Chapitre 22 : Lucifer

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J'ai besoin de souffler. J'étouffe. J'ai besoin d'oxygène. Tout ce que je ressens est contradictoire et ça part dans tous les sens. Rien ne s'aligne droit, tout me paraît flou. Les parents sont morts. Je suis le seul tuteur légal de Michel. Je suis prêt à tout ça, je l'ai toujours été car j'ai toujours fait comme si c'était le cas, mais là ça va beaucoup trop vite. Je viens à peine de récupérer la baby-sitter qu'on doit déjà organiser un enterrement et que je signe un nombre incalculable de papier. Je croyais que le jour où ça serait Michel et moi contre le reste du monde ça serait parce que je l'ai emmené à sa majorité, pas parce qu'on perd nos géniteurs.

Et merde comment on gère la tristesse d'un gosse ? Putain heureusement qu'elle est là parce que je ne sais pas comment j'aurai fait. Je sais qu'actuellement elle est avec Michel, qu'il ne manque pas d'amour et qu'elle répondra à toutes ses questions comme il faudra, car j'avais beau détester l'idée qu'elle vienne, elle a le petit cœur de mon frère dans sa poche et j'ai confiance dans sa manière d'en prendre soin.

Mais il y a aussi ce truc. Après son agression, rien n'a plus été comme avant. Parce qu'avant, on ne s'était pas embrassés. Plusieurs fois. Le plus horrible est que dès que je la vois, je ne vois que sa bouche, que ses putains de lèvres qui m'ordonnent de manière insolentes de les baiser et ça c'est la chose la plus frustrante que j'ai vécu. Son corps se dandine dans cette baraque comme si tout allait bien alors que moi j'ai les yeux fixés sur ses putains de fesses et ses putains de seins. Je sais ce qu'il se cache en dessous de ces fringues. C'est bien ça le problème : je sais et c'est bandant à souhait. Ok je déraille, je suis en manque de sexe c'est surement pour ça.

Je souffle en m'affalant dans mon fauteuil. J'ai mal au crâne. Les avocats vont tout faire pour que personne ne me mette de bâton dans les roues au niveau de la garde du petit. Le notaire fait tout pour nous faciliter l'héritage. Et Crow m'aide avec l'enterrement. On toque. J'autorise la personne à entrer et j'ai regretté à la seconde où sa petite tête à passer l'embrasure.

-Je ne te dérange pas ?

-Qu'est ce que tu veux ?

Je lui fais signe d'entrer entièrement ce qu'elle fait et je regrette une seconde fois. Putain, facilite moi encore moins la tâche Anastasia. Elle est habillée d'un short noir qui retrace la courbe de ses hanches avec un débardeur me mettant ce que je désire sous le nez. Elle me laisse aussi voir ses cicatrices sur ses cuisses. Elles en sont recouvertes : des dizaines de lignes boursouflées qui zèbrent sa peau diaphane.

-Je voulais te parler, me dit-elle les mains dans le dos comme si elle avait fait une bêtise.

Je me lève et je sais qu'elle stresse. Ses dents trouvent sa lèvre inférieure presque instantanément, lui arrachant de la peau. Je contourne mon bureau et je m'adosse à celui-ci en lui faisant face. Rien ne nous sépare maintenant.

-Je t'écoute.

-Je ne veux pas m'immiscer dans ce qui ne me regarde pas et je ne veux pas non plus te donner d'ordre, ok ? Je veux juste savoir.

-Tu veux savoir quoi Anastasia ? Je lui demande en appuyant bien sur son prénom que j'adore.

-Ce que tu as prévu pour la protection de Michel.

Je hausse les sourcils. Je m'attendais à bien des choses, comme l'argent pour son travail que mes parents devaient lui verser début août, ou encore me demander de lui payer des séances de psy pour soigner le traumatisme qu'elle a dû vivre en se faisant kidnapper.

-Pardon?

-Il s'est fait enlevé comme s'il n'était pas quelqu'un d'important alors je te demande ce que tu comptes faire maintenant.

The Baby Sitter Of The Devil's BrotherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant