CHAPITRE 3 - La vie merite d'être vécu a haute tension.

7 6 0
                                    





Je me réveille, en pleine nuit. Les bruits incessants des machines d'hôpital. La chambre de Yan est plongée dans le noir. J'étais la seule qui restait, en raison des restrictions. Le silence pesant de l'endroit contraste avec le battement de mon cœur. Je regarde Yan, allongé là, dans son coma. Chaque respiration qu'il prend me semble être un miracle, mais aussi une douleur, car je ne sais pas combien de temps il tiendra ainsi.

La peur, l'incertitude, tout ça se mêle dans ma tête. J'aurais voulu pouvoir faire plus, changer quelque chose. Mais là, tout ce que je peux faire, c'est être là, à ses côtés, dans cette obscurité qui me ronge un peu plus chaque minute. Je fixe les écrans des machines, leur lumière froide et bleutée qui éclaire à peine les contours de la chambre. Tout semble figé, comme suspendu dans le temps, et pourtant, chaque seconde me pèse un peu plus. La solitude m'enserre. Je suis seule, mais en même temps, je n'ose bouger, de peur de perturber ce fragile équilibre.

J'attrape sa main, presque sans y penser. Sa peau est froide, presque irréelle. Je ferme les yeux un instant, m'accrochant à la chaleur de son corps, à cette petite étincelle d'espoir qui survit malgré tout. Parfois, je me demande si les médecins savent vraiment ce qu'ils font, s'ils savent à quel point la science, aussi avancée soit-elle, a ses limites.

Les heures passent lentement, interminables. Le vent souffle dehors, balayant les feuilles des arbres dans une danse silencieuse. J'aimerais être ailleurs, loin de cette chambre, de cet hôpital, loin de cette réalité trop cruelle. Mais je suis là. Et je ne peux rien faire d'autre que rester, prier dans le silence, espérer qu'un miracle puisse se produire.

Je me penche légèrement au-dessus de lui, mes lèvres frôlant son oreille. "Je suis là", je murmure, comme un souffle, comme un serment. Peu importe combien de temps ça prendra, peu importe les circonstances, je resterai là. Lorsque c'était moi, ils étaient là.




4 ans plus tôt.

Les voitures passent à côté de nous, leur souffle nous projetant, nous faisant valsés sur le trottoir. Le bruit des moteurs, les klaxons, tout se mêle dans un vacarme indistinct. Mais pour nous, c'est comme si le monde entier s'était assoupi autour de cette folie qui nous appartient. On déambule sans but précis, sans direction, comme si le seul horizon était la liberté que nous ressentons à cet instant. Nos mains se tiennent fermement, la chaleur de nos corps mêlée à la fraîcheur de la nuit.

Imagine all the people, commence à chantonner Suzanne, la voix légèrement cassée mais pleine de joie.

— Livin' life in peace...reprend Yan, avec ce sourire débile qu'il a quand il est bien, un peu trop bien. Il lève les bras en l'air, sans vraiment se soucier des regards des passants.

Youuuuu... dis-je en balançant ma tête en arrière, laissant la musique envahir chaque cellule de mon corps, comme si l'instant ne pouvait durer éternellement.

L'alcool avait déjà pris possession de nous, déformant la réalité, rendant chaque instant plus léger, plus libre. La frontière entre ce qui était réel et ce qui ne l'était plus se brouillait lentement.

Les rues autour de nous semblaient plus vastes, plus vivantes. Même les néons des enseignes clignotaient d'une manière presque magique. On se sentait invincibles, incapables de tomber, malgré le sol qui nous paraissait parfois un peu trop mouvant sous nos pieds.

Nous continuons de marcher, de rire, d'être un peu fous. Parce qu'à cet instant, tout ce qui comptait, c'était l'instant.

La nuit, l'amitié, et la sensation d'être ensemble, ici, maintenant, sans avenir ni passé. Juste nous et le monde, tout est simple, tout est possible.

HEAVEN • DarkromanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant