Sous les néons de l'interdit

15

Zélia

Le vent frais de la voiture me faisait du bien. J'étais heureuse de quitter un peu l'atmosphère tendue du gang pour me concentrer sur autre chose, même si c'était juste pour une journée. Le lac, le soleil, et la bonne humeur de mes amis me changeaient l'esprit. J'avais l'impression que tout le stress accumulé pendant des semaines allait enfin se dissiper, juste pour quelques heures.

Louna, à côté de moi, chantait à tue-tête sur une chanson que je connaissais à peine, mais j'étais contente de la rejoindre. Peu importe les paroles, c'était l'instant qui comptait. Je me laissais emporter, comme une gamine, chantant fort, riant sans souci. J'avais oublié à quel point ça pouvait être agréable de faire ça, de laisser tomber les inquiétudes et simplement s'amuser.

De l'autre côté de la voiture, Diego et Lorenzo étaient dans le même délire. Leur rire résonnait à chaque parole fausse et chaque geste exagéré. La voiture était une explosion de joie, et c'était exactement ce dont j'avais besoin. Même si je n'avais jamais imaginé qu'Amos puisse se retrouver dans cette ambiance.

Je jetai un coup d'œil à Amos, au volant. Il semblait complètement indifférent à notre excitation, concentré sur la route. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. C'était typique de lui de ne pas jouer le jeu, mais ça ne m'arrêtait pas. J'avais décidé de le faire participer, même contre son gré.

Je me penchai un peu plus près de lui, chantant à pleins poumons juste à côté de son oreille.

— Allez, chante un peu avec nous, tu verras, ça soulage !

Il tourna la tête un instant, un regard que je n'avais pas vu venir, avec un petit sourire en coin. Ce sourire, putain, c'était comme un flash. Je n'avais pas prévu qu'il réagisse ainsi. C'était bref, subtil, mais il n'avait pas l'air de vouloir faire semblant de s'ennuyer avec nous.

Je continuai à chanter avec Louna, mais quelque chose avait changé. Puis, alors que la chanson continuait, je sentis un poids sur ma taille. Je m'étais penchée un peu trop près de lui, mais cette fois, c'était lui qui m'avait attirée vers lui. Il avait glissé son bras autour de ma taille, sans un mot. Le geste m'a un peu déstabilisée. Putain, Amos. Il n'était pas du genre à être affectueux, surtout pas en public, même devant ses amis.

Mais il ne semblait pas vouloir que je le remarque trop. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire, un peu gênée, mais je n'allais pas laisser ce geste me perturber. Je me concentrerai sur le reste. Alors je continuai à chanter, à m'amuser avec Louna, même si cette petite attention me restait dans la tête. Ce n'était qu'un moment, une brève faiblesse, et je n'allais pas m'y attarder.

Quand on arriva enfin au lac, l'air était lourd et chaud, et l'odeur de l'eau douce, mêlée à celle de la terre chaude, me donnait déjà un avant-goût de détente. Quand la voiture s'arrêta, j'étais presque impatiente de sauter dehors, de me libérer de cette pression qui me serrait le cœur depuis trop de temps. Diego et Lorenzo n'ont même pas attendu que la voiture s'arrête complètement avant de se précipiter hors de la voiture et de courir vers l'eau.

— Eh ben, eux, ils perdent pas de temps dis-je en riant, en voyant les deux idiots se jeter dans l'eau comme des gamins.

Louna et moi, on se contenta de rester tranquillement près de la voiture, sortant nos affaires. J'avais apporté une serviette, un sac de plage et un livre, bien que je savais déjà que je ne ferais probablement rien de tout ça. À la place, je me voyais plus en train de profiter de l'eau, du soleil et de l'ambiance.

Je levai les yeux un instant et aperçus Amos. Il avait allumé une cigarette, les yeux fixés sur ses deux amis qui se chamaillaient déjà dans l'eau, se lançant des éclaboussures, comme deux gamins qui venaient de découvrir la mer pour la première fois. Mais lui, il était tranquille, restant là à regarder, implacable, le bras posé sur la portière, comme s'il n'était pas du tout concerné par ce qui se passait autour de lui.