Chapitre 61 - Aaron

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J’ai été frappé par un mal incurable. Je souffre d’une maladie dont elle seule pourrait me soigner. Tout ce que j’ai toujours fui me colle maintenant au corps et à la peau. Non, je ne suis pas un sentimental. Je déteste toutes ces mièvreries, tous ces mots doux, toutes ces attentions et pourtant… j’ai perdu le contrôle et c’est la première fois que ça m’arrive. Avec elle, je ne contrôle plus rien, tout part en vrille. Je me demande encore à quel moment, ça a dérapé… À quel moment ai-je eu envie d’y croire ? À quel moment ai-je eu envie de plus ?

J’essaye encore de me convaincre que ce n’est que physique, qu’il y a uniquement une tension sexuelle entre nous, rien de plus. Mais je ne me suis jamais autant inquiété pour une relation sans lendemain. Je n’ai jamais voulu autant faire plaisir, autant montrer que je peux être à la hauteur de la personne qu’elle est. Je n’ai jamais apporté le petit déjeuner au lit à quelqu’un… et le pire c’est que j’avais envie de le faire… Il faut admettre que je n’ai jamais eu l’exemple d’un couple idéal avec mes parents, je n’ai jamais cru à l’amour et mon père m’a toujours poussé à ne jamais y croire. Je dois toujours garder le contrôle.

Quand Neva a quitté mon appartement, c’était hors de question que je lui coure après. Elle a raison, je suis une erreur. Nous deux, c’était une erreur. Une belle erreur. Une erreur que j’ai envie de commettre une fois de plus.

J'ai bien remarqué qu’elle n’avait pas bu que du jus d’orange vu la manière dont elle se comportait chez moi. Mais je ne peux m’empêcher de croire qu’elle avait réellement envie de se rapprocher de moi. Je pense qu’elle avait autant envie de ce baiser que moi. Mais notre histoire n’a aucun avenir. Je lui ferai du mal, un jour ou l’autre parce que je suis comme ça, je ne fait pas que du bien. Lara peut en témoigner. D’ailleurs, je la fait déjà assez souffrir en défendant tout ce pour quoi elle se bat. Elle doit certainement me haïr. Il y a tellement de choses qu’elle doit détester en moi. Je dois l’oublier. Et le temps qui passe est censé me faire oublier les choses. Mais pour l’instant, je n’oublie rien.

J’ai le cœur qui s’emballe lorsque je l’aperçois après un mois et demi sans la voir. Je devais prendre mes distances notamment pour le procès, je n’avais pas le choix. Nous rapprocher ne ferait que la mettre encore plus en danger. Je suis certain qu’Archibald surveille tous mes faits et gestes, je ne suis pas dupe. Neva évite mon regard et ça me serre la poitrine et l’estomac. Je dois rester concentré, il faut que je l’ignore. Mais mes yeux ne peuvent s’empêcher de plonger dans les siens, de dessiner les traits de son visage, de ses lèvres… j’ai envie de lui arracher cette robe d’avocat et de terminer ce qu’on avait commencé… Merde, elle me regarde. Je tourne la tête et je fais mine d’observer la salle comme si de rien n’était. Une vague de chaleur traverse mon corps, je bois alors une gorgée d’eau avant d’éclaircir ma voix. Les témoins défilent à la barre et je fais ce dans quoi j’excelle le mieux : provoquer.

Je suscite une réaction, je pousse les témoins dans leurs retranchements, je les perturbe jusqu’à leur faire dire ce que j’ai envie d’entendre. Je ne suis pas le meilleur pour rien, Archibald ne m’a pas choisi pour rien, il sait pertinemment que je maîtrise l’art de manier les mots. Quand c’est au tour de Laël d’être auditionné, mon sang ne fait qu’un tour et mes poings se serrent lorsque je constate le regard qu’il porte à Neva. Merde. Mes pulsations cardiaques s’accélèrent et je ne me retiens plus. Désolé, petit frère. Mon visage demeure impassible même si j’ai envie de rire car je l’ai tellement prit au dépourvu qu’il ne savait plus où se mettre. D’autant plus que je sais qu’il n’est pas avec elle…

Je me suis renseigné auprès d’Elisa et vu qu’il lui dit tout, je sais que Neva et lui ne sont pas en couple et ça m’arrange. Je suis peut-être un connard mais je respecte tout de même certains principes… je ne volerai pas la petite amie de mon frère, c’est certain.

Quand le coeur balance...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant