Recueil de nouvelles - Science-Fiction

Escale de commandos

Dans un petit bar miteux perdu aux confins d'une station d'arrêt interstellaire, Jaxson et Fransix savouraient des verres au contenu indéterminé. Leurs uniformes légèrement froissés, témoins de leur récente mission, dénotaient au milieu des habitués, qui préféraient détourner les yeux. Jaxson, avec son sourire en coin, lança :

« Tu te souviens d'Erebus-9, là où j'ai failli finir en purée de commando dans cette foutue station minière ? On y croyait à peine, mais ce gros tas de ferraille de Cyb3000 a presque... presque réussi à m'aider sans péter un boulon. »

Fransix sourit avec un air de fausse innocence, en sirotant tranquillement son verre.

« Ah, je me souviens bien. Ton Cyb, il a failli t'assommer avec une de ses instructions non ? Genre "Évitez l'effondrement imminent" après que le plafond t'ait déjà frôlé la tête ? »

« T'étais pas là, tu peux pas comprendre. Il m'avait soi-disant prévenu, mais à sa manière : robotique, laconique, complètement inadaptée pour une situation de survie. Le jour où Cyb se mettra au tact, je jure que je l'emmène dîner ! »

Fransix éclata de rire. « Moi, je me plains pas trop du mien, Cyb3000. Il a le don de l'euphémisme. Tu te rappelles la mission sur Amara-7, où il a juste signalé un "dysfonctionnement léger" en plein milieu de l'assaut rebelle ? Alors qu'en réalité, mon fusil était sur le point d'exploser ! »

« Sérieux ? "Dysfonctionnement léger" ? P'tain, c'est de famille chez les Cybs, ces trucs... »

Ils éclatèrent de rire en trinquant. Mais après un moment de silence, Fransix, plus sérieux, posa son verre.

« On plaisante, mais t'as jamais pensé à... je sais pas, peut-être mettre un peu de côté pour toi, Jaxson ? Passer un peu moins de temps à courir d'un bout à l'autre de la galaxie ? »

Jaxson haussa un sourcil. « Hé, ça va, tu t'es pris pour ma mère ? On est des commandos, pas des jardiniers. C'est soit l'adrénaline de la mission, soit l'ennui complet. En plus, on a pas trop le choix, la Confédération a besoin de nous. »

« Peut-être, mais on a quand même notre mot à dire. J'ai croisé Ena l'autre jour, tu te souviens d'elle ? Elle a quitté l'escouade pour aller bosser en freelance. Elle me disait que la vie civile, c'est autre chose. On peut prendre des missions à la carte, sans ces obligations débiles. Elle a même adopté un mini-terrapin... »

Jaxson eut un rire sarcastique. « Un mini-terrapin ? Par tous les soleils, elle se ramollit. Sérieusement, la vie civile... je sais pas si c'est pour nous, mec. Je veux dire, j'ai pas d'attaches, alors autant profiter de la baston. »

Fransix hocha la tête en silence, mais ses yeux trahissaient un peu de malice.

« On verra. En attendant, tu fais quoi de tout ce fric que tu te fais, hein ? Tu m'avais promis une tournée interstellaire d'alcool à trois distillations, non ? »

« Eh, faut d'abord que tu survives à la prochaine mission, frère, » lança Jaxson en levant son verre.

Ils trinquèrent encore, la conversation glissant sur leurs vieilles missions, des moments de bravoure , ou de ridicule. Fransix se rappelait de cette mission de sabotage en zone interdite où Jaxson avait piégé toute une escouade rebelle avec une boîte à musique volée, et Jaxson évoqua cette fois où Fransix avait convaincu son ACV de diffuser un message de paix au lieu de lancer une grenade.

« Hé, c'était stratégique ! Une diversion sonore. » répondit Fransix en levant la main pour se défendre.

« Mouais, comme ton sens de l'humour. » Jaxson fit un clin d'œil, prêt à enchaîner une nouvelle anecdote, mais son poignet émit soudain une vibration. Il jeta un œil.

« Cyb... m'envoie les infos pour la prochaine mission. Et t'as vu l'heure ?! C'est moi ou il choisit TOUJOURS les pires moments ? »

Fransix sourit. « Dis-toi que c'est sa manière de te montrer qu'il tient à toi. En tout cas, fais gaffe à pas finir en bouillie cette fois-ci. Tu sais que je serais là pour te le rappeler... »

Ils se tapèrent dans la main avec un sourire complice, chacun prêt à se lancer dans une nouvelle aventure, laissant le bar et leurs rêves inachevés, pour retourner là où ils étaient toujours les plus vivants : sur le champ de bataille.