro. Des coups plus au moins faciles. Mais là, vous comprenez vraiment de quoi il s'agit ?

Ils me regardaient comme si j'avais exposé, enfin, l'ampleur de notre folie. Comme si cette fois, on s'apprêtait vraiment à dépasser la ligne. Enfin, c'est ce que je croyais. Jester baissa ses lunettes pour me fixer puis les replaça vivement sur son nez. Il fit un pas de côté et répéta sa comédie aux autres, un pas chassé, un regard croisé. Je le connaissais bien, derrière sa petite mise en scène, il analysait nos comportements autant que la situation.

— Tu crois qu'on a tous un balai dans le cul à pas te répondre, à pas comprendre ce qu'il se passe ? Mat, qui prend qui pour des cons ?

Je répondais aussitôt :

— Ne le prends pas comme ça, je posais...

Il me stoppa net en répétant chaque syllabe de façon saccadée en imitant la voix d'une petite fille.

—Mat ? Qui prend qui pour... des cons ?

Il se dirigea vers la fenêtre et tira les rideaux pour nous montrer les écrans de diffusion publicitaire avec les messages de propagande en boucle.

Ça nous tenait hackerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant