Chapitre 51

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Il courait, ses pas résonnaient dans les décombres de la ville, un paysage de désolation qui l'enveloppait à chaque foulée. L'apocalypse s'était abattue il y a seulement quelques jours, mais déjà, tout semblait irréversiblement changé. Les maisons autrefois pleines de vie étaient désormais des ruines béantes, des murs effondrés et des fenêtres brisées. Des voitures jonchaient les rues, abandonnées, renversées, comme si leur présence avait perdu tout sens en un instant. Comment tout ce qu'il avait connu, tout ce qu'il aimait, avait-il pu disparaître si brutalement, d'un claquement de doigt ?

Il avait tout perdu, mais pour l'instant, il ne pouvait se laisser consumer par le chagrin. Il ne pensait qu'à une chose : obtenir des réponses. Des réponses que sa femme avait cherchées jusqu'à son dernier souffle, payant de sa vie le prix de cette quête. Il sentait encore sa présence, son ultime sacrifice le poussant à continuer là où elle s'était arrêtée. Alors, il courait, l'espoir fou de ne pas être trop tard brûlant en lui.

Enfin, il arriva devant la maison qu'il cherchait. Légèrement abîmée, ses murs noircis par la fumée et des fissures lézardant la façade, mais contrairement à tant d'autres autour, elle tenait encore debout, comme un dernier rempart de résistance face à la destruction environnante. Cette vision d'un refuge précaire raviva sa détermination. Il prit une grande inspiration, tentant de calmer les battements frénétiques de son cœur. Derrière cette porte se cachaient peut-être les réponses qu'il avait tant cherchées, les vérités pour lesquelles sa femme avait risqué sa vie.

Arrivé devant la porte, il remarqua immédiatement qu'elle était entrebâillée. Un frisson lui parcourut l'échine, et son cœur s'emballa alors qu'il restait figé, hésitant à entrer. Des bruits étouffés s'échappaient de l'intérieur, une présence indéfinie troublant le silence pesant de la ville dévastée. Qui pouvait bien être là ? se demandait-il, la méfiance éveillée. Il savait qu'il ne restait plus beaucoup de survivants dans cette région, alors qui pouvait s'intéresser à cet homme sans réelle importance... à moins qu'il ne soit là pour une raison bien précise, à moins que cette personne connaisse ce qu'il représente réellement.

Il se demanda s'il ne devrait pas faire demi-tour, mais la soif de réponses et le souvenir de sa femme le poussèrent à rester. Il avança lentement vers le seuil, l'oreille tendue, tentant de capter des bribes de conversation ou d'activités qui pourraient lui donner un indice. La tension dans l'air était palpable, comme si cette rencontre allait marquer un tournant décisif.

Il tendit l'oreille, et les mots parvinrent à peine, mais ils suffirent à le glacer. La voix de l'homme qu'il cherchait était emplie de fureur et de défi.

« Va te faire foutre, Kaos. Tu as déjà détruit 70 % de la population, est-ce que ça ne te suffit pas ? Nous aurions dû faire confiance à nos rois, à ceux qui... »

La suite se perdit dans le brouhaha de ses propres pensées et de la panique qui s'emparait de lui. Ses mains devinrent moites, ses doigts tremblants s'agrippant à sa bouche pour étouffer sa respiration nerveuse. Chaque muscle de son corps était tendu, prêt à fuir, mais ses jambes, paralysées par la terreur, refusaient de bouger.

Kaos... ce nom résonnait en lui comme un écho sinistre, lointain et pourtant familier. Il l'avait déjà entendu, murmuré par sa femme avec une lueur de peur dans les yeux, juste avant qu'elle ne s'éteigne. À l'époque, il avait refusé d'y croire, s'accrochant à l'espoir que ses paroles étaient simplement le fruit d'un esprit tourmenté. Mais maintenant, face à la réalité brutale, il ne pouvait plus fuir l'évidence. Tout ce qu'elle avait prédit, tout ce qu'elle avait tenté de lui faire comprendre, était donc vrai.

Chaque détail de cette tragédie lui revenait en mémoire. Ce n'était pas seulement une apocalypse aveugle, mais le résultat des actions d'une entité, Kaos, qui tirait les ficelles derrière le rideau. La vérité, sans qu'il ne l'ait cherchée, venait à lui comme un coup du sort, lui révélant ce qu'il avait tenté de fuir.

Ostru: Fragments d'un Monde DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant