Note auteur :
Ces interludes sont tout nouveaux (selon quand vous vous lancez dans l'histoire, ajoutés à partir de 11/24), mais en avançant dans mon histoire, je me suis rendu compte qu'on découvrait très peu la vie sous les mers et que certains enjeux n'apparaissaient que tard dans le récit. Une fois l'histoire terminée, je les intégrerai proprement comme de vrais chapitres. En attendant, ils seront publiés en même temps que la trame principale et serviront à l'enrichir et éclaircir certains enjeux. Désolée pour la confusion et j'espère que ces petits moments sous l'océan vous plairont !
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— C'est ici que nous avons l'une des sculptures les plus anciennes jamais retrouvées. Malgré l'érosion de la stalagmite, on peut encore deviner les nageoires et, ici, la dorsale d'un dauphin. Et si vous observez attentivement le sol...
Aria força ses yeux à rester ouverts alors qu'un cri silencieux hurlait dans son esprit. Cela faisait plus d'une heure qu'elle errait dans cette caverne à la suite d'un guide et d'une horde de touristes qui gobait ses paroles comme du plancton. Une partie de son esprit ne cessait de se demander ce qu'elle faisait ici pendant qu'une autre se chargeait de lui répondre platement : comme tout ce qu'elle faisait dans sa vie, elle obéissait aux consignes de son père.
Il l'avait envoyée dans ce trou perdu qu'était Orleon, comme représentante de la famille royale, pour l'inauguration de leur nouvelle ferme dédiée à l'élevage de poissons lunes. À ce qui était déjà le comble de l'ennui s'était ajoutée cette visite de la grotte la plus ancienne des mers. Une recommandation de son père, encore.
Dernière fille d'une fratrie de six, Aria se rendait bien compte qu'elle était celle dont on se fichait. Ses aînées avaient toutes un rôle important et bien défini ; alors, si une quelconque mission de basse importance se présentait, on l'envoyait, elle. Aria trépignait. Pourtant, elle avait reçu la même éducation que ses sœurs. Elle aurait pu faire tellement plus !
Quand leur guide les invita à découvrir une autre salle, leur informant par la même occasion qu'ils n'avaient atteint que la moitié de la visite, Aria hésita à flotter face contre plafond pour jouer la morte.
Elle endura malgré tout la dernière heure de cette visite avant de retrouver son hôtel. Elle disposait de son propre champ d'anémones individuel, et elle alla se lover entre les plantes, fatiguée de cette longue journée d'ennui. Son esprit s'égara quelques heures avant que son estomac ne la ramène à l'instant présent. Son père lui avait déconseillé d'errer dans la ville à la nuit tombée et de rester sagement dans les prémices de l'hôtel, qui disposait de son propre restaurant.
Aria déroula le fil de sa journée : l'interminable attente pour l'inauguration de la ferme, tous ces vieux scientifiques barbants qui lui avaient expliqué en long et en large le fonctionnement de celle-ci, et cette visite ennuyeuse. Avec une moue déterminée, elle quitta l'hôtel pour onduler dans les rues de la ville. La nuit était tombée depuis plusieurs heures, le soleil ne perçait plus sous la surface. À la place, toutes les tours de corail étaient illuminées grâce aux incrustations d'extraits de méduses lumineuses dans leurs parois. Entre chaque bâtiment, le sable était parsemé d'algues luminescentes.
La ville était petite, trop petite pour disposer de super-courants qui auraient permis à Aria de se propulser d'un bout à l'autre. Elle devrait soit héler un dauphineur, ou, moins coûteux, un tortuerier, soit se déplacer à la force de sa queue. N'ayant pas de but précis, elle décida d'errer à sa guise. Elle passa devant plusieurs restaurants et s'arrêta enfin devant l'un d'eux, dont la devanture exposait des bocaux hermétiques remplis de fruits, de noix, et même de fromage terrestre. Bien que le goût des aliments retravaillés par les chefs ondins soit bien moins savoureux qu'à la surface, Aria raffolait de ces produits. L'un de ses endroits préférés dans la capitale était d'ailleurs un restaurant tenu par une ondine dont le sidi pouvait créer des bulles d'air autour des tables, garantissant une expérience proche de celle qu'on trouverait sur terre.
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Écume d'été
Fantasi[Romantasy] *Une réécriture de La Petite Sirène aux saveurs de l'Orient.* Shae est une ondine qui, pour échapper à un destin funeste, a échangé ses souvenirs contre une paire de jambes. En quête de liberté, elle arrive à Jivaran, où une cérémonie ro...