Ostru: Fragments d'un Monde Déchu

Chapitre 52

Le silence était presque tangible, lourd et tendu. Chaque membre de l'équipe fixait John, leurs regards pénétrants, scrutant son visage, cherchant une étincelle de vérité dans ses yeux. À cet instant, ils étaient tous suspendus à ses lèvres, chaque mot qu'il dirait avait le pouvoir de les apaiser, de les trahir, ou de les condamner. Leurs cœurs, vulnérables, semblaient battant dans la paume de sa main, confiés à lui avec un mélange de crainte, d'espoir et de colère sourde.

John, bien qu'impassible en apparence, sentit la pression monter en lui comme une marée lente mais irrésistible. Il savait que chaque mot qu'il prononcerait scellerait bien plus que leur confiance : il marquerait peut-être une ligne de non-retour.

Pour Dona, c'était comme un coup de poignard, mais d'un genre qu'elle n'avait jamais imaginé. Elle avait déjà éprouvé la perte, trop de fois, mais la trahison ? Jamais. Et venant de John, la personne en qui elle avait placé une confiance aveugle, une loyauté indéfectible... Cela la brisait avant même qu'il n'ait pu s'expliquer. Le poids de cette découverte écrasait son cœur, écrasait tout en elle, et les larmes qu'elle tentait de retenir brûlaient au bord de ses paupières. Pourtant, elle restait immobile, les yeux fixés sur lui, incapable de détourner le regard. Elle attendait malgré tout une explication, espérant, au fond d'elle-même, qu'il puisse effacer, d'un seul mot, toute cette douleur, qu'il puisse renverser l'inacceptable.

Itani, elle, fixait John avec un regard lourd de questions, les mains crispées, comme si elle essayait de contenir la déception qui bouillonnait en elle. Quant à Nim, il luttait pour ne pas laisser sa rage exploser, ses poings serrés, son souffle court, mais son silence en disait long. Chacun, dans cet instant suspendu, se trouvait en équilibre entre la colère, l'incompréhension et cette mince lueur d'espoir que l'explication de John pourrait, d'une manière ou d'une autre, adoucir le choc.

Les secondes s'étiraient, et dans cette attente, le silence entre eux prenait une intensité douloureuse, comme une plaie ouverte que personne n'osait toucher.

John remarqua immédiatement les yeux brillants de Dona, et un pincement glacé traversa son cœur. Il s'était toujours promis de ne jamais lui faire de mal. Jusqu'à présent, il avait tenu cette promesse, veillant sur elle comme sur sa propre famille. Mais il n'aurait jamais imaginé qu'un jour, ce serait lui qui lui briserait le cœur.

En cet instant, plus qu'en tout autre, Dona avait besoin de lui. Elle venait de perdre Kerk, et son monde déjà ébranlé basculait de nouveau sous le poids de cette révélation. John savait combien elle lui faisait confiance, combien elle s'était appuyée sur lui pour tenir bon malgré les épreuves. Il ressentait cette douleur, un poids oppressant qui le poussait à vouloir tout réparer, à effacer cette expression de souffrance de son visage. Mais les mots semblaient insuffisants face à l'ampleur de la trahison qu'elle ressentait.

Un instant, il voulut lui tendre la main, la rassurer, mais il se ravisa. Ce n'était plus le moment pour les gestes, mais pour les vérités, aussi dures soient-elles. Il devait enfin lui donner ce qu'elle méritait depuis toujours : une explication sincère, une vérité pleine et entière, même si elle risquait de le rejeter pour cela.

Il prit une respiration, sentant le regard de toute l'équipe posé sur lui, et plus particulièrement celui de Dona, encore plein de douleur mais avide d'entendre enfin cette vérité qui leur échappait depuis si longtemps.

Avant même de commencer à s'expliquer, John se tourna vers Mia, un regard lourd de sens, lui demandant silencieusement de leur laisser un peu d'intimité. Elle comprit immédiatement, mais ne put s'empêcher d'ajouter sa touche personnelle, sa voix pleine de malice.

« Un plaisir de te retrouver, chef, » dit-elle, un sourire taquin étirant ses lèvres. Elle savait parfaitement ce qu'elle faisait, et son effet fut immédiat : les regards des membres de l'équipe se crispèrent, chacun réagissant différemment, mais tous unis dans la même confusion et incompréhension.