Chapitre 14 : Une ombre parmi les ombres

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Deux semaines après la rencontre tendue avec Tyler Bennett dans son bureau, Effie vérifiait une dernière fois chaque détail de son plan. Ses années en tant qu'avocate spécialisée en droit des affaires à Londres lui avaient appris la valeur d'une préparation méticuleuse. L'héritage substantiel de son père, combiné à ses investissements précoces dans les cryptomonnaies en 2017 et son ancien salaire de senior partner, lui donnaient les moyens de ses ambitions.

La soirée à la Galerie d'Art de Valmont représentait l'aboutissement de six mois d'investigation minutieuse. Les preuves contre Charles Bennett avaient été collectées méthodiquement : des documents confidentiels obtenus grâce à un comptable repenti, des enregistrements fournis par une secrétaire écartée après vingt ans de loyaux services, des emails récupérés par un expert en cybersécurité qui avait exploité une faille dans le système désuet de Bennett Enterprises. Chaque source avait été généreusement récompensée via des comptes cryptos impossibles à tracer.

Son absence était stratégique : Elena Martel, sa couverture soigneusement construite, ne pouvait pas être présente lors de l'exposition du scandale. Un alibi en béton avait été mis en place - une conférence sur l'art contemporain à Londres, avec réservations d'hôtel, billets de train, et publications sur les réseaux sociaux programmées la montrant dans le Mayfair profitant de la capitale.

Le recrutement de James Morris s'était révélé plus simple que prévu. Le technicien audiovisuel de la galerie croulait sous 43 000 livres de dettes de jeu. Effie l'avait repéré lors de ses visites régulières au King's Arms, où il tentait de noyer ses problèmes dans la bière. La proposition de 50 000 livres, versées sur un compte offshore via une société écran basé a Dubaï, avait été rapidement acceptée.

L'installation du matériel nécessaire s'était faite sous couvert d'une mise à niveau du système audiovisuel de la galerie. La diffusion des preuves semblerait provenir d'une attaque sophistiquée, grâce à un script élaboré par un expert en cybersécurité qu'Effie avait recruté.

Depuis son appartement, Effie suivait quatre flux vidéo différents sur ses écrans.

La lumière tamisée des lustres créait une ambiance feutrée, se reflétant sur l'installation centrale - un assemblage provocant de miroirs brisés et de néons signée par un artiste contemporain controversé.

Charles Bennett paradait au centre de la pièce, ignorant que ses années de malversations allaient être exposées. Les preuves étaient accablantes : des virements vers des comptes suisses, des arrangements avec des politiciens locaux, des pots-de-vin déguisés en donations à des œuvres caritatives.

Tyler, en retrait dans son costume impeccable, scrutait la foule. Les rumeurs d'enquêtes qui circulaient depuis quelques semaines l'avaient rendu nerveux, mais il était loin d'imaginer l'ampleur de ce qui se préparait.

À vingt-deux heures précises, la séquence s'enclencha. Les lumières baissèrent graduellement, la musique s'arrêta. Le mur blanc principal s'illumina. Les preuves défilèrent : relevés bancaires, emails compromettants, transcriptions d'appels...

Le message de Ghost apparut : "Charles Bennett, votre règne sur Valmont touche à sa fin. Pendant des années, vous avez manipulé, corrompu et exploité cette ville pour votre profit personnel. Ce soir, vos crimes sont exposés à la lumière. Les preuves ont déjà été transmises aux autorités compétentes. Considérez ceci comme le premier acte de votre chute.

•       Ghost"

Lady Pembroke, qui observait la scène en sirotant son champagne, laissa échapper un rire ravi. "Oh, comme c'est délectable ! Notre mystérieux Ghost frappe encore. Ces derniers mois ont été d'un divertissement exquis, mais s'attaquer aux Bennett... quelle audace !"

Le maître des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant