Chapitre 12 : «Famille»

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Maiko Takeda

Le même jour, 19h40 - Quartier du haut - Maison de Maiko

"すきだ"

"Je t'aime"

Ces mots, écrits par Taki sur la main de Mitsuha dans le film Your Name, avaient toujours eu un impact profond sur moi. Makoto Shinkai possédait indéniablement un talent pour transmettre les émotions de ses personnages à travers ses films.

Assise sur mon canapé dans le noir, un pot de glace à la main, l'écran de la télévision était la seule source de lumière dans la pièce. Je savourais ce film comme si c'était la première fois que je le regardais.

Je ne m'en lassais pas. Cette histoire me captivait toujours autant.

En découvrant ce film il y a quelques années, j'avais pris conscience de la notion de destin, magnifiquement représentée par un fil rouge. Mitsuha le portait dans ses cheveux sous la forme d'un cordon rouge, avant de le donner à Taki, scellant ainsi leur lien.

La légende racontait que les personnes destinées à se rencontrer étaient liées par un fil rouge invisible attaché à leur petit doigt. Il pouvait s'étirer ou s'emmêler, mais il ne se cassait jamais.

Connaissant cette légende, je me demandais pourquoi je rêvais constamment de ce fil rouge. Dans mes cauchemars, il n'était ni attaché à mon petit doigt, ni invisible. Il surgissait devant moi lorsque j'en avais besoin, sortant de mon ventre pour me lier à une personne dont je ne connaissais pas l'identité.

"Suis le fil rouge, il te sauvera."

Qui était donc cette personne que j'étais destinée à rencontrer ? Celle qui pouvait me sauver ?

J'espérais un jour pouvoir aller au bout de ce cauchemar pour en avoir la réponse. En attendant, cette histoire de fil du destin me plaisait bien. J'aimais penser que les personnes qui m'entouraient n'étaient pas là par hasard.

Qui aurait eu l'idée de s'asseoir sur ce banc, au fond de la cour de récréation, sinon ?

Alors qu'un léger sourire apparaissait sur mes lèvres, un son en direction de la porte d'entrée attira mon attention. Je pensais avoir halluciné, car il était fréquent d'entendre des bruits dans la maison, mais cette fois-ci, la porte était clairement en train de s'ouvrir.

Mon sourire disparut. Il n'y avait qu'une seule personne qui pouvait l'ouvrir avec une clé.

Elle est de retour...

Je n'étais pas surprise, ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne refasse surface, six mois s'étant écoulés depuis sa dernière visite.

Les lumières de l'entrée s'allumèrent, mais je décidais de ne pas y prêter attention. Ce n'était pas comme si j'allais me lever du canapé pour la saluer. Mon film était bien plus intéressant.

Je l'entendis enlever ses chaussures, puis elle entra dans le salon. Bien que derrière moi, je pouvais deviner ses actions en écoutant ses pas. Elle passa devant la cuisine ouverte, déposa quelque chose sur la table à manger, avant de se rendre devant le frigo et d'en ouvrir la porte. Une fois refermée, elle vint tirer une chaise pour s'y asseoir.

Depuis la table à manger, elle pouvait me voir, assise sur le canapé, fixant l'écran de la télé.

– Tu regardes encore ce film ? T'en a pas marre ? demanda-t-elle en ouvrant une canette.

Qu'est-ce que ça peut te faire ?

Elle savait que je regardais ce film tout le temps, mais ignorait que c'était mon préféré. Peut-être qu'elle n'était pas très intelligente, ou alors elle s'en fichait de moi, ce qui était probablement le cas. Et c'était réciproque.

Le Fil RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant