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Slavko resta un instant planté là, les poings serrés, sentant le regard du marchand encore brûlant sur sa nuque. Quel paradoxe de perdre son sang-froid, pour un guide qu'il connaissait à peine. Ce n'était pas tant le petit homme qu'il cherchait à défendre, mais plutôt les souvenirs qu'il lui évoquait. Pourquoi le genre humain avait-il évolué en quelque chose d'aussi laid ?

Le colosse, déjà à cran, fit un pas en arrière pour observer la scène : le marchand, son fils au regard benêt et la cliente à la mine dégoûtée, n'avaient pas cessé de jeter des coups d'œil dans leur direction. « Quel charmant petit spectacle que voilà », pensa-t-il, gagné par une fièvre nouvelle. Ils semblaient tous croire que l'humiliation publique de son guide était un divertissement comme un autre et que personne ne s'opposerait à eux. Un sourire amer se forma au coin de ses lèvres : ils se trompaient.

Devant le stand, la cliente s'agita quelque peu. Son visage couvert de crasse pâlissait à vue d'œil, mais elle ne fit pas profil bas pour autant. Elle prit soin de reculer d'un pas, avant de s'adresser à Slavko.

— Qu'est-ce tu nous veux, l'étranger ? positionna-t-elle avec tracas.

Au même titre que son guide, Slavko n'était apparemment pas le bienvenu. Le marchand, maintenant derrière son comptoir, ne daignait même pas le regarder. Son attention était rivée sur son fils qui tentait maladroitement de réajuster une pièce sur le stand. Slavko s'approcha lentement, chaque pas soulevant un nuage poussiéreux. Le fils du marchand leva enfin les yeux et se figea sur place, ses doigts tremblants. Il lâcha un composant qui tomba au sol avec un bruit sourd.

— Qu'est-ce que tu veux, toi ? grogna la voix méprisante du marchand.

Slavko s'arrêta à quelques centimètres du comptoir, dominant le vieil homme de toute sa hauteur. La cliente, quant à elle, recula légèrement, sentant la tension grimper. Sa main serra convulsivement un sac à moitié vide. Elle semblait regretter ses paroles et ne voulait clairement pas participer à la suite des événements.

Un sourire prédateur s'était glissé sur les lèvres de Slavko, tandis qu'une étrange lueur faisait briller l'azur de ses yeux. Une soudaine envie le prit aux tripes. Il pourrait les annihiler, les faire disparaître de la surface du globe, les écraser tels les cafards qu'ils étaient. Le marchand trapu s'empourpra, pendant que ses sourcils dessinaient une grimace sur son visage.

— Il y a un problème, le plouc ? dit Slavko d'une voix basse et menaçante.

Le marchand le dévisagea un moment, puis son regard se durcit. Derrière lui, son fils eut un mouvement de recul. La cliente, prise de panique, fit un pas de côté pour se fondre dans la foule. Elle voulait se tenir à l'écart de ce qui allait suivre, tout en gardant un œil anxieux sur la situation. Slavko ne lui prêta aucune attention, son regard fixé sur le vieil homme dont la bouche s'était tordue en une moue de défi.

— Je t'ai dit de faire attention où tu mets les pieds ! J'vois pas en quoi ça pose problème !

Le silence qui suivit fut encore plus poignant. Les autres marchands voisins avaient suspendu leurs activités pour observer la scène. Dans leur zone, le brouhaha s'était fait moins intense et la tension dans l'air avait grimpée en flèche. Avec une vitesse déconcertante pour sa carrure, le colosse se pencha vers eux, ce qui fit sursauter le petit groupe. Slavko tendit une main massive et attrapa soudainement le col du fils, le soulevant du sol comme il le ferait avec une poupée. Le garçon se débattit faiblement, ses pieds battant l'air d'une façon pitoyable.

— Attention à ce que tu dis, péquenot de mes deux, lâcha Slavko, sa voix vibrante de menace. Parce que la prochaine fois, c'est toi que je soulève.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 09 ⏰

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