Black Coats #1 : Improductifs

Chapitre 18

« Les FPR sont en route, informe Big Boy, nerveux. Ils avaient déjà reçu des appels des résidents signalant des tirs. Je leur ai juste donné l'info pour le trafic au 512.

— Parfait, répond simplement Marie, concentrée sur l'habitante qu'elle tente de calmer.

— Faut qu'on dégage avant que les autres cafards rappliquent, gronde Bloodlust en s'approchant des deux femmes.

— L'ascenseur est une condamnation à mort. Il faudra descendre par les escaliers. »

Montaigne s'efforce de rassurer la jeune mère, seule capable d'ouvrir la porte principale assez vite pour leur permettre d'atteindre le hall avant leurs assaillants. En proie à une crise de panique, cette dernière est incapable d'articuler une phrase cohérente, ses mots se brisant en balbutiements entrecoupés de respirations erratiques. Ce spectacle convulsif vient rapidement à bout de la patience, déjà érodée, du Seth'Ka. Sans ménagement, il lui saisit la nuque d'une main ferme, ses longs doigts parvenant presque à faire le tour de son cou, et la tire vers l'entrée.

« Ouvre cette putain de porte maintenant, ou, je jure devant Seth, je fais deux orphelins. »

Un simple regard échangé avec ses enfants suffit à lui rendre ses esprits. Tremblante, elle s'avance d'elle-même vers le panneau lumineux, suivie de près par les trois équipiers.

Marie, de son côté, ne peut s'empêcher de surveiller le loup du coin de l'œil, un poids grandissant dans la poitrine. La violence latente qu'il dégage l'inquiète. Jusqu'où pourrait-il aller si sa colère venait à le submerger ?

« Il y a un escalier à chaque angle du bloc, et le plus proche est sur la gauche, dit-elle finalement, comme pour ramener le focus sur leur plan.

— Donc, c'est de là qu'ils vont arriver depuis le cinquième, anticipe Trouble en dégainant son Suna pour la première fois depuis le début de l'intervention.

— Va pour la droite, alors, tranche Bloodlust. »

D'un geste décidé, la résidente active l'ouverture de la porte avant de rejoindre ses enfants, qu'elle serre contre elle avant de s'éclipser. L'agitation qui règne dans le bloc monte jusqu'à eux, portée par l'acoustique de l'espace central. Des voix, des bruits de pas pressés, et des échos déformés résonnent comme une vague menaçante.

Les oreilles de Bloodlust perçoivent un mouvement rapide provenant de la coursive, sur la gauche. Il charge son arme d'Essence, le regard sombre et concentré.

« Vous sortez seulement quand je vous le dis, commande-t-il sèchement à ses équipières qui acquiescent d'un signe de tête.

— Big Boy, Deadeye, on a besoin que vous sécurisiez la sortie des escaliers, ordonne Montaigne. Elle débouche au bout de la ruelle où était Trouble.

— Reçu, répond Big Boy d'un ton tendu. Mais c'est là où... »

Sa phrase reste en suspens, l'appréhension nouant sa gorge. Livré à lui-même sans le soutien de sa partenaire Sekhmet'Ka, le poids de la responsabilité l'écrase. Pourtant, malgré le doute, il trouve la force de se ressaisir. Déterminé, il rabat sa capuche et sort du véhicule.

Au même instant, Bloodlust ouvre brusquement la porte et se décale pour obtenir une ligne de vue sur la gauche. Une poignée d'individus armés s'élancent dans leur direction, à seulement trois appartements d'eux. Il a l'initiative. Sans perdre une seconde, il presse la détente et fauche un premier adversaire d'un tir précis.

Une rafale de balles s'abat aussitôt sur lui, en riposte, martelant l'encadrement bétonné de la porte. Le matériau cède par endroits, projetant éclats et poussière sur le pas de l'entrée. Sous ce déluge, le Seth'Ka se replie partiellement et tend son bras pour tirer à l'aveugle une seconde salve d'Essence. L'instinct fait mouche : un des assaillants hurle de douleur, touché à l'épaule, tandis que les autres se réfugient dans les renfoncements des appartements voisins.