16. Friandises

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Une semaine depuis qu'il m'avait mis en garde, une semaine que je ne cessais de tourner en boucle. Que savait-il ? Avait-il diffusé ce qu'il savait ? Disposait-il des vidéos qui s'étaient retrouvées sur les réseaux ?

Je poussai la porte de mon bureau et m'affalai sur le canapé. Je m'étais promis d'en parler au moins à Sophie, mais chaque fois que j'essayais, quelqu'un venait nous interrompre. Peut-être aussi que je n'avais essayé que trois fois, malgré l'importance des propos qu'il avait tenus.

Je passai une main sur mon visage et soupirai en réalisant que je n'avais pas mangé de déjeuner. Par habitude, je tendis la main pour prendre une poignée de bonbons mais ne rencontrai que du vide. Je regardai la table basse en face de moi et me levai. Manger n'importe quoi ne calmerait pas ma faim.

C'est pour ça que je vais chercher des chips.

J'eus à peine le temps de faire trois pas vers l'armoire qu'on toqua à la porte.

- Entrez !

La porte s'ouvrit, et je ne pus retenir une grimace au couinement de la porte.

- Prisca ? Qu'est-ce qui t'amène si tard ?

- Ah, je te dérange ? me demanda-t-elle alors que je mettais la main sur des bonbons.

- Non justement j'allais prendre la pause snack, dis-je en sortant des friandises.

Je savais très bien que manger du sucre en aussi grande quantité finirait par envoyer ma santé dans un mur, mais j'étais trop fatigué et stressé pour avoir envie de m'en soucier. Lorsque je retournai au canapé, elle y était déjà assise, visiblement préoccupée.

- Une mauvaise nouvelle à m'annoncer ? demandai-je d'un ton détaché, malgré la boule qui était en train de se former dans mon estomac.

Elle me scruta quelques instants puis redirigea son regard vers la table basse et sourit en voyant les bonbons.

- Sérieusement ? fit-elle, amusée. Tu crois pas que t'en as déjà assez mangé comme ça ?

- Jamais assez de schtroumpfs.

Je me forçai à n'en prendre que deux. Bonbons ou pas, ce n'était pas ce qui allait apaiser la faim qui me tenaillait le ventre.

- T'as pas mangé ce midi toi.

- Non. Je... j'ai oublié.

Elle leva les yeux au ciel et prit un bonbon à son tour.

- Tu me critiques mais tu fais pareil, dis-je.

- J'en suis pas à un paquet par jour monsieur le Premier Ministre, répliqua-t-elle.

- Ça va, je suis à un demi-paquet... rouspétai-je.

Elle jeta un coup d'œil au paquet et arqua un sourcil.

- Ça fait toujours cent grammes.

J'haussai les épaules et m'assit à mon tour. Je me sentais trop agité pour tenir en place, mais trop fatigué pour avoir la force d'arpenter mon bureau.

- T'as l'air ailleurs ces temps-ci, finit-elle par dire.

Je ne répondis pas et fixai le paquet de friandises sur la table.

- Ça va ?

Pendant un instant, l'envie de tout lui raconter me prit. De ce soir-là jusqu'à maintenant, sans épargner aucun détail.

- Oui pourquoi ?

- Parce que depuis qu'il t'a parlé, t'es... dans le vague.

Je me mordis la lèvre. Moins elle en savait, mieux je me portais. Même si nous étions amis avant d'être tous les deux ministres, je ne pouvais pas me permettre de tout dire à tout le monde.

Attention (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant