unstopable love (t/p)

6_une journee troublente

Le lendemain matin, je retournai en cours après une nuit passée sur le banc du lycée. Épuisée, je tentai de masquer les traces de fatigue, mais Hannah m’attendait, son sourire bienveillant et son énergie habituelle m'accueillant dès mon arrivée.

— Hé, (t/p) ! Pas trop en forme aujourd’hui… Tu as l’air complètement à plat, qu’est-ce que t’as fabriqué cette nuit ? me taquina-t-elle.

Je souris légèrement, espérant que ça détournerait son attention. Mais elle s’approcha et fronça les sourcils en remarquant la marque rouge sur ma joue.

— Dis, c’est quoi, ça ? Ta joue est toute rouge… T’es sûre que ça va ?

Je me raidis légèrement, cherchant une excuse rapide.

— Oh, ça ? Rien du tout, vraiment. Je me suis pris la porte de ma chambre en me levant ce matin, dis-je en riant nerveusement. Tu sais à quel point je suis maladroite !

Hannah plissa les yeux, visiblement peu convaincue, mais elle n’insista pas davantage.

— Mouais… Fais attention quand même, (t/p), répondit-elle d'un ton inquiet.

Pour lui faire oublier sa question, je lançai la conversation sur un sujet plus léger, et rapidement, nous avons retrouvé notre complicité. Parler avec elle m’apaisait toujours, et en dépit de mes soucis, je réussis à rire un peu en sa compagnie.

— Allez, viens, on va voir Monsieur Smith ! dit-elle d'un air taquin.

Quand nous sommes arrivées devant la salle d’art, Monsieur Smith n’était pas encore là. Dix minutes passèrent, et il finit par arriver, l’air légèrement pressé.

— Désolé pour le retard, dit-il en posant ses affaires sur le bureau. Aujourd’hui, on va approfondir le projet en reprenant certaines notions clés.

Il réexpliqua les détails du sujet pendant une demi-heure, avec la même passion que d’habitude, puis nous laissa travailler. Comme toujours, sa manière de parler rendait chaque sujet captivant, et malgré mon manque de sommeil, je réussis à me concentrer.

Un peu avant la fin du cours, il commença à faire le tour de la classe pour voir l’avancement de chacun. Lorsque son tour arriva à ma table, il sembla remarquer la marque sur ma joue. Il s’approcha et, baissant la voix, me demanda doucement :

— (t/p), tu pourrais passer me voir à la fin du cours, s’il te plaît ?

Un frisson me traversa, mais je me contentai de hocher la tête. Quand la cloche sonna, je dis à Hannah de ne pas m’attendre.

— Monsieur Smith veut parler de mon projet, vas-y, je te rejoins plus tard.

Elle acquiesça, bien qu’un peu perplexe, et quitta la salle avec les autres.

Restée seule avec Monsieur Smith, je sentis une certaine tension dans l’air, comme si quelque chose d’important allait se jouer. Il me regarda avec bienveillance, mais ses yeux exprimaient aussi une légère inquiétude.

— (t/p), je voudrais savoir… Que s’est-il passé avec ta joue ?

— Oh ! Ce n'est rien... je me suis pris la porte de ma chambre ce matin, j'étais encore endormie... dis-je sans grande conviction.

— (t/p)... Je…

La porte de la salle s’ouvrit soudainement. Madame Logan entra avec un sourire doux et aimable qu’elle réservait visiblement pour Monsieur Smith.

— Bonjour, Alejandro ! J’espère que je ne te dérange pas ? commença-t-elle d’un ton beaucoup plus chaleureux que d’habitude.

Elle lui adressa un sourire charmant, jetant à peine un regard vers moi, comme si je n’étais pas vraiment là.

— Pas du tout, Sophie, répondit Monsieur Smith avec politesse. Je parlais justement avec une élève, mais je peux te rejoindre dans un instant.

Madame Logan haussa les épaules, ses yeux brillants de bienveillance envers Monsieur Smith, avant de me lancer un regard plus froid.

— Oh, ce n’est pas urgent, vraiment… À bientôt, Monsieur Smith, répondis-je, avant de quitter la salle sans lui laisser le temps de me poser plus de questions.

À cet instant, je ressentis une étrange gêne. Voir Madame Logan s’adresser à lui avec tant de douceur et d’attention me fit un effet bizarre, bien que je ne comprenne pas pourquoi. Je les laissai seuls, elle et Monsieur Smith, ensemble dans la salle.

Je rejoignis Hannah et tentai d’oublier cette scène, bien que l’image de Monsieur Smith et Madame Logan me restât en tête. Nous avons continué notre journée de cours normalement,  notre dernier cours était avec Madame Logan, je fis de mon mieux pour rester irréprochable. Hannah évita même de me parler, devinant que je voulais éviter tout incident.

Mais malgré mes efforts, je sentais le regard de Madame Logan, attentif, prêt à sauter sur la moindre erreur. Heureusement, la journée s’acheva sans accroc, et je pus enfin retrouver un peu de calme.

— Salut, Hannah ! dis-je en la saluant avant de partir. On se voit demain.

Elle me fit un signe d’adieu, et je me dirigeai vers mon banc habituel. Ce soir, je n’avais pas le courage de rentrer chez moi. Je m’assis sur le banc, sortis mes cahiers et tentai de me plonger dans mes devoirs. Mais mes pensées retournaient sans cesse à Monsieur Smith et Madame Logan, à la manière dont elle lui avait parlé. Je ne savais pas pourquoi cela me troublait autant, mais je ne pouvais m’empêcher d’y penser.

Après un moment, la nuit tomba, et je m’allongeai pour essayer de dormir malgré le froid. À peine avais-je fermé les yeux qu’une voix familière me tira de mes pensées.

— Je savais que je te trouverais ici, dit doucement Monsieur Smith.

Surprise, je me redressai légèrement, cherchant ses yeux dans l’obscurité, sans savoir quoi dire.