Je me réveillai dans le noir complet, allongé sur un sol froid et lisse. Mes yeux peinaient à s'habituer à l'obscurité, mais quelque chose était différent : la douleur avait disparu, cette douleur insupportable dans ma tête qui, quelques instants plus tôt, me consumait.
Mon cœur battait désormais calmement, comme si cette course contre la mort n'avait été qu'un rêve. Je pris une profonde inspiration. L'air était frais, et je pouvais entendre, au loin, une mélodie.
Le chant d'un oiseau.
Je fronçai les sourcils, essayant de comprendre. Une légère brise caressa mon visage. Les explosions de la cathédrale et les hurlements du monstre s'étaient dissipés, remplacés par le léger bruissement du vent dans les arbres. Au loin, très loin, un murmure de vie. Une ville, peut-être ? Je me redressai, incertain. Ma tête tournait légèrement, mais c'était moins le résultat de la fatigue que du contraste brutal entre le chaos précédent et cette étrange quiétude.
Qu'allait-il se passer ensuite ?
Je regardai autour de moi, scrutant l'obscurité. Une faible lueur, presque imperceptible, commençait à émaner d'un point plus loin. Là, devant moi, se dessinait un escalier en colimaçon. Ses marches brillaient faiblement, diffusant une lumière apaisante dans l'air épais. Le contraste avec la noirceur environnante était saisissant, rendant l'escalier presque irréel, comme sorti d'un autre monde. Une colonne lumineuse se perdait dans le plafond, une dizaine de mètres plus haut.
Le bruit du vent et le chant des oiseaux semblaient venir de là-haut. Quelque chose m'attendait. L'air lui-même semblait m'appeler. Plus je restais dans le noir, plus je sentais mon anxiété augmenter, comme si quelqu'un ou quelque chose m'observait. Je n'avais pas oublié le cauchemar dont je venais de m'échapper, et la décision fut facile à prendre.
Je pris à nouveau une profonde inspiration et commençai à gravir les marches.
Plus je montais, plus le chant des oiseaux se faisait présent. Une brise chaude se faisait sentir par moments. J'entendais des rires d'enfants et des bruits de voitures au loin. Bientôt, je pus apercevoir le ciel à travers les marches au-dessus de ma tête. Cette vision me rassura, et je terminai de gravir l'escalier en courant.
Je débarquai dans un petit parc au fond d'une ruelle. Le sol était pavé et les maisons semblaient anciennes. Le ciel bleu, sans nuages, était visible à travers le feuillage des arbres. J'avançais doucement pour mieux voir où je me trouvais, un léger sentiment d'excitation montant en moi.
Ces maisons me semblaient très familières. Comme si j'étais enfin rentré chez moi. Se pouvait-il que je sois finalement sorti de ce cauchemar ?
Je regardai derrière moi. L'escalier avait disparu... évidemment.
C'est alors que je la vis. À l'autre bout de la ruelle, de dos, son appareil photo levé. C'était forcément elle.
Je me rappelais de cette journée. Je n'étais pas rentré chez moi. J'étais toujours prisonnier de ce cauchemar.
Elle fut bientôt rejointe par mon double ; je les entendais rire ensemble avant de continuer d'avancer. Il fallait que je les rattrape. Je sortis du petit parc aussi vite que possible pour qu'ils ne prennent pas trop d'avance sur moi, comme sur la place.
Si tout se passait comme dans ma mémoire, j'avais le temps.
Les souvenirs me revenaient. C'était une journée parfaite. Nous avions traîné, pris notre temps dans les rues pavées de la vieille ville. La chaleur de l'été, la fraîcheur des ruelles, le goût du thé glacé pris sur les quais. Nous étions deux au milieu de l'univers.
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Sixième Étage
HorrorLorsque le passé hante l'esprit, il transforme les rêves en labyrinthes. Pris au piège dans un monde étrange et surréaliste, un homme tente désespérément de retrouver celle qu'il a aimée et perdue. De salles d'attente oppressantes en cathédrales bri...